Y A-T-IL ENCORE DE LA PLACE POUR L’EXERCICE EN SOLO ? - La Semaine Vétérinaire n° 1876 du 20/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1876 du 20/11/2020

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD

Dans un contexte où le travail en équipe semble valorisé par les nouveaux diplômés, et où l’appartenance à un réseau devient une réalité croissante pour les structures de soins vétérinaires, quelle place y a-t-il pour l’exercice en solo ?

UN RÉSEAU OUVRE PLUS DE POSSIBILITÉS

JEAN-JACQUES BYNEN (LIÈGE 87)

Praticien canin à Beaune (Côte-d’Or) et à Chagny (Saône-et-Loire)

Après trente-cinq ans de carrière, j’ai choisi à 61 ans, ce printemps, de rejoindre le réseau Univet ! Pourquoi ? Parce qu’un réseau peut offrir un meilleur déroulement de carrière pour tous, vétérinaires ou non. J’aime le partage d’expérience qu’on pratique à l’intérieur d’un réseau. Dans les années à venir, je pense que de nombreux vétérinaires vont m’imiter, car les réseaux ne représentent encore en France qu’un faible pourcentage de la profession. Pour un vétérinaire qui a de l’expérience, ce choix lui permet aussi de diversifier sa carrière, en devenant par exemple responsable de clinique. On peut aussi décider de changer de région. Et puis ce mode d’exercice séduit de jeunes vétérinaires, qui souhaitent rester salariés. Pour certains d’entre eux, l’équilibre idéal, c’est de pouvoir partager un temps égalitaire entre leur travail, leur famille et leurs loisirs… Il s’agit d’une évolution inéluctable de la société à laquelle la formule du réseau permet de s’adapter.

JE SUIS LA VÉTÉRINAIRE DE FAMILLE !

ANNE CAFFA (LIÈGE 79)

Praticienne canine à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône)

J’ai choisi d’exercer en solo, sans ASV. Bien sûr, il y a des inconvénients à exercer ainsi : seule, certains animaux sont lourds à manipuler. Je rate sans doute quelques clients, si je ne peux pas de suite décrocher mon téléphone quand on m’appelle. C’est vrai qu’avoir une ASV solide, sur laquelle je pourrais vraiment m’épauler, serait formidable, mais c’est vraiment difficile à trouver. Et puis je n’aime pas donner des ordres, je ne suis pas non plus une commerciale. Du coup, j’exerce en fonction de mes possibilités mais aussi de mes limites, et je réfère à d’autres vétérinaires. Donc mes clients me font confiance, je suis leur vétérinaire de famille. En revanche, un tel exercice en solo entraîne une grosse charge de travail, et implique aussi à mon avis de prendre peu de vacances.

En conclusion, je ne suis pas certaine qu’un tel choix de vie corresponde à ce que semble rechercher actuellement la majorité des jeunes diplômés vétérinaires.

OUI AUSSI À UN EXERCICE EN SOLO

LAURENT PERRIN (L 84)

Président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL)

L’offre de soins vétérinaires se doit d’être riche pour répondre aux attentes très diverses des détenteurs d’animaux. L’exercice en solo y a sa part : certains propriétaires recherchent une relation très personnalisée avec leur vétérinaire. Cela est encore plus net en médecine des animaux de compagnie. Cependant, les contraintes très fortes de l’exercice en solo

- Permanence et Continuité des Soins, isolement sur des cas difficiles, délicat équilibre à trouver entre la vie privée et la vie professionnelle - doivent être connues par les confrères et consoeurs faisant ce choix. Pour les productions animales, l’équation est plus complexe à résoudre.

L’isolement professionnel se complique de l’éloignement géographique des structures voisines, avec qui le partage de la charge sera difficile. Les risques inhérents à cet exercice peuvent et doivent être anticipés et réduits : par la création d’un réseau avec d’autres vétérinaires solos ou des structures permettant de contractualiser pour la PCS ; mais aussi avec un réseau de référents pour l’accès à des soins spécialisés.

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