Guide d’utilisation du petit matériel de laboratoire - La Semaine Vétérinaire n° 1904 du 18/06/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1904 du 18/06/2021

Matériel

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Delphine Rivière, CES de biologie médicale, laboratoire Inovievet

Le réfractomètre, la bandelette urinaire et les colorants rapides constituent le matériel de laboratoire de base des établissements de soins vétérinaires. Passage en revue des bonnes pratiques d’utilisation.

En pratique vétérinaire courante, le praticien dispose de différents outils pour réaliser des examens complémentaires au chevet d’un animal malade. Parmi eux, on trouve du petit matériel de laboratoire très facile d’utilisation.

Le réfractomètre

Cet appareil sert à mesurer la densité urinaire ou la teneur en protéines d’un épanchement ou plasma/sérum. Il ne doit pas être utilisé pour mesurer la teneur en protéines de fluides pauvres en protéines tels que les urines, le liquide céphalo-rachidien ou l’humeur aqueuse, car sa sensibilité est trop faible.

L’étalonnage doit être effectué en réglant l’échelle de la densité d’une goutte d’eau distillée sur 1000, à l’aide de la petite vis prévue à cet effet. Cet aspect doit être périodiquement vérifié, surtout lors d’éventuels changements de température (utilisation en extérieur en hiver par exemple).

La bandelette urinaire

Elle permet de déterminer le pH des urines, ainsi que la présence éventuelle de glucose, protéines, corps cétoniques, nitrites, hémoglobine ou myoglobine.

La plage densité n’est pas utilisable en médecine vétérinaire, d’où l’importance de l’usage du réfractomètre, tout comme la plage d’urobilinogène.

La plage leucocytes n’est pas utilisable chez le chat, et est peu sensible chez le chien. Le recours à l’examen du culot entre lame et lamelle au microscope est plus informatif.

Enfin, il est important de garder en mémoire que la plage « sang » ou « érythrocytes » détecte en réalité l’activité peroxydasique, et détecte ainsi l’hématurie, l’hémoglobinurie et la myoglobinurie.

Les bandelettes urinaires doivent être stockées à l’abri de l’humidité. Il convient donc de replacer systématiquement et correctement le couvercle, afin de garder une atmosphère la plus sèche possible.

La bandelette fonctionnant par changement de couleur des plages de réactif, les urines analysées ne doivent donc pas être colorées (couleur rouge ou marron), au risque de modifier le résultat. En cas de pigmenturie, il faudra alors centrifuger les urines, et utiliser le surnageant, si celui-ci est clair.

Le dépôt des urines sur la bandelette doit être fait de façon que l’urine ne coule pas d’une plage à l’autre ; on placera la bandelette de façon à faire couler l’excédent de liquide sur le côté, au-dessus d’une poubelle, d’un évier ou d’un papier absorbant.

Une petite période de latence doit être respectée avant la lecture du résultat ; elle peut varier en fonction des plages (souvent de 30 secondes à 1 minute) et est indiquée par le fabriquant.

Les colorants rapides

Il existe plusieurs types de colorants rapides de type Romanowsky utilisables en pratique courante.

Certains produits sont classés à risque par inhalation/ingestion/contact cutané. Il faut donc veiller à les stocker dans des contenants hermétiquement fermés, et ne les ouvrir que pendant le temps de la coloration afin d’éviter d’en respirer les vapeurs. L’usage de gants ou d’une pince pour attraper les lames est également conseillé afin d’éviter tout contact avec les colorants.

Afin d’optimiser l’utilisation des colorants, quelques règles simples sont recommandées :

- Toujours utiliser des lames neuves et propres et ne pas y poser les doigts ;

- Bien sécher les lames avant la coloration. L’utilisation d’un fixateur externe en spray n’est pas nécessaire et non recommandée. Les prélèvements d’aspect graisseux peuvent nécessiter un temps de séchage à l’air plus élevé (jusqu’à 24 heures) pour éviter le détachement des cellules lors des bains dans les colorants ;

- Filtrer ou changer les colorants dès que la qualité de la coloration s’altère. Un déficit de coloration est objectivé lorsque la délimitation noyau/cytoplasme et/ou les contours cytoplasmiques sont difficiles à cerner, lorsque les différents éléments semblent « effacés » ou bien lorsque les noyaux sont de couleur rose et non violette. La présence de dépôts de précipités de colorants, ou de débris en suspension provenant des lames précédentes, est aussi des signes d’une coloration altérée. Enfin, la présence inattendue de bactéries sur des lames de plusieurs prélèvements différents, sans image de phagocytose, peut indiquer la contamination des pots de colorants par un prélèvement septique ;

- Éviter tout risque d’exposition des lames au formol ;

- Éviter le dépôt de gel échographique lors des ponctions échoguidées.

Les durées de coloration peuvent être adaptées en fonction de l’étalement : les étalements épais ou riches en protéines peuvent nécessiter un temps de coloration plus long. Chaque praticien pourra adapter la procédure à ses préférences de lecture.

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