Le piégeage des fondatrices réduit l’implantation des nids - La Semaine Vétérinaire n° 1906 du 02/07/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1906 du 02/07/2021

Frelon asiatique

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Julien Vallon, responsable bioagresseurs de l’abeille, Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation (ITSAP-Institut de l’abeille)

À défaut de pouvoir localiser, mais aussi atteindre les nids pour les détruire, et sans alternative efficace pour protéger les ruchers, plusieurs organisations apicoles ont promu le piégeage au printemps des reines hivernantes comme principale méthode de lutte contre Vespa velutina.

Cependant, en cas de campagne à grande échelle, l’absence de piège sélectif fait porter le risque d’importants effets collatéraux sur une entomofaune déjà très fragilisée. L’implantation des nids étant fortement soumise aux conditions climatiques ainsi qu’à la compétition entre fondatrices, en surnombre au printemps, l’effet du piégeage restait à objectiver.

Dans ce contexte, l’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation (ITSAP-Institut de l’abeille) et le Museum national d’histoire naturelle, avec le laboratoire de biostatistique et processus spatiaux de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) d’Avignon ont réalisé, sur demande du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, une étude1 des données de piégeage et de localisation des nids obtenues pendant quatre ans (2016 à 2019) dans trois départements : les Pyrénées-Atlantiques, le Morbihan et la Vendée. Toutes les méthodes de piégeage utilisées et mises en œuvre sur le terrain ont été considérées de la même façon.

Répéter le piégeage

Ainsi, la présence de pièges au printemps est associée à une réduction du nombre de nids dans le temps. La baisse du nombre de nids implantés est liée au maintien de l’effort de piégeage : son interruption durant un an (ou plus) réduit la diminution du nombre de nids par rapport aux secteurs où le piégeage est réalisé chaque printemps. La réduction du nombre de nids est maximale à proximité du piège : au-delà de 300 mètres, l’effet du piégeage se réduit. Un maillage fin du piégeage apparaît nécessaire pour protéger un rucher. Cela implique un nombre conséquent de pièges : en considérant un disque de 2 km de rayon, cela représente jusqu’à 200 pièges à implanter régulièrement.

Des analyses sont en cours pour quantifier l’effet du paysage et du bioclimat sur l’efficacité du piégeage. Si des premières recommandations sont possibles, elles sont conditionnées à la mise en œuvre d’une évaluation de l’efficacité du piégeage sur un territoire donné, et amenées à être complétées.

S’organiser collectivement

En pratique, il est optimal d’identifier préalablement les emplacements d’hivernage à protéger (par exemple pour ceux qui ont présenté une pression de prédation importante ou une surmortalité des colonies attribuée aux frelons l’hiver précédent) pour organiser une campagne de piégeage des fondatrices dès le printemps suivant. Le piégeage doit se faire en continu de mars à mi-avril/fin mai, pendant plusieurs printemps successifs et tant que la pression de prédation sur les ruchers en préparation d’hivernage n’est pas réduite à un niveau acceptable. Il est préconisé d’employer des dispositifs les plus sélectifs possibles comme les pièges type nasses avec cônes, avec des appâts sucrés à renouveler tous les 8 à 10 jours. Les pièges sont à disposer de manière régulière dans un rayon d’un kilomètre autour d’un emplacement d’hivernage, suivant un schéma bien défini2 : il faut alors compter une cinquantaine de pièges.

La mise en place et l’évaluation du piégeage impliquent un réel besoin en logistique et en maintenance, appelant à une organisation collective coordonnant les actions localement. InterApi et GDS France (groupements de défense sanitaire), le réseau des organismes à vocation sanitaire (OVS) ont engagé des réflexions pour organiser et mettre en œuvre la lutte sur le terrain.

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