VARROA DESTRUCTOR : ADAPTER LE TRAITEMENT AU NIVEAU D’INFESTATION - La Semaine Vétérinaire n° 1877 du 27/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1877 du 27/11/2020

ABEILLES

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : SAMUEL BOUCHER

Fonctions : Vétérinaire diplômé en apiculture et pathologie apicole, président de la commission apicole de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV)

La varroose est une parasitose mondialement répandue qui s’est implantée en France dans les années 1980. Depuis de nombreuses années, on a coutume, souvent via les programmes sanitaires d’élevage (PSE), d’effectuer un traitement anti-varroa en fin d’été, juste après les miellées. Pour les apiculteurs conventionnels, il s’agit souvent de mettre un dispositif relargant la matière acaricide au sein de la colonie pendant plusieurs semaines. Il peut s’agir de lanières, de dispositifs d’entrée de ruches, de gels divers.

Les connaissances sur cette maladie ont beaucoup progressé, et il est désormais connu que le taux d’infestation d’une colonie est directement lié au pouvoir pathogène du parasite. Ce taux varie au cours de la saison, en lien avec le développement des abeilles. Ainsi, en début de saison apicole, un taux de 50 varroas par ruche reste acceptable mais il va vite monter à 2 000 varroas, seuil habituellement considéré comme permettant l’expression de la maladie. Au-delà de ce seuil, il faut donc traiter et déparasiter les insectes sous peine de voir apparaitre la kyrielle de symptômes de la varroose : ailes déformées, cannibalisme, perte de poids, couvain mosaïque, petites grappes d’abeilles en présence de réserves, abeilles émergentes mortes… et une chute de production estimée à jusqu’à 5 kg par ruche en moyenne. Traiter une fois par an ne suffit plus !

Plusieurs méthodes de comptage

Surveiller ce taux d’infestation et réagir en fonction de la saison, de la charge parasitaire et du moment de production est tout un art que le vétérinaire et/ou l’apiculteur doivent maîtriser pour contenir cette affection.

Le comptage des varroas est un préalable indispensable. Il peut se faire suite aux chutes naturelles sur un lange (plaque en métal ou carton disposée sous ou sur le plancher) enduit d’un corps gras (type saindoux). Le principe est de compter le nombre de varroas tombés chaque jour (tableau 1). Il est possible aussi de les compter directement sur les abeilles. Dans ce cas, quelle que soit la technique utilisée (méthode avec sucre glace, gaz carbonique ou alcool, cette dernière technique les tuant évidemment), elle permet de décoller les varroas phorétiques des abeilles, ce qui facilite leur observation. Sur un échantillon donné et en fonction de la saison, il est ainsi possible d’apprécier la pertinence et l’urgence relative d’un traitement (tableau 2).

Il est conseillé de surveiller le taux d’infestation des colonies tout au long de l’année et d’être prêt à agir en cas de seuil dépassé.

De multiples traitements possibles

Douze spécialités sont utilisables pour traiter la varroose. Les dispositifs utilisés plutôt en fin de saison sont à base d’amitraze, de tau-fluvalinate ou de fluméthrine (deux molécules proches), voire de thymol, et les colonies seront mises à leur contact plusieurs semaines. En cours de saison apicole, des traitements « flash » à base d’acide formique seront privilégiés, alors que durant l’hiver on pensera aux spécialités contenant de l’acide oxalique, plus actif en absence de couvain. Mais attention, tous ces médicaments ont aussi des effets indésirables qu’il faudra maîtriser en évaluant parfaitement le bénéfice et le risque du traitement.

En complément des traitements, utiliser des méthodes biotechniques permet d’abaisser le taux d’infestation d’une colonie. Ainsi, l’encagement des reines - suivi ou non d’un traitement à l’acide oxalique - est la première d’entre elles : elle nécessite une bonne maîtrise et n’est pas à la portée de tout apiculteur. La division des colonies, plus facile à mettre en œuvre, est la deuxième. Enfin, en saison apicole, il est également possible de favoriser la production de couvain mâle, qui sera détruit avant 21 jours, éliminant par la même occasion bon nombre de varroas, plus nombreux dans ce type de couvain que dans le couvain d’ouvrières.

Pour aller plus loin, consulter nos précédents articles sur les médicaments anti-varroa dans La Semaine vétérinaire no 1787 du 30 novembre 2018, pages 54-55, et no 1788 du 7 décembre 2018 pages 36-37.

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