CYTOLOGIE OU HISTOLOGIE : QUEL EXAMEN FACE À UNE MASSE CUTANÉE ? - La Semaine Vétérinaire n° 1884 du 29/01/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1884 du 29/01/2021

DERMATOLOGIE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : LAURENT MASSON

CONFÉRENCIERS

CHARLINE PRESSANTI, Dipl. ecvd, praticienne hospitalière à l’envt.

JÉRÔME ABADIE, Dipl. ecvp, maître de conférences à Oniris.

Article rédigé d’après une conférence présentée au congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) de novembre 2019 à Lyon.

Face à une masse cutanée, il convient de se demander quelle en est l’origine. Il peut s’agir eneffet de cellules tumorales ou inflammatoires, d’un nodule stérile ou infectieux. Certains éléments aident pour le diagnostic différentiel. Il importe de recueillir l’anamnèse et des commémoratifs précis : évolution rapide ou non, nombre de masses, aspect ulcéré ou non, localisation, âge de l’animal, etc. Parfois, l’apparence est pathognomonique, comme l’aspect rosé d’un adénome sébacé chez un chien âgé, une prolifération exo phytique lors de papillomatose du jeune chien, ou une masse alopécique érythémateuse de petite taille, localisée à la face ou aux membres, chez un jeune brachycéphale qui doit faire penser à un langerhansome (ou histiocytome). Mais il convient de toujours se méfier et de confirmer l’hypothèse par une ponction à l’aiguille fine : dans le cas d’un histiocytome, un aspect monomorphe avec des cellules de taille moyenne à grande, en amas mais peu jointives, à cytoplasme très abondant, basophile, à noyau très rond, sans granulation, avec peu d’atypie, est observé.

Deux techniques complémentaires

La cytoponction à l’aiguille fine permet une orientation diagnostique et pronostique rapide. La reconnaissance d’un mastocytome conduira ainsi à une solution chirurgicale avec des marges larges. Elle est peu invasive, mais tributaire de la maîtrise de la technique de prélèvement. La puissance diagnostique est meilleure pour l’histopathologie (analyse cellulaire et architecturale, réalisation de colorations complémentaires, mise en évidence d’éléments figurés), de même que pour le pronostic (marges, emboles vasculaires, grading histopathologique, immunohistochimie). En pratique, les deux sont souvent indissociables et surtout complémentaires.

Devant une population inflammatoire observée grâce à la cytologie, la présence majoritaire de neutrophiles dégénérés est en faveur d’une infection bactérienne, d’un corps étranger, d’un traumatisme ou d’une tumeur sous-jacente associée à une inflammation. Si les polynucléaires neutrophiles ne sont pas dégénérés, une panniculite, un processus infectieux ou une tumeur sont privilégiés. Lors de prédominance de polynucléaires éosinophiles et de mastocytes, il convient d’envisager un contexte d’hypersensibilité ou un mastocytome. La visualisation d’une majorité de macrophages est en faveur d’un corps étranger, d’une panniculite ou d’une infection atypique (champignons notamment, mycobactéries, leishmaniose).

En revanche, si la cytologie est en faveur d’une tumeur, des cellules rondes isolées sont recherchées : la visualisation de granulations, moins évidentes avec les colorations rapides par rapport à une coloration MGG (de May-Grünwald-Giemsa), évoque alors un mastocytome ou un mélanome. La présence de cellules jointives, rondes, ovales ou caudées, doit faire penser à une tumeur épithéliale, alors que celle de cellules fusiformes, isolées ou groupées, évoque des tumeurs mésenchymateuses.

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