Souvenirs écran - La Semaine Vétérinaire n° 1908 du 27/08/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1908 du 27/08/2021

FILM

COMMUNAUTÉ VÉTÉRINAIRE

Auteur(s) : M. B.

Comme La Terre des hommes (ci-dessus), Louloute met en scène un monde agricole impitoyable, celui de la fin des années 1980, quand la concurrence européenne était vive et le prix du lait, imposé par l’industrie, en chute libre. Pour autant, le contexte économique n’est pas le vrai sujet. Et le drame qu’il engendre, point de fuite du récit, restera hors-champ. Utilisant la capacité du cinéma à donner forme aux souvenirs (et aux rêves), le film fait valoir combien ils vivent en nous.

L’histoire débute au présent. Louise, enseignante trentenaire un peu déboussolée, tombe par hasard sur l’amoureux qu’elle avait à 10 ans, période charnière de son enfance. Alors qu’elle lui avoue se sentir prisonnière de son passé, le film opère des flash-back dans la Normandie de 1988 quand Louise, fille d’un petit exploitant laitier, était appelée Louloute. On la suit dans son quotidien rural, familial et familier : elle cajole sa vache préférée, va chercher des œufs pour des crêpes, regarde une publicité Cajoline à la télévision, mais rêvasse aussi sur son lit, se pose des questions, fugue, surprend des conversations d’adultes. Le soin méticuleux à restituer l’époque et les impressions sensibles de la fillette transfigure l’ordinaire d’alors en une matière vivante, chaleureuse et précieuse. Un vécu souriant qui fait écran au drame et qui lui a finalement survécu. Sous la surface de la modestie et de la simplicité, le réalisateur construit un film délicat, attachant, porté par le jeu des enfants.

Louloute d’Hubert Viel avec Alice Henry, Laure Calamy, Bruno Clairefond, Erika Sainte, France, 1 h 28.

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