LA COMPAGNIE DES VÉTÉRINAIRES FAIT ÉVOLUER SON OFFRE ESTHIMA - La Semaine Vétérinaire n° 1875 du 13/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1875 du 13/11/2020

STRATÉGIE

ANALYSE

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON

Répondant à une attente forte des propriétaires d’animaux, Esthima est la première marque française de pompes funèbres animalières, lancée officiellement à Lille le 15 octobre.

Née en 1995 grâce à la détermination de 200 vétérinaires du Nord-Pas-de-Calais, fédérés par Henri Cathelain, qui trouvaient l’équarrissage de leurs « patients » indigne des soins prodigués, La Compagnie des Vétérinaires est devenue aujourd’hui Veternity. Fidèle à ses valeurs fondatrices - accompagner ses patients au-delà des soins, avec une même éthique et qualité -, la petite société artisanale est devenue une entreprise aux ambitions internationales, forte de ses 260 collaborateurs en France, toujours soutenue par 2 200 vétérinaires fidèles actionnaires. Veternity accompagne plus de 800 000 familles par an, lors du décès de leur compagnon animal, en proposant trois niveaux de prises en charge des dépouilles : une crémation Plurielle, en collectif pour 500 000 animaux ; une crémation Référence, individuelle, pour 140 000 animaux ; et une crémation Privée, avec un accueil personnalisé par les équipes d’Esthima pour 5 000 animaux.

Un service attendu par les parents des animaux

La nouvelle entité de Veternity, Esthima, dirigée par David Buisset, a souhaité répondre aux attentes des propriétaires : pouvoir se recueillir lors des adieux à leur compagnon et être accompagnés psychologiquement. Selon un sondage réalisé par Esthima et Wamiz, plus d’une personne sur deux ne se sent pas suffisamment accompagnée et informée lors du décès de son animal. Considéré comme un membre de la famille pour 82 % d’entre eux et comme un enfant pour 26 %, les propriétaires, véritables parents de leurs animaux, souhaitent pouvoir organiser une cérémonie funéraire. Les parents des chats sont plus favorables à la crémation (68 %) que ceux des chiens (56 %), avec la difficulté parfois à comprendre le coût unique de crémation d’une dépouille, pour un chat émacié par les ans et un chien de très grand format.

Maillage du territoire français

Esthima va donc ouvrir cinq nouvelles agences funéraires animalières en France d’ici 2021, dont la prochaine à Seclin, dans le Nord, avant deux implantations en région parisienne. Depuis 2016, l’agence pilote de Décines-Charpieu, dans le Rhône, a permis au groupe de valider le concept. Face à un deuil souvent impossible, malgré un attachement très fort, la demande des propriétaires a évolué depuis vingt-cinq ans en demandant non seulement des linceuls puis des housses en lieu et place de ce que furent les sacs, qui heurtaient propriétaires et soignants, mais aussi une ritualisation de la crémation, avec possibilité de se recueillir dans un salon auprès de la dépouille de son compagnon animal, de l’accompagner sur écran jusqu’au début de la crémation, et de repartir avec l’urne contenant ses cendres. Une visite virtuelle des salons et des crématoriums est possible sur un QR Code. Esthima souhaite à terme pouvoir ouvrir des structures, de façon que le maillage permette aux familles de trouver un salon funéraire animalier à moins de 40 minutes de chez eux. Elle renforce son partenariat avec les vétérinaires, en gagnant en transparence - le propriétaire est contacté par Esthima avec règlement en direct de la prestation choisie - et en qualité de service - généralisation des housses funéraires, transport dans des véhicules légers et discrets. Le personnel d’Esthima est formé en psychologie du deuil, notamment à l’écoute pour 200 personnes, et à réaliser la toilette des corps, afin que les propriétaires puissent se recueillir auprès de leur animal défunt.

Une approche écoresponsable

Soucieux de l’environnement, Esthima travaille dans ses 14 centres de crémation de façon respectueuse de l’environnement : implantation paysagère des bâtiments, collecte des eaux de lavage, filtration des fumées des fours. Une gamme d’urnes, souvent biodégradables, a été conçue. Un animorial, en ligne, permet la création d’un jardin digital du souvenir. Une forêt cinéraire est en projet, qui a demandé à notre confrère Philippe Thomas, PDG de Veternity, une persévérance sans faille face aux supposés effets environnementaux des cendres animales. Au moment de leur mort, les animaux passent en effet du statut d’êtres sensibles à celui de déchets, avec des contraintes réglementaires importantes. Veternity souhaite obtenir des autorités que l’animal de compagnie mort, et ses cendres, ne soient plus considérés comme des déchets. Peu connu du grand public, Esthima souhaite désormais se développer au grand jour pour répondre, aux côtés des vétérinaires, à cette demande sociétale forte d’accompagnement de la mort de l’animal de compagnie.

Une ambition clairement affichée

Leader sur les principaux marchés d’Europe continentale, avec 80 % des parts de marché, Veternity, le pionnier des services funéraires animaliers, ambitionne une levée de fonds de 100 millions d’euros d’ici la fin de l’année, pour devenir le leader mondial avec un objectif de 300 M€ en 2026. Parti de rien en Pologne, Veternity a surtout racheté des entreprises qui ont adhéré à l’éthique et à la charte qualité du groupe dans les autres pays (Allemagne, Belgique, États-Unis), avec des acquisitions en cours en Espagne, Italie, Portugal, Tchéquie, Slovaquie. Au-delà des performances économiques, Veternity est très attaché au développement RSE et ambitionne de décrocher le label B Corp en 2023. Dans chaque pays, l’adaptation culturelle est nécessaire. Son activité collecte des déchets a permis à la profession vétérinaire d’assumer en toute autonomie le traitement des piquants/coupants et déchets biologiques (CA de 1,5 M€). L’activité de logiciels génère un CA de 3 M€. Esthima prévoit de doubler son CA actuel (33 M€) d’ici cinq à six ans et de créer 100 à 200 emplois supplémentaires.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr