LA PHYSIOTHÉRAPIE, UN PLUS POUR LES CLINIQUES ? - La Semaine Vétérinaire n° 1901 du 28/05/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1901 du 28/05/2021

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : PIERRE DUFOUR

Si la kinésithérapie en humaine va de soi, la physiothérapie a encore du mal à se faire une place dans les cliniques vétérinaires. Pourtant ses avantages médicaux sont indéniables et la demande des clients réelle.

J’AIMERAIS AVOIR LES BASES THÉORIQUES

LÉA BERTRAND (T 15)

Praticienne généraliste à Le Bouscat (Gironde)

Dans notre clinique, nous ne pratiquons pas de physiothérapie, mais je pense que cela peut montrer de bons résultats sur la rééducation postopératoire (chirurgies orthopédiques), en plus des consignes classiques de reprise progressive de l’exercice. Un vétérinaire dans l’équipe avec ces compétences complémentaires serait intéressant. On pourrait aussi imaginer former les assistants et assistantes qui le souhaitent ? Je connais peu de vétérinaires qui ont ces compétences et habituellement, quand une thérapie manuelle peut être utile, je réfère à des confrères et consœurs ostéopathes ou à l’école d’ostéopathie animale. Ce n’est pas un sujet auquel je me suis beaucoup intéressée, mais, après réflexion, j’aimerais bien avoir les bases théoriques pour proposer quelques exercices aux propriétaires, en particulier pour les animaux avec des affections chroniques, comme l’arthrose. Je pense qu’être plus acteurs dans la guérison de leurs animaux serait motivant pour eux.

UN VÉRITABLE ACTE VÉTÉRINAIRE

PATRICIA LESENFANT (T 95)

Praticienne à Pibrac (Haute-Garonne), membre de l’association Afvephyr1

On observe une augmentation des demandes des propriétaires pour de la rééducation, souvent de leur propre initiative, parfois conseillés par des confrères généralistes, des ostéopathes vétérinaires ou animaliers, ou des centres de référés en chirurgie, notamment en neurologie pour des hernies discales. En phase postopératoire, on limite dans un premier temps la douleur pour ensuite mobiliser et remuscler, par différentes méthodes. Le retour à la mobilité est plus rapide, surtout si la prise en charge est précoce. On pratique aussi la physiothérapie pour des fractures, des TPLO, RTCF2, des affections tendineuses, musculaires, des animaux poly-arthrosiques, de la gériatrie, etc. En revanche, il faut prendre le temps, les séances sont longues, surtout la première. On accompagne davantage les propriétaires, on leur apprend des exercices et ils sont ravis d’être partie prenante. C’est la satisfaction d’une nouvelle approche, la palpation devient thérapeutique, c’est un véritable acte vétérinaire.

UNE DISCIPLINE D’AVENIR

FRÉDÉRIC LANOT (T 88)

Praticien ostéopathe à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde)

Ostéopathie et physiothérapie sont synergiques : l’ostéopathe, en remobilisant les structures, potentialise le travail de rééducation. Ces spécialités enrichissent la palette d’outils pour la gestion conservatrice des douleurs et des boiteries, la rééducation suivant les chirurgies orthopédiques, la préparation des chiens de sport. Elles fournissent des moyens complémentaires quand la prise médicamenteuse est limitée et améliorent souvent l’efficacité de la chimie tout en réduisant la charge toxique. Elles permettent d’aborder certaines maladies graves, comme les compressions médullaires de haut grade, avec un meilleur pronostic de récupération. La physiothérapie est une discipline d’avenir dont la demande ne peut que croître, la profession doit l’encourager comme une composante indissociable de la médecine vétérinaire. Elle s’intègre dans un parcours de soins qui combine différentes spécialités coordonnées par le vétérinaire généraliste, chacun intervenant dans la conscience de ses potentialités et limites.

1. Association française des vétérinaires exerçant en physiothérapie et rééducation fonctionnelle.

2. TPLO : ostéotomie tibiale de nivellement du plateau tibial ; RTCF : résection-arthroplastie du col fémoral.

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