LA VACCINATION CONTRE LE COVID-19 PAR LES VÉTÉRINAIRES : UNE ANNONCE QUI DIVISE ? - La Semaine Vétérinaire n° 1894 du 09/04/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1894 du 09/04/2021

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL

Les organisations professionnelles vétérinaires ont apporté des précisions sur les modalités et l’encadrement juridique de la participation des vétérinaires volontaires à la campagne nationale de vaccination contre le Covid-19 telles que communiquées par le ministère des Solidarités et de la Santé. Des détails pratiques qui ne font pas l’unanimité au sein de la profession.

C’EST DONNANT-DONNANT !

CHRISTEL JOUBERT (T 97)

Praticienne en canine à Aubagne (Bouches-du-Rhône)

J’aurais été ravie d’aller vacciner bénévolement si notre profession n’avait pas été méprisée. Mais vu qu’on nous refuse la priorité pour la vaccination et qu’on va nous verser une aumône bien inférieure à celle des pharmaciens, je n’irai pas. J’estimerai que cette décision est une reconnaissance de notre professionnalisme dès lors que les vétérinaires seront considérés comme faisant partie du personnel soignant et inclus sur la liste des personnes prioritaires à vacciner. Certains de mes confrères, notamment en région parisienne, ont été refoulés à l’entrée des centres de vaccination. Aussi, je suis scandalisée par la réponse de la direction générale de la santé, suite à la demande de l’Ordre et du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), qui refuse que les vétérinaires soient prioritaires pour la vaccination tout en validant qu’ils vont pouvoir vacciner, c’est un scandale et un mépris de notre profession. Dans ce genre de crise, il faut que notre profession soit considérée au même titre que les professionnels de santé. C’est donnant-donnant.

J’OFFRIRAI MON INDEMNISATION À UNE ASSOCIATION

CHRISTOPHE HUGNET (L 93)

Praticien en mixte à La Bégude-de-Mazenc (Drôme)

Cette annonce était attendue. Aider au titre de la solidarité nationale est tout à fait légitime. Quand il y aura une arrivée massive des doses, il faudra des bras. Il est donc normal que les personnes qui ont la capacité et la compétence de faire des injections soient sollicitées. C’est une bonne nouvelle que les vétérinaires fassent partie du cortège. Toutefois, je constate qu’il existe des points de tension soulevés par des confrères, notamment en ce qui concerne la rétribution des vétérinaires volontaires. Ils se sont offusqués de cette rémunération en se comparant à d’autres professionnels. Malheureusement, ils ne tiennent pas compte des responsabilités des uns et des autres. Selon moi, il s’agit d’une fausse polémique. À titre personnel, si je suis indemnisé, j’offrirai mon indemnisation à une association. Enfin, je pense que nous devons contribuer à la hauteur de nos compétences et ne pas nous imaginer ce que nous ne sommes pas. Nous devons nous mobiliser au même titre que tous les Français afin de sortir de ce marasme sanitaire.

ON NAGE EN PLEIN DÉLIRE !

ARNAULD DURAND (T 91)

Praticien en canine à Bréhal (Manche)

Comme au bon vieux temps de la vaccination contre la fièvre aphteuse ! Nos experts en enfumage sont vraiment prêts à tout pour masquer la réalité des faits : en France, on n’a pas de vaccin, mais on recrute du personnel pour l’injecter ! On nage en plein délire ! Notre rôle est de protéger les bipèdes à station verticale en amont des pandémies zoonotiques, non pas d’aller se substituer aux personnels médicaux qui sont bien assez nombreux pour gérer ça. D’ailleurs, ce petit virus n’aurait pas provoqué une telle désorganisation de notre société si l’État n’avait pas, depuis vingt ans, sabré le budget de la santé humaine et fermé nombre d’hôpitaux et de places en réanimation dans les territoires, alors que nous payons 10 % des charges sociales mondiales, nous ne représentons même pas 1 % de la population mondiale. Cherchez l’erreur ! Et n’oubliez pas de payer votre Urssaf ! Pour ceux qui ne la connaissent pas, je vous conseille vivement de prendre connaissance des écrits de la philosophe Barbara Stiegler et de lire ce qu’elle pense de la gestion de cette « pandémie ».

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr