NEUROTOXICITÉ DU MÉTRONIDAZOLE - La Semaine Vétérinaire n° 1901 du 28/05/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1901 du 28/05/2021

SÉCURITÉ

PHARMACIE

Auteur(s) : CÉLINE GAILLARD-LARDY

Les données de pharmacovigilance ont permis d’établir la synthèse des effets neurologiques indésirables du métronidazole chez le chien depuis 2001 au cours d’une étude rétrospective réalisée par l’Agence nationale du médicament vétérinaire.

Depuis les années 1990, plusieurs spécialités associant métronidazole et spiramycine disposent d’une AMM vétérinaire. Depuis 2015, il existe de nombreuses spécialités vétérinaires contenant du métronidazole seul. Bien que souvent décrite, la neurotoxicité du métronidazole n’avait que peu été étudiée chez le chien. Une étude rétrospective de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) a permis de compiler les données de pharmacovigilance du métronidazole chez cet animal. Elle révèle que les effets neurologiques, bien que rares, peuvent apparaître quel que soit l’âge du chien, sa race ou encore son sexe. Ils rétrocèdent généralement à l’arrêt du traitement.

Pas de prédisposition raciale

Entre 2001 et 2019, l’ANMV et le centre de pharmacovigilance vétérinaire de Lyon ont reçu 99 déclarations d’effets indésirables potentiellement en lien avec l’usage du métronidazole chez le chien, une faible majorité concernant des médicaments contenant du métronidazole seul, sans prédisposition raciale. Une prédominance des effets neurologiques est notée dans le cas de médicaments à base de métronidazole seul, alors que d’autres effets indésirables sont prédominants avec les médicaments combinés. Depuis 2016, après la commercialisation de spécialités vétérinaires contenant du métronidazole seul, 48 déclarations d’effets indésirables de type neurologique sont dénombrées, très majoritairement avec des médicaments contenant du métronidazole seul (45/48). Aucune prédisposition de race, d’âge ou de sexe n’a été notée. Un usage non conforme du RCP est en cause dans plus de 87 % des cas (durée de traitement et/ou dose supérieure aux recommandations du RCP). Les signes neurologiques, dont les principaux sont ataxie et trémulations musculaires, apparaissent dans les 2 heures à 6 mois suivant le traitement.

Des précautions d’emploi à rappeler

L’ANMV rappelle qu’il convient d’être prudent avec les usages hors RCP (par augmentation de la dose ou de la durée du traitement), les risques d’apparition d’effets indésirables étant alors majorés, bien qu’il existe une grande variabilité de sensibilité individuelle. Attention notamment aux traitements longs, hors cadre de l’AMM, dont le rapport bénéfice/risque doit toujours être évalué par le prescripteur.

De plus, les usages inutiles devront bien sûr être évités autant que possible. Ainsi, lors d’infections bucco-dentaires, préférer la prise en charge hygiénique, le détartrage et soins dentaires, sauf en cas de formes ulcéronécrotiques sévères réfractaires aux traitements hygiéniques ou associés à des signes locorégionaux ou généraux.

La présentation doit également être adaptée au poids de l’animal, afin d’éviter les surdosages, surtout chez les animaux de petit gabarit.

En outre, il est nécessaire d’identifier les individus à risque, notamment les insuffisants hépatiques, le métronidazole étant métabolisé par le foie. L’apparition de troubles nerveux doit conduire à un arrêt rapide du traitement et la rémission est alors généralement observée. Dans le cas contraire, un traitement de soutien peut être mis en place avec utilisation du diazépam (0,5 mg/kg toutes les 8 heures pendant 3 jours).

Enfin, il convient de limiter l’exposition des utilisateurs : usage de gants imperméables à rappeler aux propriétaires lors de la prescription, particulièrement lors de traitements longs.

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