« LE VÉTÉRINAIRE DOIT DÉCIDER AVEC LE PROPRIÉTAIRE DE POURSUIVRE OU NON LE TRAITEMENT » - La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021

PHARMACIE

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL

LAURENT FUHRER EST SPÉCIALISTE EN NEUROLOGIE VÉTÉRINAIRE. MEMBRE DU COLLÈGE EUROPÉEN DE NEUROLOGIE VÉTÉRINAIRE (ECVN) ET DU GROUPE D’ÉTUDE EN NEUROLOGIE (GEN) DE L’ASSOCIATION FRANÇAISE DES VÉTÉRINAIRES POUR ANIMAUX DE COMPAGNIE (AFVAC), IL REVIENT POUR NOUS SUR LES ALTERNATIVES THÉRAPEUTIQUES POSSIBLES EN ATTENDANT LE RETOUR COMPLET DE PEXION.

Que conseiller aux vétérinaires qui ont mis des chiens sous Pexion ?

Il est recommandé de suivre les indications de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV). Nous devons prescrire en priorité un autre médicament ayant une autorisation de mise sur le marché vétérinaire avec la même indication. L’Agence indique que deux molécules sont utilisables en monothérapie de première intention, le phénobarbital et le bromure de potassium, si elles permettent la stabilisation des crises. En termes d’efficacité, il faudrait opter en priorité pour le phénobarbital. Une étude de non-infériorité effectuée par Boehringer Ingelheim compare le Pexion au phénobarbital. Les données obtenues permettent de constater une non-infériorité. En revanche, si le phénobarbital, éventuellement en association avec le bromure, ne convient pas, il est éventuellement possible de sortir de la cascade et de prescrire un médicament à usage humain. Dans ce cas, il est recommandé d’utiliser en première intention le lévétiracétam. Cette molécule atteint une efficacité maximale en quelques jours, comme le Pexion, et présente une très bonne tolérance. En résumé, si le Pexion a été prescrit en première intention, car il y a globalement moins d’effets secondaires, le phénobarbital et le bromure de potassium doivent être privilégiés. Si le chien a déjà été traité avec un antiépileptique autre que le Pexion, avant ou après la rupture, et qu’il ne l’a pas supporté, dans ce cas on peut faire appel à un médicament à usage humain.

Quelles précautions prendre en cas de changement de médicament ?

À chaque fois que cela est possible, il faut privilégier l’association des deux produits, jusqu’à ce que le nouveau principe actif atteigne un état stationnaire (4 à 5 demi-vies). Si cette association n’est pas possible, par manque d’imépitoïne, il peut être utile de mettre en place une dose de charge. Lorsque le chien est traité avec du phénobarbital en remplacement du Pexion, une prise de sang doit être effectuée deux à trois semaines après le changement de traitement afin de s’assurer que le produit est bien toléré. À cette occasion, il est également nécessaire de procéder à un dosage sanguin du principe actif. En effet, il existe pour le phénobarbital et le bromure de potassium une « fenêtre thérapeutique » qui correspond à une concentration sanguine en dessous de laquelle le médicament n’est pas réputé efficace et une valeur supérieure au-delà de laquelle le produit risque de montrer des signes de toxicité. Si des signes d’intolérance sont constatés, il est nécessaire de changer de traitement, et ce, en risquant de sortir de la cascade. En revanche, si le médicament a été dosé en dessous de la concentration réputée efficace et que le chien fait à nouveau des crises d’épilepsie, il est nécessaire d’adapter la dose. Cela se décide au cas par cas.

Quelle est la marche à suivre quand le Pexion reviendra ? Arrêter le traitement alternatif et reprendre le Pexion ?

Dans le premier cas, si le Pexion a été remplacé par du phénobarbital et que le produit est bien toléré, le vétérinaire doit décider avec le propriétaire de poursuivre ou non le traitement avec cette nouvelle molécule. Si le Pexion a été remplacé par un médicament à usage humain, il faut de nouveau traiter le chien avec du Pexion.

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