NOUVEAUX IMPÉRATIFS DE SOINS EN MÉDECINE FÉLINE - La Semaine Vétérinaire n° 1877 du 27/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1877 du 27/11/2020

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON

L’anesthésie, la douleur, l’éthique et la fatigue professionnelle, la nutrition en réanimation, mais aussi les nouvelles techniques d’aide au diagnostic, au chevet de l’animal, en consultation généraliste, ont été au menu du dernier congrès de l’International Society of Feline Medicin e (ISFM), qui s’est tenu en ligne du 8 août au 30 septembre.

Lors du congrès de l’International Society of Feline Medicine ( ISFM) organisé en visioconférence du 8 août au 30 septembre, la conférence de Paulo Steagall, professeur à la faculté vétérinaire de Montréal (Canada), a été un des moments phares. Abordant l’anesthésie et l’analgésie, il a présenté la grille des visages de la douleur1, qui en trois visuels permet de se familiariser avec l’évaluation de la douleur aiguë. La dynamique est importante, motivant une observation très régulière d’un animal préalablement à l’intervention chirurgicale : un chat timide ne va pas exprimer sa douleur comme un chat très social.

La diversité des protocoles anesthésiques

En matière de protocoles anesthésiques, la diversité est de mise pour adapter son approche multimodale à chacun des animaux selon l’âge, l’état de santé et le niveau de douleur anticipé de l’intervention. La pesée rigoureuse de chaque animal est une obligation, de même que la prévention de l’hypothermie, par des petits moyens (Vetbed, couverture, serviette entre l’animal et l’inox) ou grands (tapis chauffant, Bair Hugger).

Paulo Steagall a consacré une conférence entière aux Kitty Magic, les protocoles adaptés aux stérilisations félines pédiatriques, avec 5 propositions (à paraître prochainement).

Limiter le jeûne

Le point clé, comme pour les adultes d’ailleurs, c’est de revoir impérativement les consignes de jeûne : jamais plus de 4 heures pour un adulte, ni plus de 2 heures pour un chaton. Le jeûne prolongé est responsable chez le chat d’acidité gastrique, à l’origine du reflux gastro-œsophagien, aussi désagréable pour l’animal que pour son anesthésiste. L’accès à l’eau sera maintenu sans restriction.

Réaliser des blocs lors de stérilisation

Autre impératif en 2020, la réalisation de blocs sur les mâles comme sur les femelles, donc par voie intratesticulaire (0,3 ml de lidocaïne dans chaque testicule, avec un bolus IV de kétamine avant la réalisation, la perte de conscience n’étant pas synonyme d’insensibilité à la douleur) ou en intrapéritonéale, avec une aspersion sur le mésentère. Ces blocs permettent de garantir une durée d’analgésie locale de 8 à 12 heures, une nécessité absolue, même en médecine de collectivité, lors de campagnes de stérilisation massive de chats errants.

L’échographie pour tout et pour tous !

Grâce à la nouvelle technologie VPOCUS (veterinary point of care ultrasound), la sonde de l’échographe est aux yeux ce que le stéthoscope est aux oreilles : un outil essentiel pour mieux voir, comprendre et diagnostiquer, le tout dans le respect de l’animal ! En effet, comme le précisent Søren Boysen et Serge Chalhoub, enseignants à la faculté de médecine vétérinaire de Calgary (Canada), on examine en moins de 5 minutes le chat dans la position qu’il adopte, souvent debout ou assis, et sans le tondre. Développées par les urgentistes, les techniques du VPOCUS sont désormais enseignées à tous les étudiants vétérinaires et accessibles à tous les praticiens généralistes, qui peuvent agir plus vite et mieux référer.

Le plus étonnant est certainement l’injection intraveineuse échoguidée. Loin d’être un gadget, elle assure 97 % de taux de réussite, un score déterminant sur un animal hypotendu, instable, ou dont les membres sont œdémateux. Avec le VPOCUS, s’il est possible d’ausculter, il est possible d’échographier, c’est aussi simple que ça. La courbe d’apprentissage est relativement rapide pour ces techniques, surtout avec la pédagogie de Søren Boysen, qui explique et rend visuel toutes les structures. Y compris les artefacts, créés par l’ombre portée des côtes, avec une silhouette de BAT (chauve-souris en anglais, pour bone air transverse), et celle de la plèvre, formant des lignes horizontales (B lines) qui attestent, en dessous de 3 lignes B et en association avec le signe de glissement des plèvres, que le poumon est sec (absence de pathologie alvéolaireinterstitielle), alors qu’au-delà de 3 lignes B, leur nombre est proportionnel à la sévérité de l’atteinte alvéolaire-interstitielle (par exemple contusion pulmonaire ou pneumonie). Pour rechercher des épanchements pleuraux (séparation des plèvres et perte du signe de glissement) discrets, la sonde est utilisée parallèlement et non perpendiculairement, en position caudo-ventrale sur un animal debout ou en décubitus sternal.

Sur un félin dyspnéique, donc stressé et instable, l’injection de butorphanol (0,3 mg/kg par voie IM) et la mise en cage à oxygène sont le préalable qui permet, sur la base d’un test NT-ProBNP et de l’échographie thoracique, la distinction entre pathologie cardiaque et respiratoire, ce qui conditionne la prise en charge thérapeutique.

1. fr.felinegrimacescale.com

EN BREF

Avec plus de 26 000 inscrits, le congrès de l’ISFM a une dimension mondiale. Après une programmation initiale du 8 au 10 août, il a joué les prolongations jusqu’à fin septembre.

Plus encore que lors des éditions précédentes, l’ISFM a donné aux laboratoires la place pour présenter lors de symposiums leurs produits : Purina a lancé HydraCare et Liveclear, et Ceva Feliway Optimum.

Le comité ABCD (European advisory board on cat diseases) a présenté pour chaque pays un point à date de l’infection par le Sars-CoV-2.

Bilan carbone parfait ! Avec 30 heures de conférences, des lives avec des conférenciers, des rediffusions pour une écoute à la carte (l’ensemble des conférences reste disponible pour les membres de l’ISFM), le premier congrès virtuel de l’ISFM a été un succès !

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