TÉLÉMÉDECINE ET STRATÉGIES - La Semaine Vétérinaire n° 1877 du 27/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1877 du 27/11/2020

EUROPE

ANALYSE

Auteur(s) : KARIN DE LANGE

La Chambre vétérinaire tchèque avait proposé d’accueillir l’assemblée générale de la Fédération vétérinaire européenne (FVE) à Prague ce mois de novembre, à l’occasion de son 100e anniversaire, mais la pandémie en a décidé autrement et l’événement a eu lieu en ligne. Les réflexions autour du Covid-19 et de la télémédecine ont été plus que jamais au cœur des échanges.

Hélas. « Je regrette qu’on n’ait pas pu tenir cette assemblée en présentiel comme prévu », déplore Rens van Dobbenburgh (Pays-Bas), président de la Fédération vétérinaire européenne (FVE), s’adressant aux 110 participants de l’assemblée générale, le 6 novembre dernier. Initialement prévue à Prague, l’AG de la FVE, qui « fêtait » ses 100 ans, a finalement eu lieu en ligne. Il a ensuite décrit comment la pandémie de Sars-CoV2 avait affecté la profession, provoquant « une situation sans précédent ». C’est important d’être vigilant, a-t-il souligné, appelant au soutien collégial, en particulier envers la jeune génération. « Cela dit, lutter contre les maladies, promouvoir la santé animale et la santé publique fait partie de notre travail quotidien. » Lors d’une crise comme celle-ci, « les vétérinaires peuvent démontrer leur valeur ajoutée en termes de One Health ». Et de décrire les nombreuses initiatives prises par la profession à différents niveaux, concluant qu’il faut « plus qu’une pandémie pour empêcher les vétérinaires de faire leur travail ».

La pandémie a également mis en évidence l’importance de la télémédecine. « Les développements vont très, très vite, et en tant que FVE, nous nous devons d’avoir des lignes directrices pour aider les pays à décider comment gérer les développements », a commenté Rens van Dobbenburgh.

Marc Veilly (France), président du groupe de travail des organismes statutaires, qui avait rédigé le document de position, a souligné que la télémédecine est « un outil de soutien aux vétérinaires. S’il peut compléter d’autres méthodes pour tenir une consultation ou poser un diagnostic, il n’est pas destiné à remplacer les vétérinaires. » Et si la consultation, l’examen et la prescription en personne « sont toujours préférables », il est important de réglementer et de fournir des normes de conduite professionnelle. « Car, quel que soit l’outil utilisé, le vétérinaire reste responsable. »

Le rôle de la robotique

« Faire place à la technologie » était également l’un des cinq piliers de la stratégie de la FVE pour 2021-2025, qui a été adoptée à l’unanimité par l’assemblée. Les autres piliers étant « Une seule santé (One Health) et durabilité », « Une seule communauté vétérinaire », « Être reconnu et influent », et « Démographie vétérinaire et carrières enrichissantes ». « La technologie numérique et l’intelligence artificielle (DT&AI) entrent dans le monde vétérinaire, avec des changements rapides et drastiques pour notre exercice », a rapporté Stanis³aw Winiarczyk (Pologne), vice-président de la FVE.

« Aucun vétérinaire ne sera remplacé par la robotique », a souligné Volker Moser (Autriche), membre du groupe de travail DT&AI. « Cependant, ils seront probablement remplacés par des vétérinaires familiarisés avec la robotique. » Le groupe de travail avait pour mandat le suivi des tendances et la formulation de recommandations sur les compétences, les méthodes d’enseignement, la conduite professionnelle et l’assurance qualité liés au DT&AI. Le groupe de travail DT&AI a présenté son rapport, qui a été adopté.

L’attractivité des zones rurales

Autre point développé, la pénurie de vétérinaires dans les zones rurales. Une enquête menée auprès de 28 pays a montré que de nombreux pays sont confrontés à ce problème, parmi lesquels l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France. Une infographie résumant la situation était présentée par Thierry Chambon (France), vice-président de la FVE. Mettre en place une pratique rentable et travailler dans une région éloignée est difficile, a-t-il reconnu. Le manque de vétérinaires a un impact sur le bien-être des animaux d’élevage et le suivi des maladies réglementées. Alors que certains États membres et autorités locales prennent des initiatives, il a annoncé que la DG Agri de la Commission européenne organisait actuellement une consultation sur la vision à long terme pour les zones rurales, et a encouragé ses collègues à y répondre avant le 30 novembre.

Antibiotiques critiques, anesthésie et antiparasitaires

Sur le front des médicaments, « le groupe de travail concerné a été extrêmement occupé », a rapporté Nancy De Briyne, directrice générale adjointe de la FVE. Renouvelé cette année, le groupe a non seulement formulé des recommandations sur le nouveau règlement sur les médicaments vétérinaires, « qui entrera en vigueur dans moins de 14 mois », mais a aussi travaillé sur les prises de position de la FVE sur les antibiotiques d’importance critique. Il a également élaboré le document de position de la FVE sur la reconnaissance de l’anesthésie animale comme acte vétérinaire, qui a été adopté à l’unanimité au début de l’été.

Notre consœur a précisé qu’actuellement le groupe de travail prépare un document de réflexion sur l’usage vétérinaire du cannabis et des huiles de CPB et a participé à un large éventail de consultations, allant des vaccins autogènes à l’impact environnemental des antiparasitaires pour animaux de compagnie. Enfin, elle a annoncé que la FVE participait désormais au réseau Antimicrobial Resistance, en tant que seule partie prenante non issue de la santé humaine.

Le bien-être animal

Enfin, thématique essentielle, la question du bien-être animal a été abordée. « Selon nous, l’immunocastration est compatible avec l’agriculture biologique », a confirmé Torill Moseng (Norvège), vice-présidente de la FVE, citant une déclaration de la FVE en réponse à DG Agri. Elle a également annoncé que le groupe de travail FVE/UEVP sur le bien-être animal avait commencé à préparer une stratégie globale de bien-être animal. Elle a également rendu compte des résultats d’une récente enquête sur la formation en bien-être animal dans les écoles vétérinaires européennes. Elle s’est félicitée qu’ « en seulement sept ans, l’éducation en matière de bien-être, d’éthique et de droit animal a considérablement augmenté ». Enfin, elle a donné un aperçu des nombreux sujets abordés par le groupe de travail, notamment le logement des poules pondeuses, les protocoles de fin de vie des chevaux et l’interdiction des cages de mise-bas pour les truies.

Prochain rendez-vous le 10 juin à Londres… Si la pandémie le permet.

L’UEVP accepte les vétérinaires aviaires comme nouveaux membres

Lors de l’assemblée générale de l’Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP), tenue la veille, le groupe d’étude européenne de médecine aviaire (Poultry veterinary study group of the EU, PVSEU) a été accueilli comme nouveau membre observateur. Après les vétérinaires canins (Fédération européenne des associations de vétérinaires canins, FECAVA), les équins (Federation of European Equine Veterinary Associations, FEEVA), les porcins (European Association of Porcine Health Manageme nt, EAPHM) et les vétérinaires de zoos et de faune sauvage (European Association of Zoo and Wildlife Veterinarians, EAZWA), c’est le cinquième organisme « espèces » à rejoindre les rangs de l’UEVP. Les praticiens ont également entendu notre confrère Christ Tufnell (Royaume-Uni) donner un aperçu de la situation post-Brexit. « Quoi qu’il arrive, le libre mouvement des gens prendra fin. » Avec plus de 50 % des vétérinaires s’inscrivant chaque année au registre de la RCVS originaires de l’UE non-britannique, « ces personnes auront besoin des visas ». La reconnaissance réciproque des diplômes vétérinaires ne s’appliquera pas non plus, et des diplômés des écoles n’ayant pas été accréditées par l’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire (AEEEV) « devront probablement passer l’examen statutaire de la RCVS » (Royal College of Veterinary Surgeons). Pour les non-anglophones, un test linguistique serait également obligatoire.

JAN VAARTEN PREND SA RETRAITE

Christophe Buhot (France) a confirmé le nouveau mandat de VetCEE, qui se prépare à accréditer la formation permanente vétérinaire à travers l’Europe.

Également à l’agenda : la directive sur la qualification professionnelle et les nouveautés des sections FVE, telle la récente épidémie de Sars-CoV-2 chez le vison au Danemark et en France, en Eure-et-Loir.

Enfin, Rens van Dobbenburgh a annoncé le départ à la retraite du directeur exécutif de la FVE, Jan Vaarten, à la fin de l’année 2020.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr