NUTRITION, UNE EFFICACITÉ PROUVÉE - La Semaine Vétérinaire n° 1866 du 11/09/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1866 du 11/09/2020

ALIMENTATION

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX

Si la médecine se targue d’être evidence-based ou fondée sur les preuves, la nutrition semble souvent reposer sur des avis. Il lui est reproché ses querelles de chapelle. Pourtant, au même titre que les autres spécialités, elle s’appuie sur des publications. Tour d’horizon de l’evidence based nutrition.

Les données de la science reposent sur des études, plus ou moins solides. En nutrition, le premier niveau est l’étude interne réalisée par les petfooders, puis le poster publié dans un congrès, dont l’abstract aura été revu par des pairs, et enfin une étude publiée dans une revue a comité de lecture. Au sein de cette dernière catégorie, le sérieux de la publication entre en compte, notamment son « impact factor ». Il est difficile de contester une étude publiée dans le journal Nature ayant un impact factor de 43 tandis que la plupart des études vétérinaires sont publiées dans des revues à impact factor aux environs de 2. Pour évaluer la solidité d’une étude, il convient de s’assurer qu’elle est réalisée dans l’espèce cible, sur un nombre suffisant d’animaux, avec un groupe contrôle, dans l’idéal en double aveugle et contre placebo.

Quelles évidences concernant les besoins nutritionnels ?

Il existe de nombreux domaines dans lesquels les preuves s’accumulent. Par exemple, la nocivité du régime tout viande pendant la croissance ne fait plus aucun doute, le all-meat disease ou hyperpara thyroïdie secondaire d’origine nutritionnelle est assez garanti sans un apport suffsant de calcium pendant la croissance. De même, l’excrétion fécale de bactéries lors de l’ingestion d’aliments contaminés est bien prouvée, malgré la croyance des BARFeurs sur la puissance du pH gastrique, que la science réfute, très largement. Enfin, l’étude la plus solide existant en nutrition des carnivores, publiée dans Nature, porte sur la preuve de la capacité des chiens à digérer l’amidon. Excepté pour les races nordiques domestiquées dans des territoires où l’agriculture ne s’est pas développée, tous les chiens ont des capacités amylasiques bien supérieures à celles des loups. L’évolution aurait eu tendance à sélectionner les individus qui prospéraient le plus avec un régime à base d’amidon car c’était vraisemblablement la base de ce que les humains ont donné aux chiens durant leur domestication.

Quelles preuves de l’efficacité de la nutrition clinique ?

Tous les aliments à objectifs nutritionnels particuliers, pour pouvoir prétendre agir sur une affection, doivent répondre à un cahier des charges qui s’est révélé efficace dans des études sur les maladies ciblées. Ce cahier des charges est regroupé dans un règlement européen qui définit les affections pouvant prétendre à être traitées par l’alimentation mais aussi les conditions à remplir. Conditions définies par des études. Ainsi, il a été prouvé qu’un aliment restreint en phosphore, en protéines, enrichi en oméga-3 et en potassium améliorait la survie des chats insuffisants rénaux par rapport à un aliment standard. De même dans les affections du bas appareil urinaire, les aliments diététiques ont fait la preuve de leur efficacité comme de leur innocuité. Pour le traitement de l’arthrose, l’efficacité des oméga-3 a été bien montrée, contrairement à celle des chondroprotecteurs comme la chondroïtine ou la glucosamine, c’est ainsi les premiers qu’il convient de privilégier. Pour atteindre des doses suffisantes, celles ayant démontré leur efficacité dans les publications, ce sont les aliments enrichis qu’il faudra privilégier car ils sont bien plus dosés que les compléments. La nutrition « marche », il suffit d’en connaître les règles, définies par la science !

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