ÊTES-VOUS SATISFAITS DE L’AVIS DE L’ACADÉMIE VÉTÉRINAIRE SUR L’HOMÉOPATHIE ? - La Semaine Vétérinaire n° 1908 du 27/08/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1908 du 27/08/2021

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : CLÉMENTINE KERVINIO

Dans son dernier avis1, l’Académie vétérinaire de France estime que les données acquises de la science sont insuffisantes pour soutenir l’efficacité thérapeutique des « préparations » Homéopathiques. Elle recommande notamment qu’aucun diplôme universitaire d’homéopathie ne soit délivré par les écoles et autres établissements publics.

UN MANQUE DE CRÉDIBILITÉ

RICHARD BLOSTIN (T 83)

Praticien en canine à Champagne-sur-Seine (Seine-et-Marne), président du groupe d’étude en biothérapie de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac)

Deux membres influents des Zétérinaires sont présents dans cette commission, ce qui va à l’encontre des règles élémentaires de nos institutions républicaines où on ne peut être juge et partie. Cela enlève de la crédibilité à ce travail. Cet avis prend deux tonalités différentes, voire divergentes : la première outrageusement contre et d’emblée à charge, la seconde plus dans une recherche de compromis confraternel.

Les collègues interviewés par la commission sont surpris de ne pas retrouver leurs dires, leur vécu de praticien, ainsi que les nombreux éléments scientifiques transmis, d’autres ont été omis, repris partiellement ou avec des contresens. Nous répondrons sur le fond aux questions posées par cette commission. À ce jour, la meilleure réponse vient d’un communiqué récent de l’Académie de médecine, que nous pourrions signer2. Face à la demande croissante, l’homéopathie doit rester vétérinaire. L’homéopathie est une corde supplémentaire à l’arc thérapeutique du vétérinaire praticien.

UN TÉMOIGNAGE NON PRIS EN COMPTE

CHRISTINE FILLIAT (L 86)

Vétérinaire conseil en élevage avicole3 à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme)

L’avis de l’Académie est extrêmement décevant. Je fais partie des personnes interrogées par le groupe de travail et j’avais insisté sur mes trente ans de pratique en aviculture sur les grands cheptels, sur l’importance du diagnostic avant de traiter les affections avec de l’homéopathie et sur les résultats très positifs constatés par les éleveurs (thèse à l’appui). L’effet placebo ne peut être présent sur des cheptels de 30 000 oiseaux. L’avis ne restitue aucun des propos échangés. En appelant à remplacer le terme de « médicament » Par « préparation », L’avis remet en cause la crédibilité et le professionnalisme des institutions qui ont délivré des autorisations de mise sur le marché aux médicaments homéopathiques.

Si l’homéopathie et son enseignement sortent du corps professionnel vétérinaire, elle perdurera, car la demande sociétale est forte. Aucun diagnostic ne sera établi et elle deviendra l’apanage de l’automédication et de charlatans, entraînant une réelle perte de chance pour les animaux.

UN TRAVAIL DE QUALITÉ

FRANCK POUDRAI (N 97)

Praticien en canine à Rochefort (Charente-Maritime), président de l’association les Zétérinaires

Nous attendions cet avis. L’enjeu est de vérifier l’adéquation de la pratique de l’homéopathie avec les exigences déontologiques. Le résultat est similaire aux conclusions ayant été rendues par d’autres sociétés savantes en France et ailleurs.

Son intérêt réside dans la rigueur du travail effectué et dans la diversité des acteurs interrogés (praticiens homéopathes ou non, pharmaciens, enseignants, etc.), Ce qui le rend impartial. La réponse qu’en tirera le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires est par conséquent importante. Il doit s’emparer du sujet : les écoles vétérinaires fermeront-elles définitivement la possibilité d’un diplôme homéopathique ? Le code de déontologie réaffirmera-t-il que nous sommes une profession basée sur la preuve et les données acquises par la science ?

Les enseignements post-universitaires d’homéopathie continueront-ils d’être financés par les fonds interprofessionnels ? Cet avis permet de limiter les divisions et de réunir les vétérinaires sur leurs valeurs communes et leur socle scientifique initial.

1. https://bit.ly/3suI0Rq

2. https://bit.ly/3sqCTBH

3. Titulaire d’un CES bactériologie et d’un CEAV en gestion de la santé et qualité en productions avicoles et cunicoles.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr