LA RECHERCHE EN TRANSPARENCE - La Semaine Vétérinaire n° 1889 du 05/03/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1889 du 05/03/2021

EXPÉRIMENTATION ANIMALE

ANALYSE

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL

Les acteurs français de la recherche publique et privée ont signé en février dernier la charte de transparence sur le recours aux animaux à des fins scientifiques et réglementaires. Objectif : informer le grand public et mettre fin aux idées reçues.

Plus de transparence et une meilleure pédagogie afin de mieux appréhender les enjeux autour de l’expérimentation animale. C’est le but de la charte de transparence1 sur le recours aux animaux à des fins scientifiques et réglementaires signée le 22 février par les acteurs français de la recherche publique et privée, avec le soutien de l’Académie vétérinaire de France (AVF). Il s’agit de la première initiative française en la matière qui fait écho à des démarches similaires dans d’autres pays européens. Parmi les signataires figurent le Syndicat de l’industrie du médicament et diagnostic vétérinaires (SIMV) et le Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche (Gircor).

Un silence scientifique

Pour Ivan Balansard, président du Gircor, et vétérinaire, en charge du bureau éthique et modèles animaux du CNRS, ce manque d’information du public est principalement lié au silence que s’est imposé la communauté scientifique sur l’expérimentation animale. « Près d’un Français sur trois croit même qu’aucune réglementation n’encadre l’expérimentation animale. Récemment, un référendum d’initiative partagée a demandé que les modèles alternatifs soient obligatoires en recherche lorsqu’ils existent. Or, cette disposition est déjà inscrite dans le Code rural depuis plus de trente ans ». Pour lui, il faut absolument sortir de cette vision caricaturale de la recherche. « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise recherche, selon qu’on utilise ou non des modèles animaux. En réalité, toutes les approches - in vitro, in silico, in vivo - sont complémentaires et nécessaires à un projet de recherche. » Anne Marie Imbs-Viallet, responsable des affaires techniques et réglementaires au SIMV, regrette aussi le manque d’information du public sur les raisons et les conditions dans lesquelles l’expérimentation animale se pratique. « Il en résulte de l’incompréhension et des idées reçues. Il a paru nécessaire de répondre au besoin d’une information claire et transparente. »

Des actions concrètes

Selon Ivan Balansard, « il y a tout un pan de la recherche biomédicale dont on parle peu, celui de la recherche en médecine vétérinaire. En France, le chat est aujourd’hui utilisé quasi exclusivement pour développer des médicaments et des vaccins vétérinaires. Interdire, comme le demandent certaines associations, la recherche avec des chats, reviendrait à les priver des vaccins et des médicaments qui les protègent et les soignent. » Il affirme que les engagements de cette charte sont concrets. « Le rôle du Gircor est de coordonner cette démarche. Nous travaillons avec tous les signataires afin que chaque année nous produisions un rapport annuel, rendu public, qui fera état de toutes les initiatives concrètes prises pour répondre à cette demande de transparence provenant du grand public. Un de nos objectifs est aussi que tous les signataires disposent d’une page d’information dédiée aux modèles animaux sur leur site internet. » Des actions que le SIMV s’est engagé à appliquer. « La signature de l’ensemble des acteurs majeurs de la recherche publique et privée en France témoigne de la convergence de principes éthiques exigeants partagés par l’ensemble de la communauté scientifique », poursuit Anne Marie Imbs-Viallet.

1. www.bit.ly/3bSOIIT

Une charte, quatre engagements

La charte de transparence sur le recours aux animaux à des fins scientifiques et réglementaires en France prévoit quatre engagements :

- Expliquer les raisons et les conditions du recours aux animaux à des fins scientifiques et réglementaires,

- Diffuser l’information auprès du grand public et des médias,

- Faciliter les échanges d’information avec le grand public et des médias,

- Produire chaque année un document sur les progrès en matière d’information du public.

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