Les antibiotiques critiques au Parlement européen - La Semaine Vétérinaire n° 1910 du 03/09/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1910 du 03/09/2021

Législation

PHARMACIE

Auteur(s) : Par Céline Gaillard-Lardy

Mi-septembre le Parlement européen décidera en séance plénière des critères de sélection des antibiotiques pour un usage humain exclusif, après une motion adoptée par la commission Envi. Le retrait de solutions thérapeutiques essentielles à la santé animale et publique pourrait être acté, avec des conséquences dramatiques pour le bien-être des animaux.

Le concept OneHealth est une réalité, mais il se heurte à de grands désaccords, à commencer par la question brûlante de la gestion de l’antibiorésistance. La profession vétérinaire est encore une fois désignée coupable de la montée de l’antibiorésistance, malgré les efforts réalisés en termes de réduction de consommation des antibiotiques1. Et la punition pourrait s’avérer bien sévère pour la santé et le bien-être animal, avec l’interdiction pure et simple d’antibiotiques essentiels.

En effet, la commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire (Envi) a rejeté, le 13 juillet dernier, l’évaluation scientifique de l’Agence européenne du médicament (EMA), de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), en approuvant une proposition de résolution s’opposant au règlement définissant les critères de désignation des antimicrobiens, dont l’utilisation chez les animaux sera interdite.

Une menace pour la santé publique

Côté vétérinaire, c’est la consternation. « Avec des inquiétudes fondées sur des croyances dépassées concernant l’utilisation abusive des antibiotiques dans le secteur animal et une interprétation complètement erronée des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, cette décision rejette les avis scientifiques de l’Union européenne et pourrait sérieusement compromettre la santé et le bien-être des animaux, ainsi que la santé publique et la sécurité alimentaire », a réagi la Plateforme européenne pour l’utilisation responsable des médicaments vétérinaires (Epruma). Conjointement, de nombreuses organisations professionnelles vétérinaires européennes n’ont pas manqué de réagir, avec le lancement de pétitions en ligne, très actives au vu du nombre de signatures déjà obtenues.

Avis médical défavorable

De leur côté, les médecins européens se félicitent des résultats de ce vote et « attendent maintenant de la session plénière du Parlement européen qu’elle confirme la décision de la commission Envi », comme l’affirme un communiqué du Comité permanent des médecins européens. « Les députés européens ont démontré leur engagement à préserver l’efficacité des antimicrobiens essentiels de dernier recours pour l’homme […] Nous devons tout faire pour éviter [qu’une situation dramatique] ne se produise. »

Tous les yeux sont donc tournés vers le prochain vote du Parlement qui devrait avoir lieu mi-septembre, avec de fortes attentes, malheureusement contradictoires. Malgré les efforts de la profession sur la consommation d’antibiotiques, en particulier dans le domaine de l’élevage, force est de constater que les vieux clichés perdurent dans l’opinion publique, chez les parlementaires et même chez nos « confrères » médecins. La communication n’aura vraisemblablement pas été à la hauteur des efforts consentis.

  • 1. Voir La Semaine vétérinaire no 1908, page 14.
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