ÉCOCITOYENNETÉ
PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC
Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON
Et si les litières végétales devenaient la norme ? Trop polluantes, non valorisables, potentiellement cancérigènes, les litières à base de silice sont de plus en plus décriées. Une proposition de loi visant leur interdiction sera même prochainement débattue.
L’empreinte écologique des chats est dans l’œil de mire des collectivités locales. C’est aussi un sujet de réflexion des consomm’acteurs comme des producteurs de litières au niveau mondial. Dès juin 2019, le distributeur Carrefour et le fabricant Mars Petcare annonçaient arrêter la vente de litières de silice pour des raisons environnementales. Le début d’une évolution salutaire.
Le constat est simple : la litière minérale fait partie des déchets ultimes, non compostables, classés déchets toxiques après incinération, devant être enfouis. Au coût de la litière s’ajoutent donc celui de la collecte, de l’enfouissement et le coût foncier inhérent. Pour un propriétaire de chat utilisant de la litière minérale, le poids annuel de celle-ci est d’environ 180 kg, voire plus selon le manque de performances ; et ce ne sont pas moins de 270 kg par an de déchets ménagers qui sont générés par les utilisateurs de litières minérales à base d’argile, les moins performantes. Les litières usagées représentent 3,5 % de l’ensemble des déchets ménagers ; dans les zones urbaines, elles peuvent même aller au-delà de 5 %. Raison pour laquelle François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône, appelle ni plus ni moins à l’interdiction pure et simple des litières minérales (voir encadré). Passer d’une litière minérale à une végétale modifie radicalement la destination du déchet, de par sa nature qui devient un produit organique, biodégradable, voire valorisable comme fertilisant, et combustible.
Pour les détenteurs de chats ayant un jardin, les éleveurs professionnels et les refuges de protection animale, le compostage de la litière végétale (déjections félines mélangées à des copeaux ou de la sciure de bois) n’est pas soumise à la réglementation relative aux sous-produits animaux1 car les déjections des animaux familiers sont exclues de son champ d’application. Toutefois, il ne faut pas oublier le risque zoonotique porté par les litières usagées et la nécessité d’une valorisation sûre et prévenant tout risque de contamination par ces déjections, notamment par Toxoplasma gondii.
Afin d’être vendu puis utilisé, un compost de litière végétale pour chat doit disposer d’une autorisation de mise sur le marché ou d’une dispense réglementaire2, comme la conformité à une norme afin de vérifier son efficacité agronomique et son innocuité suite à un processus de fabrication adapté assurant l’absence de transmission de pathogène. Néanmoins, le particulier qui composte les litières de ses chats et les utiliserait chez lui n’est pas soumis à cette règle. Le végétal a donc le vent en poupe, même si toutes les collectivités locales n’y souscrivent pas. Si certaines mairies recommandent fortement l’utilisation des litières végétales et compostables, d’autres, par peur et manque d’informations, les interdisent formellement, y compris pour certains refuges de protection animale qui n’ont pourtant pas attendu pour prendre le chemin vertueux du végétal, utilisant les pellets de bois, économiques pour leur budget et pour la planète.
Trois études américaines3,4,5 ont par ailleurs montré une prévalence plus importante pour les femmes propriétaires de chats à développer des cancers du poumon et colo-rectaux. Les auteurs émettent l’hypothèse de la présence d’aflatoxines dans les litières, mais la nature même de la silice et des poussières de litière minérale ne sont pas à exclure.
L’obligation qui va être faite en 2023 aux citoyens, et aux cliniques vétérinaires, de trier les déchets à la source est l’opportunité pour les équipes vétérinaires d’aborder dès maintenant le sujet de la santé de la planète avec leurs clients, en valorisant des produits fabriqués localement, et d’autant plus vertueux pour le climat que leur capacité d’absorption est grande. Actuellement, seulement 8 % des litières utilisées sont végétales, 92 % sont minérales. La litière Yesterday’s news (à base de papier recyclé), très utile pour les réveils de chirurgie, avait ouvert la voie. À nous de valoriser des produits et des conseils éthiques, pour permettre une évolution écoresponsable rapide.
1. Règlements (UE) n° 142/2011 et (CE) n° 1069/2009.
2. Article L. 255-5 du Code rural et de la pêche maritime.
3. Adhikari A., Jacob N.K., Hansen A.R. et coll., Pet ownership and the risk of dying from lung cancer, findings from an 18 year follow-up of a US national cohort, Environ Res., 2019;173:379-386. www.bit.ly/3qbVrnc
4. Adhikari A., Wei Y., Jacob N. et coll., Association between pet ownership and the risk of dying from colorectal cancer: an 18-year follow-up of a national cohort, J Public Health (Berl.), 2019;28:555-562. www.bit.ly/3p9QcTL
5. Buck B., Muniz-Rodriguez K., Jillson S. et coll., Pet ownership and risk of dying from cancer: observation from a nationally representative cohort, Int J Environ Health Res., 2019;30:105-116. www.bit.ly/2Z7kiNe