CÉSARIENNE PAR VOIE BASSE : PRONOSTIC ET COMPLICATIONS - La Semaine Vétérinaire n° 1903 du 11/06/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1903 du 11/06/2021

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

CONFÉRENCIER

XAVIER QUENTIN, vétérinaire à la clinique des Estuaires à Saint-James (Manche)

Article rédigé d’après la conférence présentée lors du congrès de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) du 28 au 30 octobre 2020 à Poitiers.

Après avoir abordé (La Semaine Vétérinaire no 1902) la technique de la césarienne par voie basse, pratiquée chez les bovins principalement lors de dystocie avec présence d’emphysème fœtal, le conférencier a présenté les suites de la chirurgie.

Soins postopératoires et pronostic

Cette chirurgie étant risquée, des soins postopératoires devront impérativement être prodigués afin de contrôler trois points principaux. Le premier étant un risque infectieux (péritonite principalement), une antibiothérapie avec une solution pénicilline/streptomycine est mise en place pour une durée de sept jours. Il convient également de contrôler la douleur et le risque de choc chirurgical (anti-inflammatoire non stéroïdien). Enfin, quand l’animal est choqué à la suite de la chirurgie, le vétérinaire pourra réaliser une perfusion de l’animal (3 litres d’un soluté de NaCl à 7,2 %). Actuellement, le pronostic des césariennes réalisées par voie basse sur des veaux emphysémateux est assez réservé. Ainsi, le taux de survie est de 37 % et le taux de fécondité de 64 % pour les vaches survivantes. La voie basse, pour l’extraction chirurgicale d’un veau emphysémateux, doit donc être réservée à des situations bien précises comme la présentation du veau postérieure ou l’état général de la vache parturiente. Si l’animal est abattu, déshydraté ou en décubitus, le pronostic vital est alors fortement engagé et la chirurgie sera déconseillée. Enfin, comme l’a ajouté le conférencier, il faut prendre rapidement la décision d’intervenir chirurgicalement car des manœuvres obstétricales et des tentatives d’embryotomie dans une cavité utérine déjà fragilisée augmentent la contamination du contenu fœtal et le risque de péritonite.

Complications majeures

Parmi les complications, on note l’apparition d’un emphysème péritonéal et sous-cutané au niveau de la plaie de laparotomie. Il s’agit de la sortie de l’air emprisonné dans la cavité abdominale par la plaie. Ce phénomène dépend de la durée de l’intervention et s’accompagne d’une sensation de crépitement à la palpation. Il n’est cependant pas nécessaire de le traiter car il est sans conséquence et se résorbe avec le temps. Le vétérinaire peut tenter de prévenir l’apparition d’un emphysème par la mise en place de sutures non serrées ou n’intégrant pas le péritoine. Le second risque chirurgical est celui d’éventration et de hernie suite à une réouverture de la plaie chirurgicale. Cela se produit lorsque les points musculo-cutanés lâchent, par manque de solidité des points ou de la sangle abdominale. Les hernies abdominales sont toutefois rares et surviennent plus fréquemment lors de césarienne couchée. Le traitement est chirurgical et consiste à suturer la plaie et le pronostic est sombre car il n’y a généralement pas assez de tissu pour effectuer un recouvrement et des points solides. Pour prévenir ce phénomène, le vétérinaire devra s’assurer de la solidité des points et éviter d’opérer par voie basse des animaux n’ayant pas une sangle abdominale assez solide (laitières fortes productrices et vaches allaitantes de fort gabarit). De plus, il devra contrôler l’asepsie au risque d’une déhiscence des sutures suite à une infection de la plaie chirurgicale.

Une alternative parfois intéressante

Enfin, des complications bénignes2 comme un œdème sous-cutané (séroma) ou un abcès pariétal peuvent apparaître. Il s’agit de l’accumulation de sang ou de pus dans une cavité néoformée par le déplacement de la séreuse pariétale. Le séroma est très fréquent et ne se traite pas tandis que, l’abcès plus rare, souvent la conséquence d’une hémostase imparfaite avec une contamination septique lors de la suture de la paroi abdominale, doit être drainé. La prévention passe par une hémostase correcte ainsi que par le respect d’une relativement bonne asepsie. En conclusion, la réalisation d’une césarienne par voie basse permet donc au praticien de proposer une alternative valorisante à l’éleveur dans des situations dégradées. Il est toutefois indispensable de bien définir l’indication chirurgicale pour intervenir avec de bonnes chances de succès.

1. Hanzen C., Les interventions obstétricales chez les ruminants, faculté de médecine vétérinaire, service de thériogénologie des animaux de production, cours de 2e GMV 2008-2009.

2. Chastant-Maillard S. et Bohy A., La césarienne chez la vache, Le Point Vétérinaire, 2001, volume 32, numéro spécial, Chirurgie des ruminants : chirurgie génitale, locomotrice de la tête et du cou (tome II), p. 29-36.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr