Dystopie et fantaisie

Loin du réalisme qui domine les romans contemporains, ce livre renoue avec l’imagination fantasque des contes satiriques. Il n’en aborde pas moins un sujet grave : la difficulté de décider les gouvernants à s’engager contre le déclin de la biodiversité. Nous sommes en 2031 et la plupart des espèces animales sont sur le point de disparaître. Un généticien vétérinaire, spécialiste de la fécondation in vitro, organise un sommet de chefs d’États pour ratifier un traité de protection, crucial pour la planète. Piégé par son émotivité provoquée par un lobbyiste sournois, le scientifique est mis à l’écart des débats. Une intervention divine dépêche alors une délégation d’animaux – un gorille, un dalmatien, une chatte, une truie – transformés en humains pour plaider leur propre cause. La difficulté d’échapper à leur nature animale sera source de sérieux cafouillages qui compromettront la signature du traité et réjouiront les amateurs de loufoque. Contrairement au monde réel, les lobbyistes n’auront pas le dernier mot.

Voix d’extinction de Sophie Hénaff, éditions Albin Michel, 14 × 20,50 cm, 368 pages, 19,90 €.