GARE À L’ACCIDENT DE SERINGUE - La Semaine Vétérinaire n° 1903 du 11/06/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1903 du 11/06/2021

SÉCURITÉ

PHARMACIE

Auteur(s) : CÉLINE GAILLARD-LARDY

Selon un rapport de toxicovigilance de l’Anses rendu en avril dernier, et mené avec le réseau des centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV), les piqûres accidentelles avec des vaccins vétérinaires huileux entraînent plus de risques de complications que les vaccins non huileux.

En cas de piqûres accidentelles chez l’Homme, les vaccins vétérinaires contenant des adjuvants huileux sont plus à risque de causer des complications inflammatoires et/ou septiques, certaines pouvant nécessiter un recours à la chirurgie et/ou être à l’origine de séquelles », conclut un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur les risques de complication après piqûre accidentelle avec un vaccin vétérinaire.

Une majorité d’accidents professionnels

Pendant plus de deux ans, de mai 2016 à septembre 2018, l’Anses et le réseau des centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) ont mis en place une étude prospective nationale. Au cours de cette période, 199 personnes présentant des symptômes suite à une piqûre accidentelle avec un vaccin vétérinaire ont contacté le CAPTV. La quasi-totalité des vaccins concernés était destinée aux animaux d’élevage, dont 60 % pour les volailles et les porcs. D’ailleurs les Pays de la Loire et la Bretagne centralisaient 48 % des appels, en raison de la forte concentration d’élevage dans ces régions. Ce sont 90 % des cas qui ont été classés en accident du travail, impliquant principalement des salariés ou des exploitants agricoles, ainsi que 9 vétérinaires en tout sur la période. Dans 60 % des cas, le vaccin en cause contenait un adjuvant huileux.

Antibiothérapie à 80 %

Les deux tiers des piqûres étaient situées à la main, essentiellement en face palmaire. Les piqûres accidentelles au cours de la contention sont plus rares et touchent généralement d’autres zones telles que les bras, les jambes, ou le thorax. Le risque biologique doit également être pris en compte, puisque l’aiguille en cause n’était plus stérile dans une très forte majorité de cas (86 %). En revanche, cette étude n’a pas permis de distinguer le caractère strictement inflammatoire ou infectieux des signes cliniques.

Une antibiothérapie a été instaurée chez 80 % des personnes, plus fréquemment chez celles piquées avec une seringue souillée, sans qu’aucune donnée sur le caractère préventif ou curatif du traitement ne soit connue.

La quasi-totalité des patients ont présenté des signes inflammatoires, et des complications sceptiques (ténosynovite, arthrite ou phlegmon) ont été notées pour près de 10 % d’entre eux. Une intervention chirurgicale a même été nécessaire chez 29 patients et 11 d’entre eux ont conservé des séquelles.

Surrisque avec les vaccins huileux

L’analyse des données montre que le risque de recours à une intervention chirurgicale était près de 6 fois plus élevé en cas de piqûre avec un vaccin huileux que non huileux. De même, ce risque était près de 3 fois plus élevé en cas de piqûre à la main que dans une autre zone. Les piqûres accidentelles avec un vaccin huileux pourraient également entraîner un surrisque de complications ou de séquelles, bien que les résultats ne soient pas statistiquement significatifs. De plus, en raison du faible échantillon, seules les différences entre adjuvants huileux et non huileux ont été étudiées. Par exemple, les huiles minérales sont réputées créer des lésions de type nécrotique mais, ici, le faible effectif n’a pas permis de conclure en ce sens.

L’Anses souligne la nécessité de communication sur les risques encourus auprès du public concerné : ainsi, le port de gants adaptés doit être encouragé. Il rappelle qu’en cas d’accident un appel systématique au CAPTV est indispensable.

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