LE DÉBIT DE FILTRATION GLOMÉRULAIRE POUR ÉVALUER UNE NÉPHROPATHIE - La Semaine Vétérinaire n° 1889 du 05/03/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1889 du 05/03/2021

NÉPHROLOGIE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA

Une étude1 s’inscrit dans la continuité d’un précédent article2 indiquant qu’une valeur de SDMA supérieure à 18 µg/dl chez un chien d’apparence normale suggérait une baisse du débit de filtration glomérulaire (DFG) supérieure à 40 % avec une performance très prometteuse : 90 % et 83 % de sensibilité et spécificité. Pour affiner l’évaluation de la masse fonctionnelle rénale, l’estimation du DFG continue cependant de représenter le standard et les conclusions de cette nouvelle publication souligne l’intérêt de connaître la méthode et renforce le niveau de connaissance en néphrologie chez le chien.

Un protocole allégé

Les 132 chiens d’apparence saine inclus dans l’étude ont été évalués après une mise à jeun de 12 heures, mais avec accès à l’eau. Ils ont bénéficié d’un protocole allégé, consistant en une administration unique d’iohexol (300 mg/kg IV), suivie par la collecte sur tube sec d’échantillons sanguins 2, 3 et 4 heures après l’injection. La concentration sérique d’iohexol a été estimée par une méthode électrophorétique dédiée (laboratoire de référence) afin d’évaluer sa clairance à l’aide d’une formule corrigée, déjà validée, et spécifique à l’espèce canine. Le DFG obtenu a ensuite été comparé à une valeur usuelle théorique ajustée au gabarit des chiens regroupés par catégorie de poids. Aucun des chiens inclus n’a présenté d’insuffisance rénale directement liée à l’injection d’iohexol (connu comme produit néphrotoxique).

L’évaluation de la clairance d’iohexol pourrait s’avérer utile lors de polyuro-polydipsie chez un chien non azotémique, ne présentant pas d’augmentation de la SDMA et avec une hypersthénurie persistante, voire une discrète chute de densité urinaire. Cette évaluation possède également l’intérêt de dépister des sujets de races prédisposées aux néphropathies héréditaires en phase préclinique, voire de suivre dans le temps un chien déjà connu pour démontrer une baisse de DFG. Par ailleurs, tout comme chez l’humain, l’évaluation du DFG chez le chien intéresse en pharmacologie lors des prévisions de dose et fréquence d’administration d’un médicament présentant une excrétion tubulaire ou suite à l’exposition chronique à un agent néphrotoxique.

Catégorisation de chien d’apparence normale

Les opérateurs ont regroupé les chiens au sein de 4 groupes à la lumière des résultats de leur DFG. Le groupe A1 ne présentait pas d’azotémie ou d’argument en faveur d’une néphropathie, le groupe A2 présentait une néphropathie et/ou une azotémie (ou majoration de la SDMA) contemporaine, le groupe B présentait une possible néphropathie aiguë non azotémique et les chiens placés dans le groupe C présentaient plusieurs autres affections peu spécifiques à l’appareil urinaire. Le suivi longitudinal a conforté la classification obtenue, notamment auprès du groupe majoritaire (A1) au sein duquel la plupart des chiens ont reçu un diagnostic de polydipsie psychogène ou de diabète insipide. Cependant, un sous-groupe a néanmoins développé une néphropathie chronique durant le suivi, sans que cette anomalie ne puisse être reliée à l’évaluation initiale du DFG. Pour le groupe B, tous les chiens dont le DFG obtenu était normal n’ont pas présenté d’insuffisance rénale aiguë (IRA). Ainsi, un DFG normal en cas de suspicion d’atteinte rénale aiguë permet d’exclure la possibilité d’une IRA pré-azotémique.

1. McKenna M., Pelligand L., Elliott J. et coll., Clinical utility of estimation of glomerular filtration rate in dogs, J Vet Intern Med., 2020;34(1):195-205.

2. Voir La Semaine vétérinaire n° 1888 du 26 février 2021, page 25.

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