REMBOURSER UN PGE : LE TEMPS DE LA RÉFLEXION - La Semaine Vétérinaire n° 1894 du 09/04/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1894 du 09/04/2021

FINANCES

ENTREPRISE

Auteur(s) : JACQUES NADEL

Le prêt garanti par l’État (PGE) mis en place par le gouvernement en mars 2020 pour soutenir la trésorerie des entreprises durant la crise sanitaire a un an. Pour ceux qui l’ont sollicité, le moment est venu de le rembourser. Mais quelle durée d’amortissement choisir ?

La question du remboursement du prêt garanti par l’État (PGE), créé en mars 2020 lors des premiers temps de la crise sanitaire, va certainement se poser dans les prochaines semaines pour les cliniques et cabinets vétérinaires qui ont, par mesure de prudence, contracté cette aide de l’État. Le conseil avisé des experts-comptables était de maintenir le PGE sur le compte de l’entreprise tant qu’on ne le rembourse pas. Même si cette réserve de trésorerie n’a pas été consommée, le chef d’entreprise peut avoir intérêt à la garder pour financer à faible coût un investissement, faire face à des difficultés si la trésorerie venait à se dégrader, alors que le loyer de l’argent n’a jamais été aussi bas.

Dans sa version initiale, aucun remboursement n’était exigé la première année, mais début 2021, le gouvernement a annoncé un report du remboursement des PGE pour une année supplémentaire pour les entreprises qui en auront réellement besoin.

Les conditions de remboursement du PGE offrent plusieurs possibilités à l’entreprise. La modalité de remboursement peut être définie selon la formule 1+1+4 : 1 an de différé pendant lequel seule la garantie étatique est due (0,25 % de la somme empruntée), 1 an d’aménagement de l’amortissement sur demande des entreprises (seuls les intérêts et la garantie seront à payer) et 4 ans maximum de période de remboursement avec un taux progressif d’emprunt selon la durée retenue – 1 à 1,5 % pour des prêts remboursés d’ici 2022 ou 2023 ; 2 à 2,5 % pour ceux remboursés d’ici 2024 à 2026.

Quelques conseils

À la première date d’anniversaire du PGE, l’entreprise va devoir décider si elle rembourse l’emprunt à son échéance (en totalité ou partiellement) et sur quelle durée. Les modalités de remboursement doivent faire l’objet d’une décision stratégique.

Pour faire le bon choix et prendre la bonne décision, il faut commencer par poser les chiffres dans un tableau prévisionnel de trésorerie. C’est important car un remboursement immédiat de ce prêt risque d’exposer l’entreprise à un besoin de trésorerie à l’avenir qui sera plus difficile à satisfaire, les banques n’ayant par la suite recours qu’à des garanties habituelles.

Ensuite, l’entreprise doit avoir une bonne estimation de ses besoins, non seulement de sa capacité d’autofinancement pour les années à venir, mais également de la croissance éventuelle de ses besoins, liée par exemple à une activité qui se développe. Ce remboursement est à composer avec d’autres solutions d’utilisation de la trésorerie : recourir à l’escompte auprès de ses fournisseurs ; augmenter son stock pour être réactif commercialement et ne plus être en flux trop tendus (et bénéficier d’économies d’échelle sur les achats groupés) ; investir dans du matériel plus performant pour gagner en efficience. Il faut, bien sûr, vérifier que les économies réalisées ou les avantages retirés ne soient pas inférieurs au coût de l’emprunt, et que la durée du retour sur investissement ne soit pas supérieure à la durée de remboursement du PGE. Autre vérification essentielle : la capacité de remboursement annuelle doit tenir compte des engagements passés. Les emprunts en cours ont peut-être même été décalés et rallongés. Il est donc primordial de vérifier que les remboursements futurs ne seront pas trop élevés par rapport à sa capacité à rembourser. La durée de remboursement devrait être calée sur la capacité de remboursement.

Si un projet d’investissement est en vue, le chef d’entreprise doit consolider son fonds de roulement. Et peut-être renforcer les fonds propres. Ainsi, il évitera que son taux d’endettement vienne, le cas échéant, freiner sa capacité d’emprunt.

Enfin, en cas d’incertitude, il est conseillé de prendre la durée maximale de remboursement et, si souhaité, de rembourser par anticipation une fois sa trésorerie sécurisée. Il serait absurde de mettre en défaut sa trésorerie par un remboursement trop hâtif, car le découvert et les pénalités de dépassement de découvert peuvent être largement supérieurs au coût global du PGE.

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