LES BONS OUTILS DE LA RADIOLOGIE DENTAIRE - La Semaine Vétérinaire n° 1877 du 27/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1877 du 27/11/2020

MATÉRIEL

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS

CONFÉRENCIER

DEJAN MARINKOV, praticien à la clinique vétérinaire du Lion Vert, Charbonnières-les-Bains (Rhône). Article rédigé d’après une conférence présentée au congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) en novembre 2019, à Lyon

La dentisterie est une discipline qui s’apparente à l’orthopédie puisque plus de 60 % des tissus étudiés sont invisibles, en position intraosseuse. Il n’est donc pas possible de faire de dentisterie sans imagerie radiologique dentaire. En outre, malgré l’avènement de techniques telles que le scanner ou l’IRM, la radiographie dentaire reste un outil indispensable. Aussi, si les images obtenues par la radiologie conventionnelle peuvent être d’extrêmement bonne qualité, la superposition des dents est un frein majeur, tout comme la difficulté de positionnement de l’animal ou le taux de radiation beaucoup plus important.

Avantages de la radiographie dentaire

La radiographie dentaire évite les superpositions dentaires observées lors de radiographie conventionnelle. L’appareil, très maniable, étant sur le site d’intervention, il n’est pas nécessaire de déplacer l’animal. Pour un rayonnement faible, les images obtenues sont de haute définition, pour un prix abordable. La radiographie permet d’identifier des lésions dentaires non visibles chez 28 % des chiens et 42 % des chats et de réaliser des clichés à toutes les étapes de l’intervention : préopératoire (visualiser les anomalies dentaires et osseuses et anticiper d’éventuels problèmes) ; peropératoire (recherche d’un fragment dentaire lors de fracture au cours d’extraction) ; postopératoire immédiat (cliché de contrôle) ; et à long terme (suivi). Elle se pratique exclusivement sous anesthésie générale.

Matériel

Générateur de rayons X

Le matériel est composé d’un générateur de rayons X dans son boîtier, d’un collimateur radioprotégé (évite la divergence du rayon primaire, facilite la visée et la manipulation de l’appareil) et d’une interface de contrôle. Il est fixe (mural ou plafonnier) ou mobile. Le bras muni de rotules articulées est très maniable et offre toujours une fenêtre de tir. Par rapport à la radiographie conventionnelle, les réglages sont extrêmement faciles. Les kilovolts (kV) et les milliampères-secondes (mAs) sont préréglés (entre 70 et 90 kV et entre 4 et 8 mA). Seul le temps d’exposition (autour de 0,02 seconde) est à faire varier en fonction de l’épaisseur des tissus et du système d’acquisition.

Systèmes de développement

Historiquement, la radiographie dentaire ne possède que le développement argentique. Les films sont de très bonne qualité, en 5 tailles, abordables à l’achat. Les manipulations en chambre noire, l’utilisation de chimie polluante, l’obtention de films humides, l’impossibilité de modification et d’archivage des images sont de réels inconvénients. En alternative, pour débuter, les films de type « polaroïd » ont une chimie incorporée et se développent automatiquement.

Les systèmes d’acquisition des images en développement numériques sont identiques à ceux de la radiologie conventionnelle : capteur plan (ou digital radiography, DR) et computed radiography (CR). Tous deux nécessitent un système informatique et un logiciel. Deux logiciels vétérinaires sont actuellement disponibles et permettent un archivage de qualité. Par le système capteur plan, l’obtention des images est très rapide et ne nécessite pas de manipulation. Ainsi, le positionnement peut être immédiatement corrigé en cas d’erreur d’angulation ou de positionnement. Seules 2 tailles sont disponibles (et uniquement la taille 2 est utilisable en médecine vétérinaire), le capteur est plus épais et volumineux et il est relié à un câble (bien que des systèmes sans fil existent). Les systèmes CR sont des cassettes contenant une plaque à phosphore qui nécessite un lecteur spécifique (scanner digital). Ils disposent de nombreuses tailles (jusqu’à 5). Les écrans sont plus souples et moins volumineux. Ils sont utilisés avec des enveloppes de protection à usage unique (consommable). Le développement est plus rapide qu’en argentique mais moins qu’en système DR et nécessite plus de manipulations. Ces appareils, initialement conçus pour la dentisterie humaine, font preuve d’une grande robustesse et durent très longtemps. L’entretien ne consiste qu’à nettoyer correctement les écrans et le capteur et à les protéger des chocs, ou des morsures en cas de réveil de l’animal. D’autres utilisations sont possibles, comme la recherche de lésions de la queue chez les NAC, avec des images de qualité.

Radioprotection

Même si cette technique utilise moins de rayons X qu’en radiographie conventionnelle, la radioprotection est identique. Les appareils sont soumis à autorisation de détention et doivent répondre aux normes de conformité. Le contrôle par une personne compétente en radioprotection est nécessaire. Pour se protéger au mieux des rayons X, il faut s’éloigner d’au moins 2 mètres du faisceau primaire, d’être dans un angle de 90 à 130° de ce même faisceau, de ne pas tenir à la main les écrans ou les capteurs mais d’utiliser des supports adaptés et de ne pas tenir le tube à la main pendant le tir.

Considérations financières

Un générateur neuf coûte entre 3 300 € HT (fixe) et 3 900 € HT (portable), auxquels s’ajoutent les travaux électriques pour la ligne dédiée et la fixation. Un capteur DR de taille 2 s’achète aux alentours de 4 800 € HT et un système CR avec 4 tailles d’écrans autour de 9 000 € HT. Le choix de l’acquisition d’un matériel d’occasion peut être alléchant en termes de tarif, il convient cependant de s’assurer qu’il puisse être déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Cet investissement doit trouver une rentabilité en développant une activité de dentisterie. La rentabilité indirecte est difficile à chiffrer, mais ce matériel permet de réaliser des actes qui n’étaient jusqu’alors pas effectués (extractions dentaires). La rentabilité directe est plus facile à évaluer. Le prix moyen de facturation d’un cliché est de 5 à 8 € HT et d’un forfait de 35 à 70 € HT. Pour un vétérinaire travaillant 200 jours par an, et un financement sur 5 ans, la rentabilité directe pour un investissement de 9 000 € est assurée pour moins de 2 clichés par jour ou une moyenne de 36 forfaits sur l’année (moins de 1 par semaine). Ces chiffres, finalement raisonnables, peuvent inciter à franchir le pas de l’investissement. Il convient cependant de ne pas oublier d’inclure les frais de formation et le temps consacré à la réalisation des actes.

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