REPENSER LE LIEN À LA NATURE, À LA SANTÉ ANIMALE ET ENVIRONNEMENTALE - La Semaine Vétérinaire n° 1879 du 11/12/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1879 du 11/12/2020

ACADÉMIE

ANALYSE

Auteur(s) : JEAN-PAUL DELHOM

Le 3 décembre, la séance solennelle de l’Académie vétérinaire a accueilli le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie et la secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la biodiversité, Bérangère Abba. Le One Health fait son chemin petit à petit.

Face à la crise que nous traversons, nous avons des enjeux communs, économiques, environnementaux et sociaux », déclare Bérengère Abba, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, au cours de la séance solennelle de l’Académie vétérinaire qui s’est déroulée le 3 décembre dernier. « La perturbation de l’équilibre de la biodiversité et l’atteinte aux milieux, mises en évidence dans le rapport IPBES1, sont en lien avec la pandémie que nous vivons. Il faut, aujourd’hui, nous interroger et repenser notre lien à la nature, à la santé animale et environnementale. » Cette approche One Health engagée au niveau international doit l’être au niveau national. La route sera longue mais il faudra trouver les réponses qui soient en équilibre entre les différents défis. Cette réflexion apparaîtra dans le cadre du plan national de santé et environnement, à la fois sur la formation des professionnels de santé, des programmes de recherche prioritaire et la surveillance de la santé et de la faune sauvage.

Les vétérinaires intégrés à la stratégie sur la biodiversité ?

« Je vous souhaite à mes côtés dans la construction de notre stratégie sur la biodiversité pour la prochaine décennie », poursuit Bérengère Abba. « Il faut aussi retrouver un certain apaisement compte tenu du militantisme parfois violent sur les questions animales (…) Je sais pouvoir compter sur vos éclairages scientifiques et votre approche raisonnée. » Une réflexion sur la faune sauvage captive dans les cirques itinérants est engagée. « Il faudra pouvoir proposer, soumettre, voire réglementer et contraindre quand certaines pratiques portent atteinte au bien-être animal. » Abordant la chasse, pour les renards et les blaireaux, « nous devrons nous interroger sur leur place et leur rôle dans l’écosystème ».

L’approche holistique

« L’ADN de l’Académie est avant tout la science et le progrès », déclare Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’alimentation. « Dans notre société où la science est parfois décriée, la politique ne doit jamais être une politique de l’émotion, de la vertu mais celle de la raison. Les instituts qui la font vivre sont des piliers de l’engagement républicain. L’académie, par sa réactivité, a contribué au débat en créant rapidement une cellule Covid-19 et montré le savoir-faire vétérinaire. »

L’enjeu primordial des décennies qui s’ouvrent est la politique « One Health », martèle le ministre de l’Agriculture. Il prône l’approche holistique avec la nécessité d’une vision complète et l’humilité de la reconnaissance de la place de l’homme dans l’écosystème est fondamentale. Dans le cadre de la crise du Covid-19, l’approche vétérinaire est un élément essentiel pour la compréhension de son origine et sa gestion. Il en sera de même dans les probables épidémies du futur.

Le maillage vétérinaire en question

Le maillage vétérinaire est un grand sujet de préoccupation. Le recensement décennal agricole permettra d’obtenir des données très précises. Ce maillage renvoie à plusieurs sujets, dont l’attractivité du métier. La loi Ddadue votée récemment apporte un certain nombre d’aides aux installations en lien avec les collectivités locales. Les stages peuvent susciter les vocations dans les métiers en lien avec les animaux. On sait aujourd’hui que, sur la période du 2019-2023, la France aura besoin de 1 000 vétérinaires de plus par an. « Les possibilités d’accueil dans les écoles vétérinaires devront être accrues. L’ouverture de nouvelles écoles (écoles à statut privé, à but non lucratif, conventionnées avec le ministère de l’Agriculture) fait débat. Il faut apporter de justes critiques sans oublier le futur manque important de vétérinaires », conclut Julien Denormandie.

1. www.bit.ly/2Iu6g3q

LAURÉAT

En fin de séance de l’Académie, de nombreux prix ont été décernés, dont le prestigieux prix Claude Bourgelat attribué cette année à notre confrère Alexis Lécu, directeur scientifique du parc zoologique de Paris (ex-zoo de Vincennes) dont a la charge le Muséum d’histoire naturelle, pour ses activités et son engagement en faveur de la biodiversité et de la faune sauvage.

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