LA DYSSYNERGIE VÉSICO-SPHINCTÉRIENNE - La Semaine Vétérinaire n° 1908 du 27/08/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1908 du 27/08/2021

UROLOGIE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA

La dyssynergie vésico-sphinctérienne combine un défaut de contraction du détrusor et une relaxation insuffisante du sphincter urétral. Les chiens atteints présentent une miction perturbée (arrêt abrupt du flux urinaire et incapacité à vidanger la vessie en totalité malgré de multiples tentatives). Une récente étude rétrospective multicentrique britannique1 recense 35 cas de dyssynergie vésico-sphinctérienne.

Labradors et retrievers surreprésentés

Sur un total de 210 chiens initialement éligibles compte tenu de leurs signes cliniques, 35 sont diagnostiqués avec une dyssynergie vésico-sphinctérienne. La population regroupe 31 mâles (18 stérilisés et 13 entiers) et 4 femelles (2 stérilisées et 2 entières). L’âge moyen est de 6 ans et 4 mois, le poids moyen de 37,7 kg avec 15 races différentes rapportées. Elles incluent principalement le labrador (8/35) et le golden retriever (5/35). Des croisements de ces races sont également rapportés.

Présentation clinique

Les signes cliniques durent en moyenne depuis 152 jours et incluent principalement une dysurie, une strangurie et un arrêt abrupt du flux urinaire en phase de miction (17/35 soit 48,6 % à chaque fois). Lorsqu’il est répertorié, l’examen nerveux ne révèle le plus souvent pas d’anomalie (20/21), tandis que le toucher rectal est rarement anormal (prostatomégalie dans 4/20 cas). Plusieurs anomalies biologiques sont rapportées sans nette tendance, tandis que les examens d’imagerie médicale – échographie, cystographie, urographie, cystoscopie et scanner abdominal – révèlent également des anomalies peu spécifiques et variables. Un sondage urinaire est réalisé dans 11/35 cas en présence d’une suspicion d’obstruction urétrale. Dans tous les cas, le sondage ne révèle pas d’obstacle à l’émission urinaire, ce qui en fait par ailleurs l’un des prérequis afin de continuer d’envisager une dyssynergie vésico-sphinctérienne.

Prise en charge

Un traitement myorelaxant est prescrit à 33/35 chiens (94,3 %). Il consiste en un alpha-bloquant (prazosine, phénoxybenzamine ou chlorhydrate de tamsulosine2). Un relaxant des muscles striés, le dantrolène2 (ou diazépam), est prescrit à 17/35 chiens (48,6 %). Un parasympathomimétique cholinergique est également administré à 13/35 chiens : le béthanéchol2, qui favorise la vidange vésicale en optimisant la contraction du détrusor. Quatre chiens subissent un traitement chirurgical : 3 stérilisations, dont 1 accompagnée d’une cystopexie et 1 autre d’une sonde de cystostomie. Huit chiens reçoivent des antibiotiques (suspicion d’une infection du tractus urinaire).

Suivi et effets indésirables des soins

Au total, 34/35 chiens sortent d’hospitalisation sous un délai moyen de 2 jours. La réponse aux soins est jugée bonne chez 20/34 chiens (58,8 %), partielle et mauvaise pour 7/34 cas (20,6 %). Le temps moyen avant amélioration est de 11 jours (avec des variations importantes, de 1 à 155 jours). Le traitement est interrompu chez 11 des 20 chiens dont le suivi est renseigné (55 %) Et sous un délai moyen de 27 jours. Quatre chiens présentent une rechute. Les effets indésirables sont rapportés dans 12/35 cas (35,3 %) Incluant un abattement, une sédation, un myosis, voire une incontinence avec l’emploi d’alpha-bloquants (7/12) et des signes digestifs avec l’usage associé de béthanéchol (4/12), tandis que le chien ayant reçu une sonde de cystostomie a présenté une infection urinaire récurrente avec également un débricolage du dispositif.

1. Stilwell C., Bazelle J., Walker D. et coll., Detrusor urethral dyssynergy in dogs: 35 cases (2007 2019), J Small Anim Pract., 2020;62(6):468-477.

2. Pharmacopée humaine.

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