LA SPÉCIALISATION VÉTÉRINAIRE À LA FRANÇAISE SE MET À JOUR - La Semaine Vétérinaire n° 1899 du 14/05/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1899 du 14/05/2021

FORMATION CONTINUE

ANALYSE

Auteur(s) : TANIT HALFON

Dans un contexte de simplification et de clarification administrative, les écoles nationales vétérinaires ont désormais l’obligation d’être habilitées pour la délivrance d’un diplôme d’études spécialisées vétérinaires (DESV).

Plusieurs nouveaux textes réglementaires1 du 13 avril dernier remettent à plat la question de la formation et de la délivrance des diplômes nationaux d’enseignement vétérinaire dans les écoles nationales vétérinaires (ENV). Parmi eux, le diplôme d’études spécialisées vétérinaires (DESV), qui permet d’accéder au titre de spécialiste, fait l’objet d’un rappel à l’ordre. En effet, comme nous l’explique Jérôme Coppalle, sous-directeur de l’enseignement supérieur à la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, le Code de l’éducation prévoit qu’un établissement d’enseignement supérieur doit être accrédité ou habilité par l’État, suite à évaluations, pour délivrer des diplômes nationaux. Cette habilitation est valable pour la durée du contrat pluriannuel conclu avec l’État. Or, il se trouve que cette procédure n’était pas institutionnalisée pour les DESV. C’est chose faite maintenant. Désormais le conseil d’orientation et de formation (COF) devra « documenter l’activité de la formation avec une étude sur l’insertion professionnelle des lauréats de la spécialité du diplôme, les modalités d’organisation, le référentiel de compétences et le référentiel de formation, les conditions de déroulement des stages, les modalités d’admission des candidats, les modalités du contrôle des connaissances et des aptitudes, etc. », précise Jérôme Coppalle. Et de rappeler au passage qu’on ne peut pas « prétendre délivrer un diplôme national, notamment par la validation des acquis de l’expérience (VAE), sans ces dispositifs d’assurance qualité ».

Quatre DESV habilités ?

Au total, 4 dossiers de DESV devraient être présentés par les ENV pour habilitation, à savoir le DESV d’ophtalmo logie vétérinaire, de pathologie locomotrice des équidés, de science et médecine des animaux de laboratoire et d’anatomie pathologique vétérinaire. La décision est attendue pour septembre 2021, et l’habilitation sera alors valable pour cinq ans. Cela ne change rien pour les vétérinaires déjà diplômés d’un DESV. Cette évolution administrative reflète bien l’évolution de la spécialisation vétérinaire : la voie pour obtenir le titre de spécialiste n’est en effet plus franco-française, mais désormais appréhendée à l’échelle européenne. D’ailleurs, « si en septembre prochain, à l’issue de cette procédure des DESV ne sont pas réhabilités, la spécialité pourra continuer à vivre à travers les collèges européens », souligne Jérôme Coppalle. En outre, l’échelle européenne est vue comme un levier pour répondre à des exigences d’impartialité des COF et des jurys de DESV : « Une spécialité regroupe une communauté de spécialistes souvent réduite en nombre et l’échelle européenne est probablement un niveau opportun pour atteindre une taille critique de ces communautés pour favoriser les échanges, les innovations et éviter l’entre-soi », indique-t-il. Cette évolution administrative ne remet pas en cause, en revanche, l’attribution à vie du DESV, et donc du titre de spécialiste, à la différence du Collège, qui impose à ses membres une réévaluation tous les cinq ans pour conserver leur certification.

Une clarification pour les CEAV

La mise à jour de la question de la spécialisation vétérinaire ne fait pas l’impasse des certificats d’études approfondies vétérinaires (CEAV)2. En effet, ces diplômes avaient été créés à la base dans l’esprit d’être un tremplin pour un DESV, et donc la spécialisation. Ils étaient reconnus comme des diplômes nationaux de spécialisation vétérinaire, sans ouvrir le droit au titre de spécialiste. À l’usage pourtant, il est apparu que les vétérinaires suivaient le CEAV en tant que tel pour leur formation continue. De manière assez logique, et pour éviter toute confusion, ils deviennent donc des diplômes inter-écoles vétérinaires (DIE). À ce titre, comme pour tout diplôme d’enseignement complémentaire qu’ils sont désormais, les CEAV seront portés uniquement par les ENV, compétentes pour les créer et en fixer les tarifs. « Les personnes déjà inscrites en CEAV pourront jusqu’au 31 décembre 2023 bénéficier d’un CEAV dans son ancienne forme », ajoute Jérôme Coppalle. À noter, le libellé CEAV, bien connu des vétérinaires, sera conservé en tant que « marque collective pour les ENV ». Ce changement ne modifie en rien l’éligibilité de ces diplômes aux fonds de financement de la formation continue.

1. www.bit.ly/33xlhbI

2. www.bit.ly/33y1fO1

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