INTÉRÊT DES TRIGLYCÉRIDES À CHAÎNE MOYENNE CHEZ LE CHIEN ÉPILEPTIQUE - La Semaine Vétérinaire n° 1882 du 15/01/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1882 du 15/01/2021

NEUROLOGIE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA

Plusieurs publications scientifiques évoquent les bénéfices des triglycérides à chaîne moyenne dans le contrôle clinique en adjonction, voire en remplacement, des antiépileptiques usuels. Cet intérêt est d’autant plus croissant que la thérapeutique habituelle est associée à des effets indésirables non négligeables sur le plan clinique tels qu’une sédation, une polyphagie, une polydipsie, voire une ataxie, et sur le plan biologique une induction enzymatique hépatique favorisant la survenue d’hépatopathie à longue échéance. Une nouvelle étude1 évalue l’impact d’une supplémentation en triglycérides à chaîne moyenne lors de la prise en charge de chiens épileptiques et suit la fréquence et la gravité des effets indésirables.

Un protocole d’étude rigoureux

Il s’agit d’une étude multicentrique, prospective, randomisée en double aveugle avec un groupe contrôle recevant un placebo. Sont inclus 28 chiens. La supplémentation se présente sous la forme d’une composition associant des huiles de palme et de colza qui contient 50 à 65 % d’acide octanoïque et 30 à 50 % d’acide décanoïque. La composition représente un apport calorique de 8,37 kcal/ml pour 93 % d’acides gras saturés. L’huile « placebo » est une huile d’olive classique d’aspect macroscopique similaire et représentant un apport calorique proche, de 8 kcal/ml. L’appétence, la tolérance et les éventuels effets indésirables des deux huiles ont préalablement été comparés auprès de 19 chiens non épileptiques, afin de confirmer leur « équivalence » dans le protocole d’étude.

Des résultats à interpréter avec précaution

La fréquence, le nombre de crises par mois et le nombre de jours avec au moins une crise pendant un mois sont statistiquement plus faibles au sein du groupe de chien recevant la supplémentation en triglycérides à chaîne moyenne, comparé au groupe contrôle. Cependant, bien que cette différence soit évidente sur le plan statistique, la pertinence des chiffres présentés reste contestable. En effet, les résultats indiquent une fréquence des crises de l’ordre de 2,51 par mois chez les chiens ayant reçu la formulation testée, contre 2,67 crises par mois au sein du groupe « contrôle ». De plus, le nombre de jour avec au moins une crise pendant un mois est de 1,68 pour le groupe testé contre 1,99 pour le groupe témoin. Les faibles différences chiffrées exposées rendent l’interprétation délicate et il n’est pas aisé de tirer des conclusions fiables de ce protocole bien qu’il soit robuste et parfaitement établi en accord avec les objectifs de l’étude. Il est également important de préciser que les chiens sélectionnés ne recevaient pas tous le même plan de traitement anticonvulsivant. En effet, certains ne recevaient que du phénobarbital en monothérapie, tandis que d’autres recevaient de l’imépitoïne, voire l’association de plusieurs molécules, ce qui peut compliquer l’interprétation des données présentées.

Une option thérapeutique à considérer

Au-delà des indices chiffrés et des conclusions tirées, ce travail présente l’avantage de combiner un protocole idéalement conçu auprès d’un effectif adapté, ce qui permet une interprétation objective des données convenant aux besoins de l’étude. Cet article renforce l’intérêt présumé des acides gras et des triglycérides dans leur ensemble lors de stabilisation d’une épilepsie.

1. Berk B.A., Law T.H., Packer R.M.A. et coll., A multicenter randomized controlled trial of medium-chain triglyceride dietary supplementation on epilepsy in dogs, J Vet Intern Med., 2020;34(3):1248-1259.

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