« LA DÉCISION DE REPRENDRE OU NON LE SEMINTRA DOIT SE FAIRE AU CAS PAR CAS » - La Semaine Vétérinaire n° 1874 du 06/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1874 du 06/11/2020

PHARMACIE

Auteur(s) : M. I.-M.

JULIE GALLAY-LEPOUTRE, diplômée du collège américain de médecine interne (Acvim), est praticienne à la clinique Olliolis à Ollioules (Var). Elle est membre du conseil scientifique Groupe d’études en médecine interne (GEMI) de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac). Elle revient pour nous sur les alternatives thérapeutiques possibles pour faire face à la rupture d’approvisionnement du Semintra.

Que conseillez-vous aux vétérinaires qui ont des animaux traités avec Semintra ?

Pour nos « patients » traités avec Semintra, la conduite à tenir face à la rupture d’approvisionnement sera différente selon le contexte :

- Si le traitement avec Semintra a été mis en place en raison d’une maladie rénale associée à une protéinurie, c’est-à-dire avec un rapport protéines sur créatinine urinaire (RPCU) excédant 0,4 chez le chat, il convient de se tourner vers un médicament ayant un effet anti-protéinurique équivalent. Les données actuelles montrent une non-infériorité du telmisartan comparativement au bénazépril dans cette indication chez le chat (Sent et al, JVIM 2015). Il est donc raisonnable de se tourner vers le bénazépril en remplacement du telmisartan dans ce contexte. Si l’administration de comprimés est difficile, il est possible d’utiliser un autre inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) disponible en forme buvable, l’imidapril (Prilium), mais on ne dispose pas de données précises concernant son efficacité pour le contrôle de la protéinurie lors de maladie rénale chronique chez le chat.

Si toutefois le telmisartan a été prescrit en raison d’une réponse non satisfaisante au bénazépril pour le contrôle de la protéinurie, il semble alors préférable de prescrire du telmisartan humain à reconditionner.

- Si le Semintra a été prescrit pour contrôler une hypertension artérielle, on se tournera alors vers l’amlodipine, puisque les IECA ne sont pas des anti-hypertensifs efficaces chez le chat. À noter que l’amlodipine est un anti-hypertenseur plus puissant que le telmisartan. Il faudra donc être vigilant à ne pas induire d’hypotension en changeant de traitement.

Quelles sont les précautions à prendre en cas de changement de médicament ?

Si du bénazépril (ou un autre IECA) est prescrit pour contrôler la protéinurie en remplacement du telmisartan, il conviendra de vérifier d’une part son efficacité, en mesurant le RPCU, et d’autre part sa bonne tolérance, en vérifiant les paramètres rénaux (urée, créatinine +/- SDMA), après 3 à 4 semaines de traitement. Si une majoration de plus de 30 % de la créatinine est constatée, il est recommandé de diminuer la dose d’IECA. Si la protéinurie n’est pas contrôlée de manière satisfaisante, il est possible d’augmenter la dose d’IECA ou de revenir au telmisartan en prescrivant un reconditionnement à partir d’une spécialité de médecine humaine. Concernant l’initiation d’amlodipine, il faudra prévoir une réévaluation de la pression artérielle 2 à 3 semaines après sa mise en place, ou plus tôt si une faiblesse ou une fatigue, laissant suspecter une hypotension, est observée par le propriétaire de l’animal.

Lorsque Semintra reviendra sur le marché, quelle sera la conduite à tenir ?

La décision de reprendre ou non le Semintra doit se faire au cas par cas, après discussion avec le propriétaire, notamment en fonction de l’état clinique de l’animal - est-il ou non stabilisé de manière optimale avec le traitement en cours ? - et de la facilité d’administration du traitement par le propriétaire. Si un retour au traitement antérieur est décidé, il est préférable de recontrôler les paramètres cités plus haut (RPCU, urée, créatinine, voire SDMA, pression artérielle) après quelques semaines.

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