LE TORASÉMIDE NON-INFÉRIEUR AU FUROSÉMIDE EN PREMIÈRE LIGNE - La Semaine Vétérinaire n° 1883 du 22/01/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1883 du 22/01/2021

INSUFFISANCE CARDIAQUE CONGESTIVE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA

L’emploi grandissant de torasémide en cardiologie vétérinaire a permis d’étudier ses effets et sa biodisponibilité plus constante que le furosémide, et surtout de suggérer un effet anti-aldostérone qui lui confère une certaine supériorité. En l’absence d’information sur l’emploi du torasémide en première ligne lors d’œdème pulmonaire cardiogénique chez le chien, une équipe publie une étude1 prospective randomisée comparant le torasémide avec le furosémide. L’étude a été financée par la société Ceva Santé animale, bien que l’interprétation des résultats et les conclusions aient été formulées sous la supervision d’un expert en cardiologie.

Un protocole d’étude solide

Des chiens naïfs de traitement diurétique sont inclus, certains ayant reçu du furosémide sur de très courtes périodes. L’administration de pimobendane, spironolactone ou inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) est acceptée. Les chiens reçoivent au hasard et en aveugle une dose minimale efficace jugée équivalente de torasémide ou de furosémide. L’impact et l’efficacité des traitements sont comparés en prenant le furosémide en référence et le torasémide en nouvelle molécule à tester (protocole de comparaison de non-infériorité). Un test de puissance estime le nombre de cas à inclure dans l’étude à 250. Chaque chien reçoit une évaluation et un suivi hospitalier exhaustif incluant plusieurs examens cliniques, radiographiques, ECG, échocardiographiques, biochimiques et du NT-proBNP avec une évaluation régulière du score de qualité de vie et de réponse clinique. Tous les potentiels effets indésirables sont répertoriés. Sur les 315 chiens inclus, 159 reçoivent du torasémide et 156 du furosémide. Sur cette population, 20 puis 58 chiens sont exclus avant les contrôles (non-respect du protocole). La population finale inclut 275 chiens : 139 sous torasémide et 136 sous furosémide, en accord avec les objectifs prédéfinis. Les 2 populations sont homogènes au regard des caractéristiques épidémio-cliniques.

Des résultats confortant la non-infériorité du torasémide

Les efficacités du torasémide (74,4 %) et du furosémide (73,5 %) sont similaires au contrôle à 14 jours. L’observance du traitement est également similaire (97,9 % pour le torasémide et 91,9 % pour le furosémide). La restitution des indicateurs durant le suivi est complexe mais bien menée. Son résumé pourrait suggérer que l’emploi de torasémide puisse réduire l’arrivée d’un évènement indésirable lors du suivi (congestion, décès ou euthanasie). Les effets indésirables semblent aussi fréquents dans les deux sous-groupes. Cependant, les cas d’insuffisance rénale sont plus fréquents pour le groupe ayant reçu du torasémide (67/161 soit 41,6 %) que chez ceux ayant reçu du furosémide (30/158 soit 19 %). Malheureusement, cette conséquence de l’emploi du torasémide chez les animaux de compagnie mérite une attention plus grande et la discussion n’aborde pas ce point de manière exhaustive. Cette étude souligne l’utilité possible d’un traitement à administrer une seule fois par jour (contre 2 fois pour le furosémide), mais ces éléments seuls ne suffisent pas, sur le plan clinique, à justifier une prescription systématisée en première intention. Le torasémide serait tout aussi utile que le furosémide dès le début de la prise en charge bien que ses effets indésirables sur les reins restent un élément à craindre.

1. Besche B., Blondel T., Guillot E. et coll., Efficacy of oral torasemide in dogs with degenerative mitral valve disease and new onset congestive heart failure : The CARPODIEM study, J Vet Intern Med., 2020;34 (5):1746-1758.

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