« ACTUELLEMENT, NOTRE IMAGE ÉVOLUE UN PEU » - La Semaine Vétérinaire n° 1893 du 02/04/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1893 du 02/04/2021

DOSSIER

EN FRANCE, LA PRÉVENTION ET LA LUTTE CONTRE LES MALADIES ANIMALES DÉPENDENT D’UN RÉSEAU PUBLIC-PRIVÉ PERFORMANT ORGANISÉ AU SEIN DE L’ESA (ETAT, ORGANISMES SCIENTIFIQUES, LABORATOIRES D’ANALYSES, ORGANISMES REPRÉSENTANT LES ÉLEVEURS, VÉTÉRINAIRES, CHASSEURS…). QUELS PROGRÈS RESTE-T-IL CEPENDANT ENCORE À FAIRE ? TÉMOIGNAGE D’ÉRIC FÉVRIER (ALFORT 1980), VÉTÉRINAIRE MIXTE À DOMINANTE RURALE ET MAIRE À SAINT-MAMET-LA-SALVETAT (CANTAL).

Pour être encore plus efficace - notamment contre les zoonoses - faudrait-il davantage d’interconnexions entre la santé vétérinaire et la santé humaine ?

Oui, certainement. Malheureusement, certains administrateurs en santé humaine considèrent toujours qu’ils savent tout bien faire seuls ! Par exemple, lors de la première période de confinement, force est de constater que tout a été centralisé par les hôpitaux. Et ce alors que les vétérinaires apprennent dès l’école à gérer des épidémies, des zoonoses. Ce qui n’est pas le cas des médecins. Nous savons en effet depuis longtemps comment faire des vaccinations en groupe, comment déployer rapidement et efficacement une logistique au plus près du terrain. C’est ainsi, par exemple, que la profession a été capable de réagir, aux côtés des éleveurs, dans la lutte contre la fièvre catarrhale ovine (FCO), en 2008. Notre profession a en effet vacciné quelques dizaines de millions de têtes en quelque trois mois. Malgré ces réussites, il reste que nous, les vétérinaires, sommes de fait encore souvent considérés comme ne faisant pas partie des professionnels de santé !

Comment changer cette image dévalorisée ?

Nos syndicats ainsi que l’Ordre national des vétérinaires pourraient peut-être monter ensemble une campagne de promotion à la télévision ? Actuellement, notre image évolue un peu : la présence d’un vétérinaire dans le conseil stratégique qui conseille le Président est déjà un premier pas intéressant. Car c’est bien sur le terrain que les épidémies se déclarent le plus souvent, et beaucoup moins au sein des structures hospitalières. Oui, décidément, à mon avis, tisser des liens plus étroits entre médecins et vétérinaires libéraux aurait du sens. Lorsque j’étais conseiller général, j’ai d’ailleurs essayé de stimuler de semblables collaborations. En fait, actuellement, nos professions n’interagissent que si, au sein des communes, des praticiens libéraux des deux bords s’entendent bien. Ce qui reste une action encore trop localement limitée.

Faudrait-il aussi profiter de cette crise pour carrément inventer d’autres solutions ?

Pourquoi pas. Par exemple, parler des animaux permet de toucher les humains, c’est une porte d’entrée très pédagogique. Alors, pourquoi ne pas imaginer que des vétérinaires puissent être invités à venir parler dans les écoles pour instruire les générations futures sur la santé globale, sur l’interdépendance entre tous les vivants, sur les zoonoses. Des vétérinaires pourraient peut-être bénéficier de missions rémunérées en la matière. Dès à présent, les praticiens peuvent en tout cas aussi agir directement avec les propriétaires d’animaux, dans leur clientèle, aussi bien en rurale qu’en canine. De manière à aider la population à vivre avec les épidémies, en y faisant attention, mais sans pour autant sombrer dans un désespoir total. Je pense aussi que notre profession devrait intervenir davantage sur les réseaux sociaux, afin d’y assumer notre rôle de scientifiques.

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