NOUVEAU DÉPART POUR VPT - La Semaine Vétérinaire n° 1890 du 12/03/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1890 du 12/03/2021

SOLIDARITÉ

ANALYSE

Auteur(s) : TANIT HALFON

Le réseau de médecine solidaire Vétérinaires pour tous va être relancé à l’échelle nationale, grâce aux dotations du ministère de l’Agriculture obtenues dans le cadre du plan de relance. Si sa construction et le détail de son mode de fonctionnement ne sont pas encore finalisés, la plus grande difficulté sera probablement de faire perdurer l’association sur le long terme.

C’est officiel : l’association de médecine solidaire Vétérinaires pour tous va être relancée. Grâce à un coup de pouce politique : dans le cadre du plan de relance gouvernemental de 100 milliards d’euros, 4,5 millions ont été attribués au projet. L’ambition est aussi grande que le timing est serré : il est prévu d’inclure sur le court terme 45 départements français dans le réseau. Et étant donné que le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a débloqué les premiers fonds au mois de février (versements sur deux ans), il est attendu des retours terrains rapides de la part de la profession. Notamment, une note de service du ministère1 diffusée mi-décembre indique que les statuts types des associations régionales relais de VPT doivent être disponibles d’ici la fin de l’année. De plus, en tant qu’association loi 1901, il est indiqué qu’il faut un nombre suffisant de vétérinaires adhérents au réseau au niveau régional, pour pouvoir rapidement être reconnu d’utilité publique. De quelle manière fonctionnera VPT ? L’idée générale est de proposer aux vétérinaires praticiens une solution unifiée pour tout le territoire. Par ailleurs, grâce au cadre VPT, le praticien n’aura plus à choisir quelle personne aider ou pas, et à quelle hauteur. Un groupe de travail est en charge d’étudier toutes les initiatives solidaires existantes sur le terrain2, « pour éviter la juxtaposition de solutions vétérinaires en privilégiant les synergies lorsqu’elles sont envisageables, précise Jacques Guérin, le président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV). Les initiatives dont j’ai connaissance ne sont pas toutes de même nature, ne reposent pas toutes sur une base juridique solide lorsque des soins vétérinaires sont dispensés dans des locaux ou des lieux qui ne sont pas autorisés3. Certaines, sous couvert de faciliter l’accès aux soins vétérinaires et de prévenir ainsi les abandons, me paraissent relever d’un intérêt particulier plutôt que d’un intérêt général. Le travail en cours sera sans aucun doute l’opportunité de rappeler aux vétérinaires praticiens les principes éthiques et déontologiques de la médecine vétérinaire solidaire dès lors que des soins sont dispensés à des animaux. »

Une répartition des tâches

En tant que projet professionnel, plusieurs instances sont impliquées : l’Ordre national des vétérinaires, mais aussi le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) et l’Association française des vétérinaires d’animaux de compagnie (Afvac). Le réseau sera structuré sur trois niveaux. Un premier niveau national (Fédération nationale), composé de membres des trois instances professionnelles, aura pour rôle d’assurer la coordination de l’ensemble et d’apporter les aides logistique et financière au deuxième niveau régional. Ce deuxième niveau sera organisé sous la forme d’associations VPT régionales, composées de membres fondateurs, de membres bienfaiteurs, de membres vétérinaires et de membres associés. Ces associations seront animées par un Conseil d’administration composé de 4 à 18 membres vétérinaires, avec un bureau de 4 personnes élues. C’est ce niveau qui sera en charge de régler les factures adressées par les structures vétérinaires adhérentes, et aussi de suivre les budgets. Enfin, il y aura des délégations départementales, composées de vétérinaires praticiens adhérents du réseau, qui seront en relation directe avec les préfets, les directions départementales de la protection des populations (DDPP), les services sociaux locaux et associations caritatives départementales. Elles géreront les adhésions des praticiens et statueront sur les dossiers complexes qui nécessitent le déblocage d’aides financières conséquentes. À ce jour, une dizaine de régions ont déjà déposé, ou sont en cours, leurs statuts.

Trois axes d’actions

Trois types d’actions sont visés. D’abord, l’aide aux particuliers aux faibles revenus dans les structures vétérinaires : dans ce cadre, il reste encore à définir plus précisément les contours des actes qui feront l’objet d’une prise en charge, mais il est déjà acquis que les soins de base, notamment le préventif, seront concernés (identification, vaccination, stérilisation, traitements antiparasitaires). Les cas les plus complexes, notamment ceux qui impliquent de débloquer des fonds plus importants, seront discutés, au cas par cas. En pratique, les praticiens pourront faire une demande VPT pour leurs clients, ou alors ce sont les services sociaux qui adresseront des personnes aux ressources limitées vers une structure adhérente au réseau. Les clients devront de leur côté envoyer les documents justifiant leur éligibilité au dispositif. À ce stade, cela se fera probablement via des plateformes téléphoniques et un secrétariat dédié à la gestion des dossiers. À terme, l’objectif est de créer une plateforme en ligne.

VPT vise également à favoriser l’accès aux soins pour les animaux des personnes sans domicile fixe (SDF), qui n’ont pas l’habitude de solliciter les vétérinaires. Ces consultations se feraient dans des locaux dédiés mis à disposition par les services sociaux, et si besoin les animaux seraient transférés dans des établissements de soins du réseau ou dans les écoles nationales vétérinaires de la zone géographique concernée. Enfin, VPT se veut également l’interlocuteur de choix des communes, lorsqu’elles souhaitent organiser des actions nécessitant des compétences vétérinaires. Cela peut être des soins aux SDF ou aux personnes démunies à mobilité réduite dans des locaux dédiés, ou d’actions relevant des politiques animales territoriales. Pour exemple, une action pilote est en cours avec la région Île-de-France dans le cadre du label « Ville amie des animaux » qu’elle a lancé. Plusieurs axes de travail sont envisagés, parmi lesquels la prise en charge des animaux errants, l’identification et la stérilisation des animaux de compagnie, ou encore les soins aux animaux des SDF dans les locaux du Samu social (Paris 12, pour débuter), avec la participation de praticiens et d’étudiants de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA).

Des financements à trouver

Dans ce réseau, le nerf de la guerre est bien entendu l’argent. Pour les soins aux particuliers, le principe est qu’un tiers de la facture soit réglé par le propriétaire, un autre tiers pris en charge par VPT et le tiers restant par le praticien VPT. Les critères d’éligibilité aux soins restent encore à déterminer mais se calqueront probablement sur ceux utilisés par les associations de protection animale. Il y aura un montant maximal de prise en charge, mais tout dépassement ferait l’objet de discussions au cas par cas. Il sera aussi possible de combiner les fonds VPT avec les aides proposées par les associations de protection animale, ce qui peut s’avérer utile pour les propriétaires ne pouvant pas régler leur tiers. Les soins aux SDF seraient a priori gratuits, et à voir quelle contrepartie il y aurait pour les vétérinaires mobilisés. Pour les politiques territoriales, des conventions entre VPT et les communes seraient établies. Les fonds VPT seront issus, dans un premier temps, de la dotation du plan de relance : une enveloppe de 50 000 euros par an, sur deux ans, est ainsi prévue pour chacun des 45 départements. Une cotisation, symbolique, sera aussi demandée à chaque structure vétérinaire adhérente au dispositif. Et à la fin des deux ans ? À ce stade, les solutions sont encore à trouver, mais comme le précise Jacques Guérin, pour les acteurs du projet, « il est d’emblée affirmé l’objectif d’autonomie de VPT ».

1. www.bit.ly/2OqrZM4

2. Si vous faites de la médecine solidaire, complétez le lien suivant : www. bit.ly/3bi2yW8

3. La médecine foraine étant interdite, il faut une autorisation préalable de l’Ordre pour dispenser des soins, en dehors d’une structure vétérinaire.

Pour en savoir plus : www.bit.ly/3sQE6kz

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