« LA MÉTHODE NE REMPLACE NI L’ÉLEVEUR, NI LE VÉTÉRINAIRE » - La Semaine Vétérinaire n° 1903 du 11/06/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1903 du 11/06/2021

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : ISABELLE VEISSIER

Fonctions : CHERCHEUR À L’UNITÉ DE RECHERCHES SUR LES HERBIVORES À L’INRAE

Que mesurent les capteurs positionnés sur les vaches dans cette expérience ?

Les capteurs ne sont pas invasifs. Nous avons utilisé un système de positionnement en temps réel. Chaque vache est munie d’un collier sur lequel est placé un émetteur, les ondes envoyées par l’émetteur sont captées par des antennes fixées au plafond de l’étable, la position de l’animal est détectée par triangulation (plusieurs antennes recevant le signal) toutes les secondes. De la position de l’animal, on en déduit l’activité : par exemple, repos si la vache est dans une logette, alimentation si elle est près de l’auge. D’autres capteurs peuvent être utilisés pour détecter l’activité de l’animal, en particulier des accéléromètres qui sont placés sur un collier autour du cou ou sur un bracelet autour d’un membre.

Quelles sont les maladies mises en évidence ?

Nous avons classé les événements en : mammites, boiteries, acidose (notée précisément dans un jeu de données avec enregistrement du pH du rumen), autres maladies (diarrhée, maladie respiratoire), rétention placentaire, vêlages, œstrus, mélanges d’animaux, autres perturbations (campagne de pesée). Tous ces événements sont détectés. Nous n’avons pas pu détailler les « autres maladies », car nous n’avions pas assez d’occurrences dans les jeux de données.

En quoi cette méthode est-elle novatrice ?

Elle permet de détecter un problème de santé avant l’apparition de signes cliniques d’une maladie. Elle se base sur le principe que l’animal commence à ressentir un malaise - qui se traduit par une altération du comportement -, avant de montrer des symptômes clairs.

Comment cette méthode peut-elle être utilisée en pratique par l’éleveur ? Et par le vétérinaire ?

Pour le moment, la méthode n’est pas en production. Avec une telle méthode, on peut imaginer que l’éleveur reçoive une notification sur ordinateur ou téléphone lui indiquant un problème détecté sur une vache. Il pourrait alors aller regarder précisément cette vache, puis décider des mesures à prendre. La méthode ne remplace ni l’éleveur ni le vétérinaire. Elle permet d’attirer l’attention sur des animaux qui ont besoin de soins spécifiques. Mais elle ne dit pas de quoi l’animal est atteint. C’est à l’éleveur, aidé du vétérinaire, de le déterminer et de décider des actions à entreprendre.

Peut-on utiliser cet outil dans les autres filières de ruminants – ovins et caprins ? Quels sont les prochains travaux de recherche prévus ?

Le phénomène d’altération de l’activité qui caractérise le comportement de malaise est très général. Il est plus que probable que la méthode est utilisable chez tout type d’animaux, et pourquoi pas chez l’homme. Nous explorons le domaine de la logique floue pour réduire le nombre de fausses alertes. Nous voulons également étudier plus finement comment le rythme est modifié selon que l’événement perturbant est une maladie, un stress ou encore un œstrus.

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