FORTE DIMINUTION DE LA CONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES CHEZ LES ANIMAUX DE RENTE - La Semaine Vétérinaire n° 1908 du 27/08/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1908 du 27/08/2021

ANTIBIORÉSISTANCE

PHARMACIE

Auteur(s) : CÉLINE GAILLARD-LARDY

D’après une étude menée conjointement par trois agences de l’Union européenne entre 2016 et 2018, la consommation d’antibiotiques chez les animaux de rente s’avère pour la première fois en Europe plus faible que chez l’homme.

Un rapport conjoint de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de l’Agence européenne du médicament (EMA) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), publié en juin dernier, annonce que pour la première fois la consommation d’antibiotiques, rapportée par kg de biomasse, est plus faible chez les animaux de rente (108 mg/kg) que chez l’homme (130 mk/kg), sur la période étudiée, soit de 2016 à 2018. Ce changement est le résultat d’une baisse significative de la consommation d’antibiotiques chez les animaux de rente, en raison des mesures prises pour lutter contre l’antibiorésistance au niveau européen. Ainsi, les polymyxines (colistine), utilisées en milieu hospitalier pour traiter des patients infectés par des bactéries multirésistantes, ont ainsi vu leur consommation par les animaux de rente divisée par deux sur la période de l’étude.

Variabilité selon les molécules

Ces résultats varient cependant en fonction des molécules et des pays. Ainsi, 20 pays, dont la France, qui affiche une consommation de 181 mg/kg chez l’homme et de 68 mg/kg chez les animaux de rente, ont effectivement des niveaux de consommation d’antibiotiques inférieurs chez les animaux de production que chez l’homme. De plus, sont davantage utilisées chez l’homme les aminopénicillines, les céphalosporines de 3e et 4e générations et les quinolones, alors que chez les animaux de rente ce sont les polymyxines (colistine) et les tétracyclines. Ce rapport met également en évidence une corrélation statistiquement significative entre la consommation d’une classe d’antibiotiques, à la fois chez les animaux et chez l’homme, et la résistance à cette classe dans la même population : ainsi, la consommation humaine de carbapénèmes, de céphalosporines de 3e et 4e générations (C3G, C4G) et de quinolones a été corrélée à une augmentation de la résistance d’Escherichia coli correspondante chez l’homme. Des corrélations similaires ont été également trouvées chez les animaux de production, par exemple avec les C3G-C4G et E. coli. De plus, le rapport identifie des liens entre la consommation d’antimicrobiens chez les animaux et la résistance chez les bactéries « animales », à son tour associée à la résistance chez les bactéries humaines. Ainsi, Campylobacter spp., présente chez les animaux de rente, provoque des infections d’origine alimentaire chez les humains : il existe une association entre la résistance de cette bactérie chez les animaux et chez l’homme.

Des efforts à poursuivre

Les résultats sont donc encourageants : la sensibilité d’E. coli provenant d’animaux de rente a augmenté dans la majorité des pays de l’Union européenne. De plus, la proportion de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) a diminué dans la plupart d’entre eux. Les auteurs du rapport suggèrent de poursuivre la réduction de consommation d’antibiotiques à la fois chez l’homme et les animaux de production, afin de diminuer l’antibiorésistance dans une approche One Health.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr