L’ALTERNANCE À L’ÉPREUVE DE LA CRISE SANITAIRE - La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021

RESSOURCES HUMAINES

ENTREPRISE

Auteur(s) : FRANÇOISE SIGOT

Poussées par l’aide de l’État, les formations en alternance continuent de trouver leur place au sein des cliniques vétérinaires, mais la crise oblige à des adaptations.

Habitués à l’alternance, notamment pour former leurs auxiliaires, les vétérinaires ne boudent pas cette formule, même en temps de crise sanitaire. « Nous pensions que la crise serait de nature à faire baisser le nombre de contrats, finalement nous assistons plutôt au contraire », remarque Jean-François Ketterer, responsable du CFA (centre de formation d’apprentis) du Siadep à Lens, un des organismes de la chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-France. Le plan « un jeune, une solution », lancé cet été par le gouvernement, n’est pas pour rien dans cette tendance. En effet, il assure une aide financière aux entreprises qui embauchent des jeunes en alternance et en apprentissage (voir encadré). Cette mesure s’inscrit également dans un contexte favorable. Le métier d’auxiliaire bénéficie en effet d’une bonne image auprès des jeunes et des moins jeunes, et les postes à pourvoir au sein des cliniques sont nombreux. Les conditions semblent donc réunies pour que cette formule poursuive son chemin sans trop d’encombre. À ceci près, toutefois, que pour l’alternance comme les autres formes d’emplois, chacun doit s’adapter aux mesures sanitaires, souvent contraignantes. Là encore, les clinques vétérinaires relèvent plutôt bien le défi. « Les vétérinaires sont habitués aux mesures de protection en matière de santé. Cela facilite sans nul doute l’intégration d’alternants durant cette période de crise », observe d’ailleurs Sylvie Destaing, directrice du centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) les Sardières à Bourg-en-Bresse, dans l’Ain.

Un salarié comme un autre

Durant cette crise, les cliniques peuvent donc intégrer de nouveaux alternants ou poursuivre la formation de ceux qui sont déjà en poste. Comme les autres salariés, les titulaires d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation doivent bénéficier de mesures de protection sanitaire mises en place par leur employeur. Ce dernier est ainsi tenu de leur faire respecter les mêmes protocoles que les collaborateurs en CDI ou CDD. L’employeur est également tenu de mettre à leur disposition des moyens d’hygiène personnels suffisants comme le savon et le gel antibactérien. L’alternant doit bénéficier du même niveau d’information que tous les collaborateurs de la clinique, à la fois sur les mesures sanitaires et les éventuels cas de suspicion ou d’infection au Covid-19. Enfin, il convient de renvoyer chez elle toute personne, y compris un alternant, présentant des symptômes. Il en va de même pour les éventuels cas contacts. L’employeur peut voir sa responsabilité engagée si ces protocoles ne sont pas accessibles aux alternants comme aux autres salariés. Sur le terrain, ces mesures semblent acquises. « Dans certaines cliniques, il peut y avoir un peu moins de personnel avec la crise, mais pour l’instant nous n’avons pas noté de conséquences négatives sur la formation des apprenants », constate Sylvia Destaing. « Nous avons eu très peu d’apprentis placés en chômage partiel durant les périodes de confinement », ajoute Jean-François Ketterer.

Adaptation des cours

En lien avec les cliniques, les centres de formation adaptent eux aussi leur organisation à la crise. « Les formateurs comme les étudiants apprennent à travailler autrement, en visioconférence notamment », explique Jean-François Ketterer. Les centres de formation ont par ailleurs dès le début de la crise formé leurs apprentis aux gestes barrières dans le cadre des cours d’hygiène. Ils ont également appliqué en interne des protocoles de nature à garantir la distanciation sociale. « Nous avons pu noter de l’inquiétude de la part des vétérinaires se demandant si accueillir un stagiaire n’était pas de nature à faire entrer des cas positifs ou contacts au sein de leur clinique, mais désormais ces craintes sont levées et, pour l’instant, nous n’avons eu aucun malade parmi nos stagiaires », indique la directrice du CFPPA les Sardières. Par ailleurs, certains centres ont adapté les périodes de formation dans leurs murs et en clinique afin de laisser le temps aux établissements vétérinaires de mettre en place tous les protocoles nécessaires pour accueillir les alternants dans des conditions optimales de sécurité. L’heure n’est pas encore venue de tirer le véritable bilan de la formation d’alternant en temps de crise, mais déjà les premiers retours d’expériences sont plutôt favorables. « Finalement, les alternants apprennent à gérer ce type d’événements et à acquérir rapidement de l’autonomie, c’est un point plutôt positif pour le métier qu’ils auront à exercer », commente Sylvia Destaing. Les formateurs et les apprenants, comme les vétérinaires, appellent néanmoins de leurs vœux un retour le plus rapide possible à la normale.

LE DISPOSITIF « UN JEUNE, UNE SOLUTION »

Mis en place l’été dernier, pour accompagner les jeunes vers le marché du travail, le dispositif « un jeune, une solution » prévoit un volet spécifique pour l’alternance. Ainsi, pendant la première année d’exécution du contrat d’apprentissage ou du contrat de professionnalisation, une aide est versée aux employeurs, quelle que soit la taille de l’entreprise. Cette aide est versée, sans condition, pour les entreprises de moins de 250 salariés. Elle se substitue pendant la première année d’exécution du contrat à l’aide unique, pour les entreprises éligibles. L’aide financière est de 5 000 euros pour un alternant de moins de 18 ans et de 8 000 euros pour un alternant majeur (jusqu’à 29 ans révolus). Elle concerne les contrats signés à compter du 1er juillet 2020 et jusqu’au 28 février 2021 et vise la préparation d’un diplôme ou d’un titre allant jusqu’au niveau 7 du cadre national des certifications professionnelles.

RETOUR D’EXPÉRIENCE

SILVIA GONCALVES

Cliniques vétérinaires Astragale à Divonne-les-Bains et Gex, dans l’Ain (7 vétérinaires, dont 3 associés, et 9 ASV)

Nous avons aujourd’hui deux personnes en formation d’ASV en alternance.

En dépit de la crise, nous continuons de former des ASV. Bien sûr, cela impacte notre façon de faire. Nous sommes surtout très vigilants sur l’application des gestes barrières et des protocoles sanitaires en place depuis le premier confinement dans nos cliniques. Les stagiaires ont d’ailleurs très vite acquis le respect de ces mesures et s’y plient sans problème, comme l’ensemble des équipes. À ce jour, aucun cas n’a été signalé parmi nos collaborateurs. Sur le fond, la qualité de la formation et le temps que nous consacrons à nos alternants sont restés les mêmes depuis le début de la crise, nous mettons tout en place pour que cette crise n’entrave pas l’intégration et la formation des alternants. Ce travail se fait en collaboration étroite avec les centres de formation, avec lesquels nous sommes en contacts réguliers pour optimiser la qualité de la formation des alternants.

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