Une femme forte

Tourné dans le Brionnais, terre d’élevage de charolais, ce premier long-métrage, au récit et à l’interprétation très convaincants, témoigne, dans la lignée de Petit Paysan et d’Au nom de la terre, de la précarité des petites exploitations face à un système qui avantage toujours les plus grosses. Le milieu agricole qu’il décrit illustre aussi combien l’autorité économique et sociale est le prolongement d’une emprise de génération, de genre, mais également d’une domination physique. À partir de quand peut-on considérer qu’il y a violence sexuelle ? En confrontant sa jeune héroïne au microcosme des éleveurs bovins, le film incite à nous questionner. Et la réponse apportée est d’autant plus claire qu’elle dénude l’ambiguïté en jeu.

Quand l’exploitation de son père est mise en liquidation, Constance et son fiancé sont déterminés à la reprendre et déposent à la Safer (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) un projet d’installation innovant, éthique et qualitatif. Elle sollicite alors le président du marché aux bestiaux - marié à la vétérinaire locale - qui accepte d’appuyer son dossier. Un soir, alors qu’ils sont seuls dans son bureau, il l’embrasse. La jeune femme dit non, mais le laisse faire. Plus tard, alors que s’amenuisent les chances que son projet soit retenu, Constance porte plainte pour viol. Que l’accusé et la plaignante ne collent pas aux archétypes du violeur et de la victime montre l’équivoque où s’infiltre le déni de tout abus. Pour sauver son avenir, la jeune femme va devoir inverser le rapport de force.

La Terre des hommes de Naël Marandin, avec Diane Rouxel, Finnegan Oldfield, Jalil Lespert, Olivier Gourmet, France, 1 h 36.