UNE RADIOTHÉRAPIE À LA POINTE LORS DE TUMEURS NASALES CHEZ LE CHIEN - La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021

CANCÉROLOGIE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA

Une revue de la littérature s’intéresse au diagnostic et à la prise en charge des tumeurs nasales chez le chien1. Celle-ci s’attache particulièrement à préciser les possibilités thérapeutiques, en particulier la radiothérapie.

Épidémiologie

Les tumeurs nasales représentent 1 à 2 % de l’ensemble des affections néoplasiques chez le chien. Par ailleurs, jusqu’à 70 % des chiens avec une rhinopathie chronique reçoivent un diagnostic final de tumeur nasale. Environ 65 % des tumeurs nasales du chien sont des carcinomes, tandis que le tiers restant est représenté par les sarcomes des tissus mous. De rares lymphomes, mastocytomes, mélanomes et autres sont ponctuellement rencontrés. L’épidémiologie est de plus en plus documentée : les races dolichocéphales sont surreprésentées - retrievers et bergers principalement. Bien que quelques études aient documenté une surreprésentation des mâles, il n’existe pas de prédisposition de sexe évidente. Les chiens atteints sont souvent âgés, autour de 10 ans.

L’imagerie en coupe incontournable pour le diagnostic

L’examen tomodensitométrique peut permettre de différencier une tumeur d’une rhinite aspergillaire, d’une rhinite non spécifique ou associée à un corps étranger. Le scanner autorise également la délinéation spatiale précise et peut aider à orienter le diagnostic. Par exemple, alors que les tumeurs nasales se présentent presque toutes sous la forme d’une masse comblant la cavité nasale avec une importante prise de contraste parfois associée à une lyse des cornets nasaux, les chondrosarcomes ont la particularité de présenter des minéralisations en arc ou en anneau, voire sous une forme décrite en « popcorn » (voir photo). L’IRM serait plus sensible pour identifier un envahissement de la boîte crânienne. Cet envahissement, la présence d’une adénomégalie rétropharyngienne et la visualisation de nodules pulmonaires constituent des critères pronostics péjoratifs. Les études, hétérogènes, ne permettent pas d’obtenir des données fiables quant au lien entre le type histologique de la tumeur et le pronostic.

L’évolution des méthodes de prise en charge

Les modalités employées auparavant (rhinotomie pour exérèse) entraînaient un risque de complication peropératoire non négligeable et ne semblaient pas allonger la survie. Désormais, au-delà d’une exérèse chirurgicale après rhinotomie, la radiothérapie permet d’obtenir les meilleurs résultats et les survies les plus longues. Les modalités sont nombreuses. Elles regroupent les outils de brachythérapie, ceux employant le cobalt 60 via des sondes externes et les accélérateurs linéaires via des protocoles de rayonnements multiples et très spécifiques - électroniques, protoniques, d’orthovoltage ou de mégavoltage. La technique de radiothérapie en mégavoltage délivrée par des accélérateurs linéaires était la plus répandue en oncologie vétérinaire ces dernières années. Désormais, le développement des protocoles de recherche a permis l’accès à des techniques de plus en plus abouties telles que la radiothérapie à modulation d’intensité, la radiothérapie ou la radiochirurgie interventionnelle stéréotaxique, la radiothérapie hélicoïdale (thomothérapie) ou la radiothérapie conformationnelle par modulation d’intensité. L’objectif commun reste l’application d’un rayonnement plus intense et plus ciblé sur la lésion, ce qui en limite les effets indésirables. Au-delà de la radiothérapie qui nécessite une hospitalisation longue, des soins possiblement lourds et coûteux, peuvent également être envisagées par des équipes spécialisées des techniques de cryothérapie, d’électrochimiothérapie ou de thérapie photodynamique.

1. Mortier J.R. et Blackwood L., Treatment of nasal tumours in dogs: a review, J Small Anim Pract., 2020;61(7):404-415.

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