La vie dans les bois

Attiré très tôt par la forêt qui jouxtait sa maison familiale, en Normandie, Geoffroy Delorme a fini par s’y installer dans un dénuement volontaire - on pense à John Muir ou Henry David Thoreau -, sans autre bagage qu’un sac de vêtements en laine, un couteau, des allumettes et un appareil photo. D’une longévité étonnante - dix ans en tout -, cette expérience radicale n’a pas pour autant été solitaire. Gagnant la confiance des chevreuils, le jeune homme a pu les accompagner saison après saison, imitant leur mode de vie, jusqu’à leur régime alimentaire. Grâce à son attention aiguisée et bienveillante, il a noué avec chacun un lien singulier. On peut a priori sourire de l’ingénuité d’un récit de vie marginale qui met en avant la compagnie d’attachants cervidés, d’ordinaire ignorés. Mais il mérite davantage. Porte ouverte sur le merveilleux, le livre, dans un mélange désarmant de modestie et d’intelligence des sens, nous initie réellement à l’intimité des bois et opère un convaincant renversement du regard.

L’Homme-chevreuil, Sept ans de vie sauvage de Geoffroy Delorme, éditions Les Arènes, 14,5 x 22 cm, 256 pages, 19,90 €.