COMPORTEMENT CANIN ET CONFINEMENT - La Semaine Vétérinaire n° 1905 du 25/06/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1905 du 25/06/2021

BIEN-ÊTRE ANIMAL

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : JULIE BARAGLIOLI*, FLORENCE BEAUGRAND**

À l’issue du premier confinement, une enquête a été menée en ligne dans le cadre d’une thèse Oniris auprès de propriétaires de chiens. Résultat : jusqu’à 33 % de ceux dont le chien présentait un comportement indésirable avant le début de la crise sanitaire ont signalé une augmentation de celui-ci durant le confinement.

L’augmentation de l’activité vétérinaire en 2020 - 6,4 % de hausse du chiffre d’affaires d’après l’Insee - a montré que, dès le premier confinement, les relations entre propriétaires et animaux ont évolué, possiblement en lien avec l’augmentation de la présence des propriétaires. Alors que propriétaires et chiens ont été, plus que jamais, obligés de cohabiter, une thèse1 s’intéresse aux changements de comportement rapportés par les propriétaires et, entre autres, ceux considérés comme indésirables. Ces derniers pouvant évoquer un mal-être ou un trouble du comportement mais, surtout, constituer un risque d’abandon voire d’euthanasie. L’étude a été réalisée sous forme d’un questionnaire en ligne adressé aux propriétaires ayant vécu en France avec leur chien lors du premier confinement. Ils y ont indiqué les changements de fréquence observés pendant la période de confinement : diminution ou augmentation forte ou faible, pas de changement ou absence de ce comportement chez l’individu. Le questionnaire a été diffusé en ligne et dans des cliniques vétérinaires. Un tri a ensuite été réalisé, avec 298 réponses proposant une bonne représentativité par rapport à la population française.

Changement d’habitudes du foyer

Globalement, les résultats sont positifs, avec une relation propriétaire-chien renforcée et une diminution de plusieurs comportements indésirables. Cependant, certains de ces comportements ont au contraire augmenté (voir tableau). Bien que variable, cette hausse concerne plus de 20 %, voire plus de 25 % des chiens. Cela s’applique notamment aux comportements possiblement stéréotypés, souvent évocateurs d’un mal-être chez le chien qui pourrait être lié aux changements de composition et d’habitudes du foyer. Ceci expliquerait également l’augmentation des grognements. Toutefois, la présence accrue des propriétaires au sein du foyer a aussi pu mener à une hausse de la fréquence d’observation, sans changement de comportement réel de l’animal.

Malgré son faible échantillon, l’enquête a montré des effets positifs du confinement sur la relation propriétaire-chien, similaire à une étude britannique à plus grande échelle2. Les deux rapportent également une augmentation de comportements agressifs, notamment vis-à-vis des enfants en Grande-Bretagne. La présence constante d’enfants, pouvant solliciter beaucoup l’animal dans la journée, constitue une piste pour analyser cette hausse d’agressions.

Il est indispensable d’aborder en consultation la façon dont propriétaires et chiens ont vécu le confinement, pour prévenir les agressions, veiller au bien-être animal, rétablir une bonne relation propriétaire-chien ou identifier les signes évocateurs de mal-être ou d’autres affections (neurologie, appareil urinaire, etc.). Le fait que la pandémie de Covid-19 soit encore d’actualité constitue une occasion pour la profession vétérinaire d’évoquer ces questions dès le début de la consultation. Il serait en outre pertinent d’avoir du recul sur la façon dont les confinements suivants, avec toutes leurs différences, ont pu aussi influer sur les chiens, les propriétaires et leur relation.

1. Quelle évolution de la relation propriétaire-chien pendant le premier confinement dû à la pandémie de Covid-19 en France ?, Julie Baraglioli, Oniris, 2020.

2. Enquête menée par Dogs Trust, entre les 4 et 12 mai 2020 auprès de 6 004 personnes.

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