SEMINTRA : LES CHAÎNES D’APPROVISIONNEMENT SOUS TENSION - La Semaine Vétérinaire n° 1874 du 06/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1874 du 06/11/2020

COVID-19

PHARMACIE

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL

Avec la pandémie actuelle, le laboratoire Boehringer Ingelheim connaît une baisse de sa capacité de production tout en faisant face à une augmentation de la demande au niveau mondial. Dans ce contexte, la rupture d’approvisionnement du Semintra est l’une des conséquences directes pour le praticien.

Nous sommes au regret de vous annoncer que nous ne pourrons pas vous fournir de Semintra sur les mois d’octobre et novembre 2020 », signalait le laboratoire Boehringer Ingelheim dans un courrier daté du 29 septembre envoyé à ses clients. En cause, la crise sanitaire actuelle à l’origine de tensions d’approvisionnement de ce médicament. « Le cas du Semintra est directement lié à la crise sanitaire du Covid-19 qui impacte la capacité de nos sites de production », explique Christophe Magaud, directeur des opérations commerciales France chez Boehringer Ingelheim Santé animale France. L’épidémie a en effet bouleversé l’organisation des sites de production du laboratoire.

Des stocks de sécurité réduits

Entre l’application des gestes barrières et l’absence de collaborateurs testés positifs ou déclarés cas contact, l’entreprise doit s’adapter. Dans le cas du Semintra, fabriqué au Mexique, le laboratoire explique que ses sites de production font face aux mêmes difficultés, qu’ils soient basés en France ou à l’étranger. « Depuis le début de crise, nous avons dû revoir notre organisation afin d’appliquer le protocole sanitaire et protéger nos collaborateurs. Cela a impacté nos capacités de production », précise Christophe Magaud. Pourtant lors de la première phase de confinement, 95 % du service client a été maintenu. « Nous avons été aidés par nos stocks de sécurité mais malheureusement, ces derniers se réduisent avec le temps. Cela peut mener à des ruptures sur certains produits après la période de confinement. » Si le laboratoire annonce des ruptures du Semintra sur les mois d’octobre et novembre, il espère revenir à un approvisionnement normal dès le mois de décembre sans pour autant exclure que ces tensions se prolongent à cette période.

Un retour sur le marché espéré pour décembre

« Malheureusement, nous serons encore dans une situation de rupture pendant tout le mois de novembre. Nous espérons revenir à un approvisionnement normal au mois de décembre 2020. Nous suivons la situation au quotidien car il s’agit d’un produit sensible pour nos clients. Nous espérons ne pas avoir de ruptures de longue durée. Nous les informerons ainsi que l’Agence nationale du médicament vétérinaire lorsque nous aurons des certitudes sur le retour du produit. Cette problématique est au cœur de nos priorités et nous exerçons tous nos efforts pour revenir à une situation normale au plus vite », rassure Christophe Magaud. « Nous prions nos clients de nous excuser pour les désagréments liés à cette situation, et pour leur compréhension pour ces difficultés liées à une situation de crise sanitaire sans précédent et imprévisible. » Jusqu’à ce que l’approvisionnement du produit soit rétabli, Boehringer Ingelheim recommande aux praticiens de ne pas démarrer de nouveaux traitements avec Semintra et de réserver leur stock aux patients actuels. « Nous avons l’habitude de gérer ces situations et aidons les praticiens à trouver des solutions. Nous les avons informés qu’il existe sur le marché des médicaments vétérinaires ayant les mêmes indications que notre produit. Notre service client est également à leur disposition en cas de doute ou de difficultés », ajoute Jean-François Ravier, directeur technique scientifique chez Boehringer Ingelheim Santé animale France. En attendant le retour du Semintra, il est aussi recommandé aux praticiens d’assurer un suivi rapproché de l’animal dans tous les cas de transitions d’un médicament vers un autre.

FAUT-IL RELOCALISER LA PRODUCTION ?

La rupture d’approvisionnement du Semintra pose inéluctablement la question de l’internalisation de la production de médicaments vétérinaires et de leurs principes actifs. Un médicament made in France aurait-il changé la donne ? Pour Christophe Magaud, directeur des opérations commerciales France chez Boehringer Ingelheim Santé animale France, la situation géographique des sites de production n’influence pas les ruptures d’approvisionnement. « Qu’un site de production soit basé en France ou au Mexique, les difficultés sont les mêmes. Nous avons par exemple eu des ruptures sur des produits fabriqués en France. » Le laboratoire précise que 68 % de ses produits ont une origine européenne principale, y compris le principe actif. « Par exemple, la molécule entrant dans la fabrication du Semintra est d’origine européenne », ajoute Christophe Magaud. Le groupe international rappelle aussi que certains de ses sites sont établis à l’étranger pour des raisons de marché. « Nous réfléchissons aux moyens à mettre en place afin de dupliquer nos sites de production pour certains produits critiques. Cela afin de réduire les risques de rupture. » Le laboratoire indique également travailler à l’amélioration de sa planification lors de situations de crise.

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