ÉCHOGRAPHIE OVARIENNE CHEZ LA VACHE LAITIÈRE - La Semaine Vétérinaire n° 1893 du 02/04/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1893 du 02/04/2021

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

OLIVIER SALAT, vétérinaire (15), membre de la commission Vaches laitières de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).

Article (partie 2) rédigé d’après la conférence (Échographie ovarienne chez la vache laitière : applications pratiques) présentée lors du congrès de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) du 28 au 30 octobre 2020 à Poitiers.

La reproduction des vaches laitières est l’un des principaux domaines d’intervention des vétérinaires praticiens. Alors que la méthode de suivi de la reproduction en élevage a longtemps été la palpation transrectale, l’échographie s’est imposée comme un moyen incontournable en gynécologie. Par sa simplicité et ses performances, il s’agit d’un examen complémentaire de choix dans la maîtrise de la reproduction bovine, pour réaliser des diagnostics précis et choisir les traitements les plus adaptés.

Une détection des anomalies

Ainsi, les anomalies sur les ovaires peuvent être détectées. C’est le cas des kystes ovariens, structures liquidiennes, dont le diamètre est supérieur à 25 mm1. Ils peuvent être observés et classés selon leur type (folliculaire ou lutéal). Il faut prendre garde de bien différencier les kystes lutéaux des corps jaunes cavitaires. En effet, un corps jaune cavitaire possède une cavité habituellement inférieure à 20 mm et une paroi d’épaisseur supérieure à 6 mm. Sa cavité centrale tend à régresser à partir du dixième jour du cycle et il disparaît après le dix-huitième jour. À l’inverse, les kystes lutéaux persistent sans évoluer. D’autre part, des formations kystiques cloisonnées sont souvent présentes lors de tumeurs de l’ovaire (granulosa). Leur contenu peut être séreux ou hémorragique, anéchogène ou moyennement échogène (un contenu hémorragique apparaît très gris clair à l’échographie) et une capsule conjonctive est également souvent observée sur ces types de tumeur. Toutefois, elles demeurent relativement rares chez la vache2.

Utilisation de l’échographie dans la maîtrise de la reproduction

Comme l’anœstrus post-partum et les phases lutéales prolongées expliquent 80 à 90 % des problèmes de reprise de cyclicité3, il est essentiel, sur une vache non vue en chaleur durant la période d’attente volontaire, de pratiquer un examen échographique complet du tractus génital. Il permettra de déterminer s’il s’agit d’un anœstrus vrai, d’un subœstrus (vache cyclée non observée en chaleur) ou d’un blocage du cycle par un kyste ou par un corps jaune persistant. C’est la visualisation d’un corps jaune qui permettra alors de différencier un anœstrus vrai d’un subœstrus. En effet, malgré le développement ces dernières années d’autres outils de monitoring comme les enregistreurs de l’activité, ces derniers ne sont pertinents, selon le conférencier, que dans 70 % des cas4. Quant à la détection des vaches réellement non cyclées, les détecteurs de chaleur ont un taux d’erreur de 50 % (vaches en anœstrus détectées en chaleur)5. Dans tous les cas, l’échographie se révèle donc bien plus fiable pour détecter la réalité ou non d’une cyclicité.

Vers une approche individuelle à l’avenir ?

Pour l’éleveur, c’est le diagnostic de non gestation qui prime et, surtout, c’est la mise en œuvre d’un traitement immédiat sur les vaches vides qui conditionne l’intérêt des suivis de reproduction. Or, actuellement, dans les élevages laitiers, deux modèles d’intervention se développent. Le premier, de type collectif, repose sur un usage massif d’hormones avec des synchronisations systématiques et des inséminations à jour fixe (norme en Amérique du Nord). Le second, de type individuel, privilégie l’observation échographique répétée des vaches au cours de la saison de reproduction (suivi de reproduction) complétée de traitements éventuels. C’est pourquoi, dans un contexte où les considérations portant sur le bien-être animal et sur l’usage raisonné des médicaments vétérinaires sont de plus en plus importantes, la deuxième approche semble non seulement plus rationnelle mais également bien plus acceptable pour le grand public. Le vétérinaire pratiquant régulièrement l’échographie peut donc devenir de ce fait l’intervenant de choix dans la reproduction bovine.

1. Maarten D. et Pieterse M.C., Ultrasound in bovine reproduction: uterus, ovaries, diagnosis and treatment, Le Nouveau Peripartum, SFB, Paris 25 et 26 novembre 1998, 213-220.

2. Kahn W., « Examen échographique des bovins », In Atlas de diagnostics échographiques, Editions Maloine 1994, p. 83-185.

3. Grimard B., Disenhaus C., Les Anomalies de reprise de la cyclicité après vêlage chez la vache laitière, Le Point Vétérinaire n° spécial Reproduction des ruminants : maîtrise et pathologie 2005, 7-16.

4. Fricke P.M., Carvalho P.D., Giordano J.O. et al., Expression and detection of estrus in dairy cows : the role of new technologies, Animal 2014 ;8 :134-143.

5. Stevenson J.S., Tenhouse D.E., Krisher R.L. et al., Detection of anovulation by heatmount detectors and transrectal ultrasonography before treatment with progesterone in a timed insemination protocol, Journal of Dairy Science, 2008;91:2901-2915.

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