DES PERSPECTIVES NOUVELLES POUR LA FILIÈRE D’ÉLEVAGE BOVIN ALLAITANT - La Semaine Vétérinaire n° 1904 du 18/06/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1904 du 18/06/2021

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ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : Par Clothilde Barde

Comment penser l’élevage de veaux de boucherie de demain ? Certains éléments de réponse devraient être apportés par les données collectées dans la nouvelle station expérimentale de l’Institut de l’élevage (Idele), qui devrait voir le jour en 2022 dans le Morbihan.

« Une nouvelle station veaux de boucherie qui permettra de répondre aux enjeux des vingt prochaines années pour la filière allaitante », telle est la promesse des acteurs concernés (éleveurs, intégrateurs, interprofession) qui ont lancé ce projet1 prévu pour 2022 sur la commune de Mauron dans le Morbihan en remplacement de l’actuelle station située au Rheu en Ille-et-Vilaine. La future station « sera pourvue de bâtiments “prototypes” pour tester la faisabilité de nouveaux modèles d’élevage de veaux comme l’accès au plein air. La capacité totale sera de 480 places réparties dans trois modules ayant des caractéristiques différentes en termes de bâtiment », indique ainsi le communiqué de l’Institut de l’élevage, partenaire du projet.

Des expériences variées

Dans un premier site, de 144 places, se trouveront des petites salles modulables et, dans le second module, proche des conceptions actuelles, 192 veaux seront hébergés dans deux salles identiques sur caillebotis bois et caoutchouc. En ce qui concerne la ventilation, le principe d’extraction de l’air sera innovant. En effet, l’air sera extrait sous les caillebotis avec une turbine unique, permettant de centraliser la sortie d’air et de pouvoir le filtrer, sur le modèle des systèmes utilisés en élevage porcin. Enfin, le troisième module, réalisé « en rupture avec les standards actuels de construction des bâtiments pour veaux de boucherie » , disposera d'une ventilation naturelle, largement ouverte et d'un accès à l’extérieur sous forme de courette pouvant évoluer avec un parcours en prairie. Selon le communiqué de l'Institut de l'élevage, « ce bâtiment, dont le sol est modulable (couchage sur différents types de litières jusqu’au caillebotis, NDLR), doit permettre d’étudier la faisabilité d’un élevage de veaux au plus près des attentes sociétales ». 

Entretien avec…

« Des études sur le comportement des veaux devraient permettre d’évaluer leur bien-être »

Christophe Martineau, porteur du projet à l’Idele et responsable de la station du Rheu

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Dans quel contexte cette nouvelle station a-t-elle été conçue ?

Pour demeurer compétitive et assurer sa pérennité, la filière veau de boucherie doit répondre à de nombreux défis, non seulement techniques et économiques, mais également sociétaux. Un des enjeux actuels majeurs concerne l’évolution des modes d’élevages en réponse aux attentes des consommateurs, en particulier en termes de bien-être animal et de préservation de l’environnement. Interbev Veaux s’est saisie dès 2017 de ces problématiques considérées comme prioritaires dans son Plan de filière veau et dans la mise en œuvre d’un Pacte pour un engagement sociétal qui intègre les attentes citoyennes. Une réflexion a été menée et 2019 avec tous les partenaires professionnels de la filière veau pour imaginer le bâtiment du futur. La plupart des solutions envisagées, qu’il s’agisse de nouveaux concepts de bâtiments ou d’équipements innovants, n’ont jusqu’alors jamais été mises en œuvre en élevage commercial de veaux de boucherie, et peu d’éléments chiffrés sont disponibles à ce jour. Ces solutions nécessitent par conséquent d’être évaluées avant d’envisager leur déploiement. C’est la raison pour laquelle les partenaires de la filière ont demandé à l’Institut de l’élevage de réfléchir à la construction d’une nouvelle station expérimentale, considérant que la situation actuelle de la station veau de boucherie du Rheu ne permettait plus de répondre correctement aux besoins exprimés, sur les enjeux sociétaux notamment.

Quelles sont les expérimentations qui ont été menées jusqu’à présent ?

La station actuelle du Rheu dispose de bâtiments classiques : salles de production fermées et ventilées, cases de 5 veaux sur caillebotis bois qui permettent de mener des travaux sur la conduite alimentaire des veaux, sur les protocoles sanitaires dans des conditions proches des élevages actuels. Par contre, cette station permet difficilement de tester de nouveaux modèles de production avec par exemple des bâtiments plus ouverts permettant l‘accès des veaux à l’extérieur ou sur différents types de litière : paille, sciure, etc.

Les aspects économiques, environnementaux ou de bien-être animal en élevage de veaux de boucherie seront-ils étudiés ?

Bien sûr, au-delà des critères classiquement contrôlés sur la station actuelle (performances de croissance, consommation, santé des veaux, qualité des produits et impact économique), seront mis en œuvre des mesures sur les paramètres de bien-être (étude du comportement des veaux) et des bilans environnementaux (analyses qualitatives et quantitatives des effluents produits).

Quelles expériences sont prévues ?

Une grande thématique, qui va être travaillée sur les premières années, sera celle des nouveaux modes de production : comparatif entre les bâtiments fermés/semi-ouverts/ouverts, avec ou sans accès des veaux à l’extérieur, les différents types de sol (litières à base de paille, sciure, etc., caillebotis bois ou caoutchouc), les différents systèmes de ventilation (dynamique centralisée ou pas, statique), les densités, les tailles des parcs, avec toujours des comparatifs de régimes alimentaires et de conduites sanitaires. Dans cette production de veau de boucherie, les animaux sont de race laitière pure ou croisée avec une race à viande.

Quand pensez-vous obtenir les premiers résultats ?

Le démarrage des essais est prévu à la fin du chantier de construction, soit à l’automne 2022, et les premiers résultats en 2023.

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