L’ovariohystérectomie des bovins - La Semaine Vétérinaire n° 1910 du 03/09/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1910 du 03/09/2021

Conférence

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Clothilde Barde

CONFÉRENCIERS

PAUL PÉRIÉ, vétérinaire (Eure), membre de la Commission épidémiologie

SYLVIE CHASTANT, professeur de reproduction à l’École nationale vétérinaire de Toulouse, membre de la commission vaches laitières de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV)

Article rédigé d’après la conférence présentée lors du congrès de la SNGTV du 28 au 30 octobre 2020 à Poitiers.

Ce texte est le premier d’une série de deux articles.

L’ovariohystérectomie fait partie des chirurgies rares mais qui peuvent être réalisées en pratique bovine. En clientèle, elle nécessite peu de matériel spécifique mais il est indispensable de respecter certains points cruciaux. Selon l’indication, elle pourra être pratiquée par voie intra-abdominale ou par voie externe.

Indications

Cette chirurgie permet de sauver l’animal mais condamne sa carrière dans le troupeau, elle est donc réservée aux torsions utérines en milieu de gestation ou pour lesquelles une réduction manuelle est impossible, mais également aux ruptures utérines trop importantes ou situées dans une position impossible à suturer, aux prolapsus utérins trop anciens ou irréductibles ainsi qu’aux infections ou tumeurs utérines ou ovariennes. Si la décision est prise d’opérer, l’éleveur doit, dans tous les cas, donner son consentement éclairé et être conscient des alternatives mais aussi des risques de l’opération.

Par voie externe

En ce qui concerne la voie externe, la préparation est la même que pour la réduction d’un prolapsus utérin. Une anesthésie épidurale sera tout d’abord réalisée en injectant 10 à 20 ml d’une solution de procaïne à 2 %. Une administration de butorphanol et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pourra également être réalisée pour gérer correctement la douleur et, si l’animal est trop agité, il faudra y ajouter une administration d’alpha-2-agoniste. Lorsque la vache est couchée, elle doit être positionnée en grenouille afin de faciliter le travail de l’opérateur. Le premier temps de l’opération consiste à vérifier qu’aucun viscère abdominal n’est contenu dans l’utérus prolabé (intestins ou vessie) 1. Puis il convient de ligaturer la base de l’utérus afin de réaliser une bonne hémostase. Selon les publications, différentes méthodes sont décrites. Au vu de la faible fréquence des cas et des conduites variables des chirurgiens, aucune étude n’a pu encore être faite pour comparer les résultats obtenus. Il est possible de poser un élastique noir carré de 4 mm de section (ou à défaut avec un morceau de chambre à air en bon état de 3-4 cm de large), trempé au préalable dans une solution de chlorhexidine diluée. La ligature est posée le plus proximalement possible mais à l’extérieur de la vulve afin de pouvoir serrer les nœuds suffisamment.

Des méthodes alternatives

Un premier nœud est réalisé sous le prolapsus avec deux clés simples, puis un second sera réalisé sous le prolapsus avec au moins trois clés. Il est nécessaire que ces nœuds ne se superposent pas. Une fois le chirurgien sûr de son hémostase, la section peut être réalisée. Certains praticiens rapprochent ensuite les parois afin de fermer le vagin2, mais cette suture a peu d’intérêt en raison de la nécrose des tissus situés sous la ligature. D’autres techniques sont également décrites1, comme la réalisation de deux ligatures transfixantes sur la moitié de la circonférence de l’utérus avec de la « bande ombilicale » ou de plusieurs ligatures chevauchantes avec du fil de suture tout autour de l’utérus, suivies d’une ligature qui prend l’ensemble de l’utérus, afin de fermer la lumière utérine. Enfin, d’autres vétérinaires recherchent les vaisseaux après l’incision de la paroi utérine et les suturent ensuite un par un3. Les soins postopératoires sont les mêmes que pour une césarienne et dépendent de l’état clinique de l’animal.

  • 1. Miesner M.D., Anderson D.E., Management of uterine and vaginal prolapse in the bovine, Vet Clin North Am Food Anim Pract., 2008 ; 24 (2) : 409-419.
  • 2. Laurent J.-L., Maniere J., Hystérectomie par les voies externes et abdominales chez la vache, 2012, Journées Nationales des GTV, 209-212.
  • 3. Schönfelder A., Muder J., Ovario-hysterectomie chez la vache, 2006, Le Point Vétérinaire no 268, 42-45.
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