UN VÉTÉRINAIRE POUR PRÉSIDENT - La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021

ACADÉMIE D’AGRICULTURE DE FRANCE

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

Parmi les nouveaux membres du bureau 2021 de l’Académie d’agriculture de France (AAF) présentés le 6 janvier dernier, Jacques Brulhet (Alfort 1968) a été élu à la présidence de l’institution pour succéder à Nadine Vivier. Interrogé sur ses motivations et son rôle de représentant de la profession vétérinaire dans l’agriculture française, voici le portrait d’un homme au parcours riche et singulier.

Pourquoi avoir postulé au titre de président de l’Académie d’agriculture de France ?

Jacques Brulhet : Cette élection comme président de l’Académie d’agriculture de France (AAF) est la suite d’une longue carrière consacrée à l’agriculture, aux productions animales et à la pêche. Après ma sortie d’Alfort en 1968, j’ai obtenu un DEA en océanographie biologique (Paris VI), suivi une formation en économie du développement, pour occuper pendant près de vingt ans plusieurs postes en coopération, successivement au Cambodge, en Mauritanie et principalement en Côte d’Ivoire, au cabinet du ministre des productions animales. J’ai été à partir de 1987, et pendant onze ans, dans le secteur privé des produits de la mer. En 1998, j’ai rejoint l’administration, dans diverses fonctions : traitement des farines animales, chef de division à l’office des viandes, création d’une interprofession Normabev1, etc. C’est en 2005 que j’ai été nommé vice-président du Conseil général vétérinaire (CGV) et chef du corps des inspecteurs de la santé publique vétérinaire, pour ensuite en 2009 prendre la vice-présidence du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). En retraite active depuis 2012, j’ai intégré l’AAF la même année, pour la présider en 2021. C’est sans doute cette expérience et ce parcours diversifié qui m’ont permis d’être élu dans cette fonction de président.

N’ayant jamais exercé en pratique rurale, êtes-vous sensibilisé aux problématiques rencontrées par les vétérinaires ruraux actuels, notamment le déficit de vétérinaires exerçant en zone rurale ?

Je n’ai jamais exercé en clientèle, mais je reste très préoccupé par les questions du recrutement et du maillage vétérinaire dans nos territoires ruraux. J’y ai travaillé à plusieurs reprises, notamment lorsque j’étais patron du CGV puis du CGAAER, avec plusieurs rapports remis au ministre. L’un d’entre eux proposait d’augmenter le nombre de vétérinaires formés dans les écoles françaises, à la fois pour les besoins en rurale, mais aussi pour former plus de confrères étrangers qui sont très demandeurs. J’y proposais déjà à l’époque la création d’une cinquième école en France2. Entre 2007 et 2010, j’ai largement contribué au maintien de l’école d’Alfort dans son site d’origine, permettant l’ambitieux programme de rénovation en cours.

Quelles seront vos principales missions pour l’année à venir ?

Le président assure principalement une synthèse des très nombreux travaux entrepris. Plus personnellement, j’attacherai du prix aux domaines de l’alimentation, dont les liens avec les productions agricoles et les entreprises transformatrices sont encore parcellaires, au concept de One Health - santés humaine, animale, végétale, environnementale - en liaison avec l’Académie vétérinaire de France, à la nécessaire transition agroécologique, à la dimension internationale de l’AAF à travers le Groupe interacadémique pour le développement (GID), dont je suis animateur, et où l’AAF intervient dans plusieurs programmes - agricultures africaines, patrimoines naturels, gestion de l’eau en Méditerranée, etc.

Comment pensez-vous pouvoir faire valoir les intérêts de notre profession auprès du milieu agricole ?

Je serai le sixième vétérinaire président de l’AAF depuis quatrevingts ans (cf. encadré). Notre approche de la complexité, de l’analyse et de la recherche de solutions des problèmes est souvent fort différente de celle des ingénieurs ou des chercheurs ; elle est précieuse, et c’est ce que j’essayerais de porter. Par ailleurs, notre profession est incontournable lorsque l’on parle d’élevage, de génétique, de santé animale bien sûr, mais aussi de sécurité sanitaire des aliments et d’alimentation en général. Nos liaisons avec l’Académie vétérinaire de France (AVF) seront aussi renforcées.

1. Cotisation Normabev (Association technique interprofessionnelle du bétail et des viandes) mise en place en 2002 par l’Interprofession bétail et viandes (Interbev)

2. www.bit.ly/3aavzBg

DES VÉTÉRINAIRES À LA TÊTE DE L’ACADÉMIE D’AGRICULTURE DE FRANCE

Depuis 1945, cinq vétérinaires ont occupé la présidence de l’Académie d’agriculture de France :

- Clément Bressou en 1953

- Étienne Letard en 1960

- Louis Marcenac en 1964

- Raymond Ferrando en 1991

- Jacques Risse en 2007

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