QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL, UN ENJEU DE FIDÉLITÉ - La Semaine Vétérinaire n° 1890 du 12/03/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1890 du 12/03/2021

MANAGEMENT

ENTREPRISE

Auteur(s) : FRANÇOISE SIGOT

Déjà bien ancrée dans l’entreprise, la qualité de vie au travail (QVT) s’est retrouvée plus encore au cœur des problématiques des managers avec la crise sanitaire. Elle est décisive pour fidéliser les collaborateurs et les convaincre de s’engager.

Télétravail, équipe en roulement, gestes barrières, anxiété liée à la crise, autant d’éléments venus peser sur le bien-être au travail. Auxquels s’ajoutent chaque année, crise ou pas, les affections psychiques croissantes liées au travail. Selon les professionnels de santé, la crise accentue encore ce phénomène. Il est donc temps d’agir pour amener bonne ambiance et sérénité au sein des cliniques. Mais souvent, ce ne sont pas tant les remèdes qui sont difficiles à mettre en place que le diagnostic.

Libérer la parole

Comme face à la plupart des problèmes de relations humaines, la communication reste la base de la qualité de vie au travail. Les entretiens individuels peuvent être une bonne opportunité pour « enquêter » sur les choses à mettre en place pour améliorer cette qualité de vie. Des indicateurs régulièrement publiés par des instituts d’études sont aussi un bon moyen de prendre le pouls des attentes. À défaut de donner une vision de ce qui se passe au sein de sa propre structure, ils peuvent être une bonne base pour commencer à esquisser des solutions et les soumettre aux équipes. De quoi libérer la parole pour ensuite adapter ces solutions aux spécificités de la clinique. Pour ceux à qui l’exercice apparaît comme trop périlleux, les services de médecine au travail peuvent être de bons alliés. Ils savent comment gérer ces sujets et peuvent accompagner le diagnostic et la mise en place de solutions. Enfin, moult cabinets conseil, spécialistes de la qualité de vie au travail, peuvent aider à construire une démarche structurée capable d’évoluer dans le temps, car sur ce sujet comme ailleurs les attentes ne sont pas figées.

Des attentes incontournables

Pour un premier pas en matière de QVT, certains indicateurs et enquêtes donnent déjà une idée des points sensibles en la matière. Ainsi, la dernière étude d’Actineo, dont le baromètre décrypte, analyse et mesure l’évolution des modes de vie des Français au travail, relevait que les relations au sein de l’entreprise arrivent en tête des éléments qui influent sur la qualité de vie au travail. L’organisation de l’espace de travail et son équipement s’imposent aussi de plus en plus comme des éléments décisifs. Les espaces de convivialité, les salles de repos, les cuisines, les coins machine à café et même les espaces verts sont devenus pour une grande majorité d’actifs des éléments « incontournables » ou « très incontournables ». Salle de sport, conciergerie, bibliothèques sont considérés comme des « petits plus appréciés ». L’aménagement du poste de travail est également un élément qui contribue grandement à l’épanouissement des collaborateurs, en particulier la luminosité, mais aussi l’ergonomie des sièges. En la matière, la pratique vétérinaire, qui exige une posture souvent debout, aura certainement du mal à totalement satisfaire les attentes, mais rien n’est perdu sur d’autres éléments. En effet, la QVT se joue principalement sur la satisfaction globale de l’équipe et moins sur le contentement de revendications individuelles. Celles-ci ne doivent pas être négligées d’autant que bien souvent il s’agit de faire évoluer l’organisation à la marge.

Tenir les promesses

Une fois le diagnostic des attentes établi, il conviendra de proposer des solutions. Pour ce faire, les petits pas permettant de satisfaire vite et bien les attentes valent mieux que les promesses mirifiques. Et il n’existe pas meilleure recette que celle du projet collectif. Impliquer les collaborateurs dans l’analyse des attentes est indispensable. Les faire participer à l’aménagement des espaces de détente, à l’organisation de temps de détente en dehors du travail ou à la sélection d’un prestataire offrant des services comme une conciergerie d’entreprise par exemple est fortement conseillé pour obtenir l’adhésion du plus grand nombre.

Restent ceux qui reculeront ou tarderont à répondre aux attentes des collaborateurs en matière de qualité de vie au travail. Le baromètre d’Actineo livre quelques résultats à bien avoir à l’esprit, car les employeurs qui promettent sans tenir s’exposent à des conséquences implacables. Ainsi, 32 % des personnes interrogées dans le cadre de ce dernier baromètre disent ressentir le besoin de s’arrêter alors qu’ils ne sont pas malades, mais parce que l’ambiance de travail ne les comble pas. Cette proportion passe à 43 % dans les rangs des millénials (19-29 ans). Au final, les déçus de la qualité de vie au travail font les collaborateurs démissionnaires et, dans le pire des cas, les recrues potentielles perdues.

RETOUR D’EXPÉRIENCE

VÉRONIQUE ARNOUX

Vétérinaire associée du CHV AniCura Nordvet à Lille, 61 personnes – 5 associés, 2 vétérinaires salariés, 19 autres TNS (hors associés)

Le métier d’ASV ou de vétérinaire demande un investissement important, parfois même un sacrifice si on considère les horaires de travail. Sacrifice très largement accepté si les conditions de travail sont de qualité. C’est pourquoi nous avons mis en place le projet AniCura WoW, avec le support du réseau AniCura. Il s’agit d’un programme d’amélioration continue pour la qualité de vie au travail par des actions simples, visant notamment à réduire le stress des collaborateurs. L’objectif est de créer un environnement de travail propice à une bonne organisation et une bonne efficacité pour tous. Des groupes d’une dizaine de personnes (ASV ou vétérinaires) se réunissent chaque matin 5 minutes, et chaque semaine 20 minutes pour discuter des problèmes rencontrés dans la journée. Un thème d’étude est posé et l’objectif est de lister les problèmes, de chercher les solutions. Au cours de notre réunion hebdomadaire, nous prenons le temps de lister les problèmes résolus et ceux non résolus. Chaque membre du groupe de travail se fixe l’objectif de mettre en place une action pour résoudre le problème dans un délai que nous définissons. Nous proposons ensuite à toute l’équipe les nouvelles actions, afin qu’elles soient, ou non, mises en œuvre. Si ça ne fonctionne pas, on revient sur le thème et on recommence après avoir défini la raison de l’échec. Avec cette organisation, nous remarquons une nette augmentation de la satisfaction des membres du groupe de travail – impression de faire bouger les choses, de mieux écouter les autres, d’être attentif bienveillant face aux erreurs – et une amélioration dans l’efficacité – nous nous fixons des paramètres de mesure –, ce qui s’est rapidement traduit par une baisse des heures supplémentaires. Ainsi, l’équipe se soude petit à petit.

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