L’île mystérieuse

Primé au festival d’Annecy en 2019, ce film est un exploit artistique. Il est l’œuvre d’une seule personne. À peine âgé de 26 ans aujourd’hui, le Letton Gints Zilbalodis a mis plus de trois ans pour le mener à bien, conjuguant une ténacité peu commune (un crash informatique lui a fait perdre des mois de travail mais ne l’a pas découragé) aux talents d’un homme-orchestre. Le jeune réalisateur a su adapter le style visuel de l’animation à ses moyens limités. D’une forme épurée et minimaliste, elle n’en génère pas moins des atmosphères hypnotiques et dépaysantes. Suspendu à un parachute dans un arbre, un adolescent reprend conscience et découvre un environnement inconnu. Suivi à distance par une créature sombre et gigantesque, il trouve une moto et un sac renfermant la carte de l’île où il vient d’échouer. Cherchant à fausser compagnie à l’inquiétant géant, il enfourche la machine et tente de rejoindre le port indiqué à l’autre extrémité de l’île. Traversant des paysages variés, il croise la route d’animaux insolites, notamment une communauté de chats et un oiseau jaune qui deviendra l’ange gardien de son périple. S’inspirant de l’esprit des jeux vidéo des années 1990, ce road-trip sans paroles, contemplatif et onirique, est aussi la métaphore de la longue épopée créatrice de son réalisateur. Si le récit est linéaire, sa tension surréelle, soutenue par la musique et une caméra flottante, ouvre l’imaginaire du spectateur et l’entraîne dans une expérience sensorielle et poétique. Ailleurs (Away) de Gints Zilbalodis, Lettonie, 74 minutes, à partir de 9 ans, sortie le 23 septembre.