IRM VERSUS SCANNER : LE BON CHOIX - La Semaine Vétérinaire n° 1871 du 16/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1871 du 16/10/2020

IMAGERIE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : CHLOÉ TOUZET*, EYMERIC GOMES**

Fonctions :
*service d’imagerie médicale du CHV Frégis à Arcueil (Val-de-Marne)

A tout majeur complémentaire des techniques d’imagerie conventionnelles, l’imagerie en coupe permet de s’affranchir de certaines limites : superposition des structures en radiographie, format de l’animal et artéfacts générés par le gaz ou les structures minérales en échographie. Le choix de la technique - imagerie par résonance magnétique (IRM) ou tomodensitométrie (scanner) - la plus adaptée au cas à explorer nécessite d’en connaître les spécificités.

Principe de fonctionnement

Le scanner permet l’obtention de coupes fines en un temps réduit (durées d’examen de 15 à 20 minutes) en mesurant l’absorption des rayons X par les tissus. Il est particulièrement intéressant pour évaluer les structures osseuses, les régions étendues et en mouvement (abdomen, thorax).

L’IRM permet de discriminer bien plus finement les tissus mous placés dans un champ magnétique, mais présente le désavantage d’être une technique chronophage évaluant une région restreinte (durées d’examen allant de 20 min à 1 h) et plus coûteuse, ne tolérant pas le mouvement.

La présence d’éléments métalliques (implants osseux, puces électroniques) génère des artéfacts importants dans les deux modalités, en particulier en IRM dont le fonctionnement est basé sur l’aimantation.

Exploration de la tête et du cou

L’IRM est la modalité à privilégier dès lors qu’une lésion intracrânienne est suspectée (inflammatoire, tumorale, vasculaire, malformations congénitales de type Chiari, lésion nasale suspecte d’envahissement encéphalique) ou lors de suspicion d’otite interne, étant bien plus sensible pour le diagnostic de ces affections.

Le scanner est généralement choisi pour le reste, permettant une évaluation précise des structures osseuses, et constituant pour l’évaluation des tissus mous un bon compromis entre la qualité de l’information obtenue, le temps et le coût de l’examen.

Exploration du thorax et de l’abdomen

Le scanner est l’examen adapté à ces régions, en particulier pour la réalisation de bilans traumatologiques et de bilans d’extension (avec notamment un seuil de détection des métastases pulmonaires de 1 à 6 mm, non identifiables en radiographie conventionnelle), et pour contourner les limites de l’examen échographique : organes difficilement évaluables en intégralité (détection d’insulinome, de nodules hépatiques), nécessité d’une définition anatomique précise (masses, anomalies vasculaires, ectopies urétérales).

Quel examen privilégier en cas de suspicion d’atteinte médullaire ?

Les atteintes parenchymateuses sont à évaluer en IRM. Le scanner ne détecte pas les lésions vasculaires, présente de faibles sensibilité et spécificité pour les affections inflammatoires ou tumorales. Les kystes sous-arachnoïdiens et lésions de syringomyélie sont également mieux évalués en IRM.

La question du choix entre les deux modalités se pose lors de suspicion de hernie discale : si le scanner dispose d’une bonne sensibilité de détection des hernies de type I (surtout avec du matériel minéralisé) qui peut être accrue par l’injection intrathécale de produit de contraste (myéloscanner, particulièrement intéressant pour les hernies de type II qui sont multiples et moins souvent minéralisées), l’IRM est la seule méthode de détection des extrusions aiguës non compressives et d’évaluation des lésions parenchymateuses associées.

L’exploration de certaines affections (syndrome de Wobbler, dégénérescence lombo-sacrée, affections traumatiques : fractures, luxations) requiert la conjonction des deux techniques.

Quels apports pour les affections orthopédiques ?

Le scanner est la technique de choix pour l’évaluation des affections osseuses en particulier dans des zones difficilement évaluables radiographiquement du fait des superpositions (coudes, carpes, tarses), apportant une haute sensibilité de détection de lésions telles l’ostéochondrite disséquante ou la fragmentation du processus coronoïde ulnaire médial. Il apporte également une haute sensibilité pour la détection des tumeurs osseuses.

L’IRM en revanche permet une évaluation fine des structures musculaires, tendineuses, ligamentaires, méniscales, cartilagineuses (notamment l’identification de fragments cartilagineux non minéralisés).

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