WE TOO - La Semaine Vétérinaire n° 1900 du 21/05/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1900 du 21/05/2021

HARCÈLEMENT

ANALYSE

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON

L’omerta tombe peu à peu dans les lieux de formation aux professions de santé. Connues et longtemps tues, les violences à caractères sexuels sont de plus en plus dénoncées, y compris dans les écoles vétérinaires, où des initiatives se mettent en place.

Face à la prise de conscience des violences sexistes et sexuelles subies, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a présenté le 18 mars dernier les résultats1 de leur enquête, réalisée en 2020. Des chiffres et des faits choquants, mais pas étonnants, précise la présidente de l’ANEMF, Morgane Gode-Henric, qui souhaite briser l’omerta sur ces agressions qui participent au mal-être étudiant. « L’hôpital, c’est comme la mafia, tout le monde sait, personne ne fait rien. » Ou pire, ce professeur à qui se confie une étudiante, harcelée sexuellement par un autre enseignant, et qui lui assène : « Je te conseille de ne pas porter plainte, pense à ta carrière. »

Initiative étudiante salutaire et courageuse

L’ANEMF n’avait aucun chiffre et souhaitait donc réaliser cet état des lieux. Un tiers des élèves en médecine a été victime de harcèlement sexiste ou sexuel pendant ses études, ses stages et en hôpital. Un quart en garde des séquelles psychologiques dans sa vie professionnelle et personnelle. Morgane Gode-Henric décrit le dégoût pour sa profession qui l’a saisie en lisant les 300 pages de commentaires et détails partagés par les victimes. Même si ce sont majoritairement des femmes, l’enquête a mis en lumière une homophobie encore très présente, frappant les étudiants hommes. Depuis la diffusion des résultats, l’ANEMF a reçu beaucoup de soutiens, y compris des doyens, de l’administration, qui, le 12 avril, ont discuté avec ses représentants autour des 20 propositions formulées. Mais l’esprit carabin et ses prérogatives sont tellement ancrés qu’il va falloir une volonté forte pour que les formations et sensibilisations au respect des corps et des êtres deviennent une réalité tangible. Sécuriser la parole des victimes, les protéger de toute conséquence sera une première étape.

Lors d’une enquête de victimisation conduite en 20202 par les associations d’étudiants en masso-kinésithérapie et leur Ordre, un tiers dit avoir souffert de propos sexistes ou gestes inappropriés lors des formations en instituts ou lors de stages. En milieu scolaire, les agressions surviennent surtout au cours des soirées, l’alcool favorisant les passages à l’acte. Parmi les étudiants, 10 % ont souffert de violences à caractère sexuel lors du bizutage, 8 % décrivent du harcèlement sexuel et 5 % des violences sexuelles. Interrogées sur ce qu’elles subissaient hors cadre professionnel, 51 % des praticiennes kinésithérapeutes ont fait état de violences psychologiques au sein de leur couple et 24 % de violences physiques.

Un questionnaire en cours d’analyse à l’ENVT

Le club Parlons-en à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) a diffusé un questionnaire par voie électronique le 28 février dernier, partagé depuis avec les autres écoles vétérinaires, sur les violences sexistes et sexuelles. À ce jour, il y a plusieurs centaines de réponses. La Semaine Vétérinaire en donnera les résultats dès que possible.

1. www.bit.ly/3w8HpFq

2. www.bit.ly/2SL9Zyb

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