L’ESSOR DES MÉTIERS AUTOUR DE L’ANIMAL : CONCURRENCE OU COMPLÉMENTARITÉ ? - La Semaine Vétérinaire n° 1890 du 12/03/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1890 du 12/03/2021

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD

Quantité de métiers existent actuellement autour de l’animal : nutritionnistes, masseurs, éducateurs, ostéopathes… Quand ces fonctions sont exercées par des non-vétérinaires, comment sont-ils perçus par la profession ? De fait, des situations extrêmement diverses coexistent.

LA PROFESSION SE LAISSE DÉPASSER…

GÉRALDINE BLANCHARD (A 94)

Agrégée de nutrition, PhD, Dipl. EBVS-ECVCN et fondatrice du site cuisine-a-crocs.com

Historiquement, notre profession valorise sa mission de soins. Quantité d’autres activités ont ainsi été délaissées ou tardivement prises en compte par les vétérinaires : insémination, éducation, ostéopathie, dentisterie… Pour répondre à la demande, d’autres types de professionnels ont en quelque sorte pris une place laissée vacante. Dans certains cas, cela pose problème. Par exemple, n’importe qui peut se faire appeler nutritionniste : aucun règlement ne définit ce titre. Pourtant, seul un vétérinaire diplômé est légalement autorisé à s’occuper de l’alimentation d’un animal malade. Donc, pour un animal en bonne santé, oui à un agronome qui s’occupe d’alimentation, avec compétence. Oui aussi aux vétérinaires titulaires d’un certificat d’études supérieures en diététique, et naturellement aux spécialistes en nutrition clinique, diplomate du Collège européen, car oui, la nutrition est une spécialité vétérinaire. C’est un sujet grave, car si la malnutrition ne tue pas vite, elle rend à coup sûr malade, et peut tuer prématurément…

VEILLONS À LA QUALITÉ DES FORMATIONS

ESTELLE CHARLIER (A 99)

Exercice exclusif en ostéopathie vétérinaire toutes espèces à Zommange (Moselle)

Dans mon métier d’ostéopathe, je travaille avec profit avec le maréchal-ferrant, des professionnels en phytothérapie ou en shiatsu, etc. Vétérinaires de formation ou pas, il m’importe surtout que ces partenaires aient été bien formés, sinon cela risque de desservir l’image de toutes les médecines alternatives. De même, la physiothérapie prend de plus en plus de place dans les prises en charge des pathologies articulaires et des chiens de sport. Elle ne devrait pas se limiter à une simple utilisation d’outils tels que le laser ou l’Imoove Vet. Une formation valable doit être évaluée en termes d’heures de pratique, être enseignée par des diplômés reconnus et expérimentés. Concernant les ostéopathes animaliers non vétérinaires, il y en a qui n’ont pas voulu passer la nouvelle validation chaperonnée par l’Ordre depuis deux ans. Conséquemment, ils ont changé d’appellation pour devenir soit des thérapeutes manuels soit des énergéticiens. Qu’il doit être difficile pour un public non averti de s’y retrouver ! Il faut donc continuer à mieux réglementer certains des métiers tournant autour de l’animal, tout en informant davantage le grand public.

LES ÉDUCATEURS ME SONT COMPLÉMENTAIRES

GUILLAUME SARCEY (L 90)

Vétérinaire comportementaliste, praticien en canine et équine à Gap (Hautes-Alpes)

Je travaille en synergie avec une éducatrice canine : nous réalisons des réunions hebdomadaires dédiées aux cas que nous suivons conjointement. Nous construisons ensemble de nouvelles stratégies de soins, comme les méthodes de pistage utilisées à des fins thérapeutiques. Elle m’adresse les chiens qui ont perdu leurs capacités adaptatives et nécessitent une prise en charge médicamenteuse. Elle assure le suivi des thérapies comportementales, entretient la motivation des propriétaires et s’assure de l’observance des traitements. Nos clients sont habituellement ravis et même rassurés de pouvoir bénéficier d’une telle prise en charge pluridisciplinaire… La profession vétérinaire a tout intérêt à s’ouvrir plutôt qu’à s’opposer à l’émergence d’autres métiers tournant autour de l’animal. Mais il est nécessaire que ces professionnels aient suivi une formation adéquate ! C’est pourquoi je fais partie du comité de la Société française pour l’étude du comportement animal (SFECA) qui dispense un label aux éducateurs canins, félins et équins, après évaluation de leurs connaissances scientifiques et de la rigueur de leur démarche.

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