« LA SOLUTION, C’EST LA SOLIDARITÉ ENTRE TOUS LES VÉTÉRINAIRES »

L’aventure Vétérinaires pour tous a initialement débuté dans les années 1990, dans plusieurs départements, chacun ayant ses propres modalités de fonctionnement. Mais à la suite d’un procès perdu par le Conseil général du Var pour l’octroi de financements au réseau VPT du département¹ (le tout premier VPT de France), les initiatives locales se sont progressivement arrêtées. Pas toutes néanmoins. Dans le département de la Vienne par exemple, l’association VPT fonctionne toujours depuis sa création en 1997 ! Son mode de fonctionnement se rapproche de ce qui est prévu pour le « nouveau » VPT. Il y a d’abord les soins aux animaux des personnes démunies. « Chaque vétérinaire adhérent peut proposer à un de ses clients, une prise en charge VPT, à raison d’un tiers des frais qui seront réglés par l’association, un tiers par le vétérinaire et un tiers par le propriétaire de l’animal, explique Christian Collinot, le secrétaire de VPT 86. Les personnes éligibles au dispositif doivent justifier d’un bas revenu - RSA ou allocation handicapé et feuille de non-imposition, ce qui correspond en gros à un revenu inférieur à 800 euros par personne. Les soins sont limités à un animal par foyer. »

Des soins de qualité

Il n’y a pas de limitation particulière dans le type de soins pouvant faire l’objet d’une aide, et surtout, ce ne sont « pas des soins au rabais. Nous proposons les solutions les plus pertinentes possibles et adaptées au cas, après discussion avec le propriétaire, comme cela se passe dans n’importe quelle consultation. » Entre 50 et 80 dossiers sont traités chaque année. Depuis quelques années, d’autres actions sont aussi mises en place avec au printemps des campagnes de vaccination et identification pour les chiens de propriétaires démunis y compris de personnes sans domicile fixe, et en automne des campagnes de stérilisation et identification des chats. Des conventions peuvent aussi être passées avec les mairies pour la stérilisation des chats libres. Côté sous, VPT 86 reçoit chaque année, des subventions du département de la Vienne, de la ville de Poitiers et de partenaires de la profession. « Chaque structure vétérinaire avance les frais, et VPT les rembourse en fin d’exercice. Tous les vétérinaires VPT sont d’accord : l’association versera le montant dû… ou moins si les caisses ne sont suffisamment remplies », précise Christian Collinot.

Soigner le maillage

Comment expliquer cette longévité ? Comme le souligne Eric Meyer, président de VPT 86, le secret de la réussite est d’avoir réussi à fédérer presque toutes les structures vétérinaires du département. Grâce à ce maillage, les actes de médecine solidaire sont répartis équitablement entre chaque structure : un avantage certain pour répartir le travail et les coûts. Dans ce cadre, les personnes qui entrent dans le dispositif doivent aussi justifier d’une proximité géographique avec la structure vétérinaire : un pare-feu contre les dérives, permis par l’efficacité du maillage. La cotisation de départ pour adhérer est également symbolique. Eric Meyer souligne enfin l’importance d’avoir des frais de fonctionnement réduit au maximum : « C’est vraiment un gage de qualité : ça montre bien l’engagement et la sincérité de la démarche auprès des donateurs ». À VPT 86, il n’y a aucun frais de fonctionnement. Si les deux sont enthousiastes de la création du VPT national, ils rappellent bien l’importance de la solidarité entre vétérinaires pour que cela tienne sur la longueur. « Ça va demander un petit miracle quand même », estime Eric Meyer.

1. Le procès ne portait que sur la forme (origine du financement). L’arrêt des VPT a été aussi lié à des problématiques financières.